Ukraine : ce que le massacre de Bucha dit de la caste mondialisée

Ukraine : ce que le massacre de Bucha dit de la caste mondialisée


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En Ukraine, les images de cadavres dans les rues de Bucha ont enflammé l’opinion internationale. Dès leur publication sur les réseaux sociaux, de nombreux membres (y compris français) de la caste mondialisée ont réclamé le pire pour punir Vladimir Poutine après ce « crime de guerre », voire ce « génocide », pour reprendre les expressions les plus employées. Voilà une réaction fulgurante qui soulève quelques questions sur la capacité de la caste à penser l’actualité.

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Ce dimanche, les images de cadavres à Bucha ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux (comme sur le fil néo-nazi sur Telegram que nous reproduisons ci-dessus), laissant à penser que les troupes russes auraient laissé derrière elles des dizaines de cadavres abattus froidement dans les rues de cette municipalité située à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest du centre historique de Kiev.

C’est un peu comme si l’armée allemande se retirant de Paris en 1944 avait rassemblé 400 civils à Aulnay-sous-Bois, leur avait ligoté les mains dans le dos, puis les avait fusillés dans les rues, au fil de l’eau. Avec cette petite différence que l’armée allemande battait en une retraite contrainte, alors que l’armée russe a délibérément abandonné le champ de bataille à son rythme.

Des images ukrainiennes troublantes

Nous allons revenir sur les circonstances de ces images. Mais il faut d’abord ajouter que les fils ukrainiens ne manquent pas de détails foisonnants qui laissent un peu perplexe sur ce qui s’est passé.

Par exemple, le fameux fil « White Lives Matter », qui est ouvertement partisan de la race blanche supérieure et ne parle des Russes que comme des « porcs », ajoute ces images invérifiables :

Si l’on en croit la propagande ukrainienne, les troupes russes sont donc un ramassis de porcs qui ont froidement abattu plus de 400 civils prisonniers, mais aussi tous les chiens de la ville, rassemblés dans ce qui ressemble à un couloir d’hôpital.

La propagande ukrainienne désigne même les coupables de ces massacres :

Les morts à Bucha seraient donc tombés à cause de terroristes russes mongoloïdes… Sur le fil Telegram de la Visegrad TV, on lit un commentaire un peu différent :

Il s’agirait donc (et c’est très précis) de la 64è Brigade de Fusiliers Motorisés séparée, sous le commandement du lieutenant colonel Aslanbekovich, qui aurait « torturé, violé et tué des gens » à Bucha.

Visegrad TV ajoute que ce régiment « multinational » est composé de sauvages Asiatiques, Turcs, Slaves, Allemands et même Sémites… mélangés depuis plusieurs générations dans une « nouvelle communauté historique » informe, sans identité, sans culture, sans race.

On s’amusera de voir tous les dénonciateurs occidentaux de l’extrême-droite populiste reprendre à son compte cette propagande très proche de la sémantique nazie. Mais on suppose qu’il s’agit là d’un détail que seul un complotiste peut relever.

Perturbante chronologie des faits

Si l’on en croit la caste mondialisée, nous sommes donc intimés, dans la lignée de la diplomatie américaine, de dénoncer un quasi-génocide et de souhaiter l’assassinat de Vladimir Poutine.

Les images de #Bucha sont insoutenables. Le massacre de centaines d'innocents désarmés restera comme une tache indélébile sur le régime de Poutine.
L'Europe n'aura pas de trêve qu'il ne disparaisse. https://t.co/h0TirUm1Is

— Gilles CLAVREUL (@GillesClavreul) April 3, 2022

Que l’indignation vienne à la vue de ces images monstrueuses est tout à fait nécessaire et légitime. Que la responsabilité personnelle de Vladimir Poutine dans cette affaire soit, le jour même de la diffusion des images, établie par les donneurs de leçon occidentaux est un peu plus étrange, alors même que les défenseurs les plus zélés de la cause ukrainienne voient surtout la responsabilité des « sauvages » et du multiculturalisme.

Surtout, l’analyse des récits officiels ukrainiens soulève quand même de nombreuses questions. Selon le maire de Bucha, les troupes russes étaient parties le 31 mars au soir. Entre le 31 mars et le 3 avril, personne n’a vu de génocide dans les rues de la ville.

Le bon sens qui s’impose est donc d’attendre des vérifications précises sur le déroulement des événements.

Le tourbillon russophobe de la caste

Manifestement, le bon sens n’est pas la chose du monde la mieux partagée dans la caste, puisque celle-ci nous enjoint, sans aucune forme d’esprit critique, d’attribuer à l’armée russe, à son multiculturalisme, à Vladimir Poutine, la responsabilité du massacre de Bucha.

On se souvient que la même caste n’a manifesté aucune forme de compassion ni de gêne en voyant les images de prisonniers russes torturés par les soldats ukrainiens. En revanche, maintenant que des images d’atrocités commises sur les civils ukrainiens remplacent très opportunément les images d’atrocités commises par des soldats ukrainiens, nous sommes visités par les grands inquisiteurs de la pensée, qui viennent vérifier que nous nous indignons bien comme il faut.

Or, qu’il existe des « camps », des « factions », des coteries, ne nous gêne pas. Ce qui nous gêne, c’est que la caste exige de nous une russophobie immédiate et sans recul critique, même devant une opération qui soulève des questions légitimes sur sa véridicité.

Comme s’il existait non seulement un délit d’opinion, mais aussi un délit d’indignation.

Règne de la raison contre tyrannie de l’émotion

Ce que l’on sait incontestablement aujourd’hui, c’est que les médias ukrainiens diffusent des images d’atrocités commises contre des civils à Bucha. Selon toute vraisemblance, ces atrocités ont été commises après le départ des troupes russes en uniforme. Ce point n’exclut pas qu’elles aient été commises par des militaires russes déguisés en civils, mais il existe un flou sur le déroulement des faits.

En outre, ces images sont d’origines différentes, toutes ukrainiennes, et aucun journaliste indépendant n’a assisté à leur tournage, ni aux événements.

On peut, bien entendu, céder à la tyrannie de l’émotion comme, pendant plusieurs décennies, la conscience occidentale s’est indignée du massacre des officiers polonais à Katyn en 1940. Pendant des décennies, ce massacre fut attribué aux troupes allemandes… et l’histoire a montré qu’il était imputable à l’armée russe.

Parfois, le règne de la raison face à la tyrannie de l’émotion a du bon. Il permet, avec un peu de recul critique, d’éviter des erreurs historiques.

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