Cela fait plusieurs jours que la rumeur enfle: les Russes s'apprêteraient à lancer une attaque chimique en Ukraine. Et puis, ce soir, les comptes sur les réseaux sociaux du bataillon Azov expliquent que les Russes ont lancé une attaque chimique contre les derniers combattants de Marioupol. Nous assistons en direct à une diffusion sur les réseaux sociaux et les médias. Mais quelle crédibilité accorder à cette information?
L'info du Bataillon Azov sur Marioupol
Увага!!!
Близько години тому російські окупаційні війська використали проти українських військових та цивільних осіб в місті Маріуполь отруюючу речовину невідомого походження, яку було скинуто з ворожого БПЛА.
У постражалих спостерігається дихальна недостатність,👇🏼 pic.twitter.com/ixlI5BCvGd— АЗОВ (@Polk_Azov) April 11, 2022
Le texte du tweet, posté à 21h13, dit:
« Il y a environ une heure, les forces d’occupation russes ont utilisé une substance toxique d’origine inconnue contre des militaires et des civils ukrainiens dans la ville de Marioupol, qui a été larguée par un drone ennemi ».
En fait, quand on regarde bien, on a le trajet inverse de ce qu’on attendrait:
Joe Biden a averti les Russes de conséquences graves si l’armée russe se livrait à une attaque chimique.
La presse ukrainienne bruissait d’une attaque chimique russe imminente.
Le Daily Express a publié un article sur cette attaque russe « contre les civils de Marioupol » avant même qu’Azov en ait parlé sur son compte twitter. Cependant, sur les réseaux sociaux, il y avait depuis plusieurs heures des messages selon lesquels « des informations venues du Bataillon Azov » etc….
Base matérielle ou construction d'une infox?
En fait, le seul indice qu’il y aurait, pour parler d’armes chimiques, c’est une déclaration faite par le porte-parole des forces armées de la République de Donetsk qui déclare à la télévision qu’au besoin il faudra utiliser les « forces chimiques » pour « faire sortir les taupes de leur trou » – en parlant des derniers combattants de ukrainiens de Marioupol enfermés dans l’usine d’Azovstal.
Here’s “Donetsk People’s Republic” defense spokesman Eduard Basurin advocating the use of “chemical troops” against Mariupol’s last-remaining defenders. “They’ll find a way to smoke these moles out of their holes,” he says. pic.twitter.com/NRjRx5JTVO
— Kevin Rothrock (@KevinRothrock) April 11, 2022
Langage de militaire qui s’impatiente d’une bataille qui doit être terminée rapidement alors qu’il ne reste plus que quelques centaines de combattants de Marioupol? En admettant même que l’armée russe ou ses alliés procèdent ainsi, il s’agirait d’une action militaire, contre des soldats à un endroit précis.
Cela ne coïncide pas avec le récit qui se met en place du côté Azov et chez les relais occidentaux, pour suggérer quelque chose comme une attaque au sarin contre l’ensemble de la ville de Marioupol.
Visiblement Edouard Basourine n’a pas fait une école de communication et il ne se doute pas que son langage rude est du pain béni pour les médias occidentaux. Cependant, si l’on va plus loin dans l’analyse, on constate que le récit occidental est largement autonome, relayé d’ailleurs pas des comptes d’extrême gauche, qui se font les meilleurs relais du Bataillon Azov et de l’Etat américain:
BREAKING: Ukrainian forces in the city of Mariupol say that Russia is now using chemical weapons on them, a horrific war crime — an unidentified substance was reportedly dispersed and soldiers are having trouble breathing. RT IF YOU THINK PUTIN MUST BE TRIED FOR WAR CRIMES!
— Occupy Democrats (@OccupyDemocrats) April 11, 2022
On comprend bien ce qui est en jeu: entraîner les pays occidentaux dans une guerre avec la Russie. La convergence des idéologues radicaux ukrainiens, des médias mainstream, de l’extrême gauche et de l’Etat américain ou des technocrates de l’Union Européenne a bien sûr aussi pour conséquence de détourner l’attention de la possible présence d’officiers instructeurs et d’agents des services occidentaux auprès des combattants; mais aussi de la présence éventuelle d’un bio-laboratoire, sujet qu’Eric Verhaeghe analyse longuement dans un article paru cet après-midi sur notre site.
Car il pourrait y avoir une tout autre signification aux paroles de Basourine. Les « taupes » pourraient désigner ces fameux agents occidentaux dont on parle depuis plusieurs jours, qui seraient coincés dans un des bâtiments de l’usine. Ou dans un des souterrains présumés. Et les ‘forces » ou « troupes chimiques » signifieraient alors que l’armée russe envoie des troupes spécialement équipées pour pénétrer éventuellement le terrain d’un biolaboratoire. Dans ce cas aussi, Basourine parlerait trop. Mais nous indiquerait involontairement que nous ne sommes pas au bout de nos surprises concernant la fin de la bataille de Marioupol.
Quelle crédibilité? Comme tout ce qui vient d’Azov, de Zélensky, l’UE, l’OTAN, entre 0 et – l’infini