La guerre d’Ukraine révèle définitivement que Zemmour et Marine Le Pen ont le niveau pour être président – mais non Valérie Pécresse!
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

La guerre d’Ukraine révèle définitivement que Zemmour et Marine Le Pen ont le niveau pour être président – mais non Valérie Pécresse!


Partager cet article

Les Droites de Husson n°38: (1) Bienvenue dans le monde de Douglas – (2) Valérie Pécresse accélère l’abandon du gaullisme par Les Républicains – (3) Le grand dépassement a bien eu lieu!

Bienvenue dans le monde de Douglas

Valérie Pécresse a été provisoirement sauvée par Vladimir Poutine. En effet mercredi 23 octobre au soir, la polémique sur les irrégularités de vote au Congrès LR des 1er et 4 décembre 2022 commençait à prendre de l’ampleur. Nous nous rappelons que Médiapart avait déjà attiré l’attention sur l’utilisation par la candidate d’électeurs qui n’avaient pas la nationalité française. Rien, en effet, dans les statuts de LR, ne dit qu’un membre du parti doit être un citoyen français.  Et, comme l’avait révélé le média d’Edwy Plenel, la candidate a eu recours à au moins 600 votes issus de cette communauté. Le journal Libération a enquêté dans la même direction.  Des journalistes du titre se sont procuré – visiblement au lendemain du Congrès – le fichier des votants. Et ils ont pris le temps d’enquêter à partir d’un certain nombre d’irrégularités constatées. Comme cet article est réservé aux abonnés de Libération, j’en livre ici les extraits les plus intéressants:

+ A propos de ce qu’ils ont repéré, les journalistes de Libération écrivent: « Toutes ces pratiques ne sont pas illégales. Certaines semblent relever d’initiatives isolées. D’autres de mécanismes plus organisés suggérant une intention frauduleuse. Leurs effets cumulés représentent au minimum plusieurs centaines de votants. Ils jettent une étrange lumière sur l’élection et les écarts étroits de ses résultats. Deuxième du premier tour, Pécresse a devancé Michel Barnier de 1 209 voix et Xavier Bertrand de moins de 3 000. Entre le lauréat du premier tour, Eric Ciotti, et le quatrième, Bertrand, le nombre de voix ne représente que 2,5 % des inscrits. Un écart qu’il est difficile, à l’issue de notre enquête, d’expliquer par «l’intérêt des Français» pour les projets des différents candidats« .

++ Bien entendu, la star du reportage, c’est le chien Douglas: « Chez LR, Douglas  était un militant discret. Contre 30 euros réglés en ligne, en novembre, il a reçu sa carte de membre et le droit de vote à la primaire. Nul ne l’a croisé en meeting, et jamais il n’a commenté la campagne sur les réseaux sociaux. Pour la bonne raison que Douglas est un chien. Libération a pu le vérifier auprès de son propriétaire, un adhérent de Provence-Alpes-Côte d’Azur pro-Eric Ciotti, et s’assurer que le nom de l’animal figure dans les fichiers du parti – avec les coordonnées de son maître. C’est d’ailleurs, assure-t-il, «pour tester, pour voir si c’était faisable» que ce dernier a renseigné le nom de son animal. «J’ai fait avec ce que j’avais sous la main», assume cet adhérent qui témoigne à condition de rester anonyme« .

+++ Douglas est tellement devenu un phénomène de réseaux sociaux que l’on en a plus souligné combien chez LR, depuis qu’on a abandonné le gaullisme et la démocratie chrétienne, il ne reste plus que de bonnes vieilles méthodes de fraude bien connues: « Rien, cependant, n’empêchait de créer et d’associer à ses propres coordonnées un adhérent fantôme. Littéralement, puisque nous avons constaté la présence dans le fichier de LR d’au moins trois personnes censées avoir rejoint le parti… après leur décès. Comme Françoise M., une Parisienne réputée adhérente depuis le 29 octobre 2021. Pourtant, cette femme est morte deux ans plus tôt, en novembre 2019, à 95 ans. Ses obsèques ont été célébrées dans une église du VIIe arrondissement, comme l’indique un avis alors publié dans le Figaro. «Ça fait longtemps qu’elle n’est plus avec nous !» confirme un habitant de son immeuble. Nous avons contacté son fils, qui a adhéré le même jour que sa mère défunte« .

++++Et puis, concrètement, les hypothèses de Médiapart sont confirmées: « C’est l’heure du déjeuner, en ce jour de Saint-Valentin. Dans son restaurant chinois du Val-de-Marne, Suyan Z. a mille choses à faire auprès de ses clients attablés, employés du quartier ou couples de retraités. La quinquagénaire n’a pas la tête à la politique, même si elle se souvient vaguement d’avoir rejoint LR en novembre. «Oui, c’était il y a longtemps, par notre association de Chinois, dit-elle. On nous l’a demandé, alors on l’a fait.» Pourquoi ? «Vous savez, c’est comme ça chez nous. Les associations, c’est comme les pères de famille, on les écoute.» A-t-elle voté dans la primaire du parti ? On croit comprendre que non : «On a fait tout ce qu’il fallait, et ensuite c’est le monsieur de la société [sic] qui a fait ce qu’il fallait». S’intéresse-t-elle à la campagne de Valérie Pécresse ? «Oh, vous savez, on ne s’occupe pas de politique ! Juste de l’associatif.» Suyan Z. peut tout de même nommer d’autres camarades de parti : son mari, son beau-frère et même, présents dans la salle, une hôtesse et un serveur en chemise blanche. Tous ont adhéré le même jour, en fournissant le même numéro de téléphone portable et la même adresse mail« .

Mais c’est peut-être le passage suivant de l’article qui est le plus choquant: « Environ 9 000 adhérents (…) ont été privés de scrutin, faute d’avoir fourni un numéro de portable sur lequel recevoir un mot de passe le jour du vote. «Beaucoup de vieux militants, qui étaient déjà là du temps du RPR, n’ont pas pu voter parce qu’ils n’ont pas de portable, se plaint un maire LR. C’était frustrant et cela a conduit à exclure de nombreuses personnes âgées.» Tandis que l’équipe de Valérie Pécresse – et peut-être celles d’autres candidats – organisait le vote de faux électeurs, de vrais militants, adhérents fidèles, ne pouvaient pas voter, eux, parce qu’ils ne maîtrisaient pas la technologie du vote à distance. J’ai moi-même fait l’expérience de la difficulté à voter même quand on savait manier un ordinateur – et de l’indifférence des équipes LR quand on leur signalait la chose.

Valérie Pécresse accélère l’abandon du gaullisme par Les Républicains

Il est certain que sans l’éclatement de la Guerre d’Ukraine dans la nuit du 23 au 24 février, l’affaire des fraudes au Congrès LR aurait fait la une des médias pendant plusieurs jours. Et la candidate Pécresse aurait connu un déclin accéléré. L’actualité ukrainienne a stoppé net la diffusion du scandale.

Valérie Pécresse n’a pourtant pas marqué particulièrement sa reconnaissance au président russe….! Pour essayer de faire oublier le débat sur les fraudes, elle a décidé d’attaquer frontalement Eric Zemmour et Marine Le Pen en leur reprochant leur complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine. Cela a donné par exemple ce tract

J’ai taché, depuis le lancement de cette lettre, de garder une certaine bienveillance vis-à-vis de tous les candidats affirmant représenter la droite. Mais face à ce tract, ce n’est plus possible. Il est littéralement abject ! Je regrette d’ailleurs de voir que le jeune et doué Guilhem Carayon, président des Jeunes LR et porte-parole de la campagne, ait signé ce texte. Comment une candidate qui se réclame régulièrement du Général de Gaulle ose-t-elle s’en prendre ainsi à Eric Zemmour, certainement plus fidèle au Général de Gaulle dans sa vision de la Russie que bien des hommes politiques de droite? Comment une candidate qui se réclame de Jacques Chirac peut-elle oublier qu’au temps où George W. Bush attaquait de façon illégitime l’Irak, Vladimir Poutine était l’allié de la France?

La campagne Pécresse s’en prend d’ailleurs de la même manière à Marine le Pen. Après le hashtag #VladimirZemmour, il y a #MarinePoutine. Ce n’est pas moins abject.

La politique étrangère américaine est directement à l’origine  de centaines de milliers de morts depuis 1991 (guerres d’Irak, guerre d’Afghanistan, guerres de Yougoslavie).

Et, dans le cas de l’Ukraine, l’OTAN et l’Union Européenne sont les premiers responsables de la guerre. L’Ukraine ne pouvait exister, comme nation souveraine que dans la neutralité. C’est un pays complexe, avec un fort contraste entre l’ouest grec-catholique et l’est russe orthodoxe.

Suivant les idées de Brzezinski, ancien conseiller national à la sécurité du Président Carter devenu par la suite l’une des voix les plus influentes de la politique étrangère américaine, il fallait faire basculer l’Ukraine du côté occidental pour briser la puissance russe.

En 2004, les Occidentaux aidèrent une première fois à la manipulation des élections lors de la Révolution orange et firent élire le candidat occidental, Vladimir Iouchenko, comme président de la République; ce fut peine perdue: son rival malheureux fut élu la fois suivante. Il voulait maintenir de bonnes relations à la fois avec l’Union Européenne et avec la Russie. Les Etats-Unis de Barack Obama organisèrent alors un véritable coup d’Etat, ce qu’on appelle « Euro-maïdan » qui chassa Ianoukovitch du pouvoir définitivement et provoqua, en retour la saisie de la Crimée par la Russie et une sécession des territoires russophones du sud-est de l’Ukraine.

Personne n’y a prêté attention en Occident mais les éléments les plus radicaux de la coalition gouvernementale au pouvoir, qui se réclament ouvertement de l’alliance avec la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale, ont essayé d’amorcer un nettoyage ethnique des régions russophones.

Enfin, a-t-on noté avec quelle violence le parti démocrate américain a tout fait pour empêcher Donald Trump de trouver un accord de sécurité avec Vladimir Poutine. Et comment, au contraire, les médias américains mainstream se sont tus quand Joseph Biden faisait semblant de négocier avec le président russe tout en continuant à armer l’Ukraine et à l’encourager à faire la guerre?

Tout aspirant sérieux à la présidence de la République Française, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, se doit de prendre tout cela au sérieux. C’est pourquoi on est au regret de dire à Valérie Pécresse qu’Eric Zemmour et Marine Le Pen serviraient mieux les intérêts de la France qu’elle. Valérie Pécresse signe la fin définitive du gaullisme chez Les Républicains.

Je conseille de regarder le compte twitter de Marine Le Pen pour suivre ses déclarations depuis jeudi matin. C’est dans l’épreuve que l’on voit les caractères se révéler. Alors que tout le système essaie de la faire se repentir d’avoir pris au sérieux la voix de la Russie dans les affaires du monde, Marine Le Pen enchaîne les déclarations pondérées et réalistes:

+ « La France n’a une voix à nouveau audible que si elle est indépendante, équidistante et constante, selon les trois axes de notre diplomatie posés par le Général de Gaulle. En étant dans le commandement intégré de l’OTAN, on perd ces qualités« .

++ »J’ai rencontré Vladimir Poutine en 2017. Je le rencontre parce que, 2 ans après le #Bataclan, je considère que la #Russie peut être un allié dans la lutte contre le fondamentalisme islamiste. Et je ne suis pas la seule à le penser : Emmanuel #Macron le pensait aussi. »

+++ »En 2014, les sanctions contre la #Russie ont eu pour conséquence de faire souffrir nos agriculteurs, qui ont arrêté leurs exportations en #Russie. Aujourd’hui, un renchérissement du coût de l’énergie ou des matières premières m’inquiète« .

Prenez le temps, aussi, si vous le pouvez, d’écouter le discours tenu par Eric Zemmour à Chambéry, vendredi 25 février au soir. Il y réclame un cessez-le feu et le retrait de la Russie d’Ukraine contre l’engagement de l’OTAN de ne pas intégrer l’Ukraine.

Au moment où Emmanuel Macron part en vrille et devient aussi grandiloquent dans les critiques de la Russie qu’il l’était, quelques jours auparavant, pour annoncer qu’il avait sauvé la paix, Eric Zemmour et Marine Le Pen révèlent qu’ils voient quelle diplomatie d’indépendance la France devrait mener – on notera que Nicolas Sarkozy aussi a été à la hauteur dans la déclaration faite à la sortie de l’Elysée hier 25 février, recommandant la diplomatie comme seule issue à la crise. A nos lecteurs de se faire une idée sur lequel des deux candidats est le plus à même de mettre en œuvre.

« Le grand dépassement a bien eu lieu »

« Le grand dépassement » a bien eu lieu. C’est ainsi que notre ami Jean-Poll, agrégateur de sondages, commente, drôlement, le croisement des courbes d’Eric Zemmour et Valérie Pécresse. La semaine dernière , nous avions posé la question du sondage IFOP qui montrait un dépassement de Marine Le Pen aussi par Eric Zemmour . Le sondage hebdomadaire de l’IFOP  montre le 25 février que Zemmour doit encore se battre pour dépasser Marine Le Pen: il retombe à 15,5 et Marine Le Pen remonte à 16,5.

Il est trop tôt, encore, pour mesurer l’impact du conflit en Ukraine sur les candidats.

Et puis les premiers jours de mars devraient voir des rebondissements, à commencer par la confirmation des 500 signatures pour les candidats.

Je vous donne rendez-vous samedi 5 mars pour le numéro 39 des « Droites de Husson ». Merci de votre fidélité!


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

Il aura fallu attendre l'hiver 2025 pour que la fiction juridique de la Ve République s'effondre enfin sous le poids de sa propre obsolescence. Le spectacle tragi-comique auquel nous assistons — ce rejet du budget, cette valse des Premiers ministres (Barnier, Bayrou, Lecornu) et ce recours humiliant à la "loi spéciale" — n'est pas une crise. C'est une clarification. C'est la preuve définitive que le logiciel du "parlementarisme rationalisé", conçu en 1958 pour museler la représentation natio


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Carnage de Zamzam : l’ONU condamne… avec huit mois de retard et zéro sanction

Carnage de Zamzam : l’ONU condamne… avec huit mois de retard et zéro sanction

Un rapport de l’ONU documente le massacre en avril de plus de 1 000 civils au Darfour par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).Pendant trois jours en avril, les FSR ont transformé le camp de déplacés de Zamzam en abattoir. Exécutions sommaires, viols systématiques, pillages : une violence brute, décomplexée, exercée contre une population civile désarmée. Ce carnage est le symptôme d’un effondrement politique total. Le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Surfacturation dans les achats publics: le « bon prix », une découverte récente pour l’Etat

Surfacturation dans les achats publics: le « bon prix », une découverte récente pour l’Etat

La nouvelle a de quoi laisser perplexe. Le ministre délégué à la Fonction publique, David Amiel, présente comme une révolution un dispositif d’« alerte prix » pour traquer les surfacturations dans les achats des mairies, hôpitaux ou écoles. L’objectif : obliger les centrales d’achats publiques, comme l’UgAP, à s’aligner si un fonctionnaire trouve moins cher ailleurs. Une mesure présentée comme une traque au gaspillage, mais qui ressemble surtout à un constat d’échec de la centralisation étatique


Rédaction

Rédaction

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

C’était un moment de télévision d’une pureté soviétique, un instant suspendu où la réalité a fait une pirouette avant de s’écraser sur le marbre froid de l’Assemblée nationale. Nous avons assisté, émus aux larmes (payées par nos impôts), au calvaire de Patrick Cohen. Imaginez la scène : un employé de l’État, payé par la puissance publique, assis au cœur d'une institution publique, expliquant avec le plus grand sérieux que l'indépendance, la vraie, la seule, c'est celle qui est subventionnée. Et


CDS

CDS