Une analyse pénétrante de Scott Ritter sur le décalage entre perception occidentale et réalité du terrain dans la Bataille d’Ukraine
Nous avons déjà eu l’occasion de citer ce vétéran américain ancien officier de renseignement du Corps des Marines, ancien inspecteur de l’ONU du contrôle des armes de destruction massive en Irak. Par rapport à beaucoup d’experts occidentaux, il garde la tête froide. Le site Dedefensa.org a eu la bonne idée de traduire sa contribution la plus récente. Extraits:
Légende et réalité de la bataille de Kiev
“La prétendue “bataille de Kiev” est un exemple clair de la différence entre la perception et la réalité. L’interprétation ukrainienne est que ses forces ont vaincu de manière décisive les militaires russes aux abords de Kiev, ce qui les a obligés non seulement à battre en retraite, mais aussi à revoir complètement les objectifs stratégiques de l’opération militaire spéciale. Ce point de vue a été repris sans hésitation par des médias occidentaux complaisants et adopté par les dirigeants politiques et militaires en Europe, au Canada et aux États-Unis.
L’un des principaux résultats de cette “victoire” ukrainienne a été la capacité du président ukrainien Zelenski à tirer parti de cette perception pour modifier fondamentalement la façon de penser de ses partisans en Occident, ce qui a entraîné une augmentation des sommes allouées à la fourniture d’armes à l’Ukraine, ainsi que de la qualité des armes elles-mêmes, l’Occident délaissant les armes antichars légères au profit de blindées et de pièces d’artillerie plus lourdes.
La nécessité de ce changement radical de priorité en matière d’armement n’était pas explicite, d’autant plus que l’Ukraine avait, selon son propre récit, vaincu la Russie de manière décisive en utilisant ces mêmes armes antichars légères. La réalité, cependant, est que les opérations russes de la phase 1 ont infligé des dommages quasi mortels à l’armée ukrainienne, tuant et blessant des dizaines de milliers de soldats tout en détruisant la majeure partie de l’armement lourd de l’Ukraine, – l’artillerie, les chars et les véhicules de combat blindés essentiels à la conduite d’une guerre interarmes moderne. La raison pour laquelle l’Ukraine a demandé davantage de chars, de véhicules blindés et d’artillerie à ses fournisseurs occidentaux est qu’elle avait épuisé ses stocks disponibles.
Mais l’équipement était le moins important des soucis de l’Ukraine. Une armée n’est bonne que si elle est capable de soutenir logistiquement ses forces pendant le combat, et l’un des principaux objectifs de la campagne russe de la phase-1 était de détruire les installations de stockage de carburant et de munitions de l’Ukraine et de dégrader le commandement et le contrôle ukrainiens. Le résultat est que si l’Ukraine a tenu Kiev, elle l’a fait à un coût énorme en termes d’efficacité globale du combat. Et tandis que la Russie a pu se retirer du front de Kiev et bénéficier d’une période de repos, de réarmement et de réorientation (une action normale pour des unités militaires qui ont été engagées dans des opérations de combat quasi ininterrompues pendant un mois), l’armée ukrainienne est restée sous la pression des attaques aériennes russes incessantes et des bombardements de missiles de croisière à guidage de précision et de l’artillerie russe.”
La perception, lorsqu’elle est soumise à la lumière crue de la réalité, se révèle être un peu plus qu’un vœu pieux. C’est le cas de la “bataille de Kiev”, au cours de laquelle l’armée ukrainienne s’est retrouvée avec un territoire qui n’avait plus aucune utilité pour les Russes. La Russie a pu redéployer ses forces pour mieux soutenir son objectif premier, la prise du Donbass, laissant les forces ukrainiennes de Kiev figées sur place”.
La bataille de Marioupol est terminée
“Il ne fait aucun doute que la présence d’Ukrainiens dans l’usine Azovstal représente une victoire de propagande pour l’Ukraine. Mais la réalité est que la ville de Marioupol est tombée aux mains de la Russie ; tandis que les défenseurs ukrainiens, probablement accompagnés de milliers de civils, dépérissent au fur et à mesure que leurs réserves de nourriture diminuent, le reste de Marioupol commence à reconstruire une ville en ruines où l’on estime que 90% des bâtiments ont été endommagés ou détruits lors de combats brutaux de rue à rue. Le pont terrestre russe est intact, et l’offensive russe contre le Donbass se poursuit sans délai”.
L’issue de la bataille du Donbass ne fait guère de doute
“Les déclarations d’Antony Blinken et de Lloyd Austin à Kiev sont un sous-produit de la perception de la victoire ukrainienne façonnée par les “victoires” jumelles de l’Ukraine à Kiev et Marioupol. La réalité, cependant, est que Kiev était une feinte russe magistrale qui a façonné la situation stratégique globale en Ukraine en faveur de la Russie, et que la bataille de Marioupol est également terminée en termes d’impact stratégique sur la campagne globale. Ce qui reste, c’est la dure vérité de la simple “comptabilités militaire” qui, lorsqu’elle est projetée sur une carte, fournit le genre de preuves factuelles irréfutables que l’Ukraine est en train de perdre sa guerre contre la Russie.
Le fait est que l’aide militaire fournie à l’Ukraine par l’Occident n’aura aucun impact discernable sur un champ de bataille où la Russie affirme chaque jour un peu plus sa domination. De toutes les façons, l’équipement fourni est insuffisant. Des centaines de véhicules blindés ne peuvent remplacer les plus de 2 580 véhicules perdus par l’Ukraine à ce jour, pas plus que des dizaines de pièces d’artillerie ne peuvent compenser les plus de 1 410 tubes d’artillerie et lance-roquettes détruits par l’armée russe. (…)
es Ukrainiens, dépourvus de toute artillerie significative, sont à la merci de l’artillerie et des lance-roquettes russes qui pilonnent leurs positions jour après jour, sans répit. Les troupes russes ont adopté une approche très délibérée de l’engagement avec leurs adversaires ukrainiens. Finies les avancées rapides de colonnes et de convois non protégés ; désormais, les Russes isolent les défenseurs ukrainiens, les pilonnent avec l’artillerie, puis se rapprochent prudemment et détruisent ce qui reste avec l’infanterie soutenue par des chars et des véhicules de combat blindés. Le rapport de pertes dans ces combats est impitoyable pour l’Ukraine, avec des centaines de soldats perdus chaque jour en termes de tués, de blessés et de personnes qui se sont rendues, alors que les pertes russes se mesurent en dizaines.
Non seulement la Russie peut manœuvrer pratiquement à volonté le long du front en se rapprochant des défenseurs ukrainiens et en les détruisant, mais les troupes russes opèrent également avec une liberté absolue dans la profondeur, ce qui signifie qu’elles peuvent se retirer pour se ravitailler, se réarmer et se reposer sans craindre les tirs d’artillerie ou les forces de contre-attaque ukrainiennes. Les Ukrainiens, quant à eux, restent cloués au sol, incapables de bouger de crainte d’être détectés et détruits par la puissance aérienne russe, et sont donc condamnés à être isolés et détruits par les troupes russes en temps voulu.
Non seulement la Russie peut manœuvrer pratiquement à volonté le long du front en se rapprochant des défenseurs ukrainiens et en les détruisant, mais les troupes russes opèrent également avec une liberté absolue en profondeur, ce qui signifie qu’elles peuvent se retirer pour se ravitailler, se réarmer et se reposer sans craindre les tirs d’artillerie ou les forces de contre-attaque ukrainiennes. Les Ukrainiens, quant à eux, restent cloués au sol, incapables de se déplacer sans craindre d’être détectés et détruits par la puissance aérienne russe, et donc condamnés à être isolés et détruits par les troupes russes en temps voulu.
Il n’y a pratiquement aucun espoir de renforcement ou de secours pour les forces ukrainiennes opérant sur les lignes de front ; la Russie a paralysé les lignes ferroviaires qui servaient de voie de ravitaillement, et la probabilité que les forces ukrainiennes qui ont reçu des armes lourdes fournies par l’Occident atteignent les lignes de front avec une force discernable est pratiquement nulle“.
La bataille d'Ukraine ce jour
Point de situation en nous appuyant sur Southfront.org:
Le 3 mai 2022, on constate des succès notables dans l’avancée des forces militaires russes et des Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk dans certaines zones.
+ Direction nord :
Les forces armées russes ont mené des frappes contre des installations militaires ukrainiennes dans la région de Soumi.
Dans la direction de Kharkov, les forces russes ont repoussé les attaques de l’Armée ukrainienne et ont procédé à leurs propres frappes d’artillerie et aériennes. Les forces armées russes ont également déjoué les tentatives de l’armée ukrainienne de détruire les points de passage à proximité d’Izioum. Ainsi, la contre-attaque promise par Alexeï Arestovitch, conseiller du président Zelinski s’est soldée par un échec.
Par ailleurs, dans la région de Kharkov, des membres de la Garde nationale russe ont empêché une attaque contre un convoi de troupes russes. Ils ont découvert une importante cache d’armes et de munitions d’un groupe de saboteurs ukrainiens dans la région d’Izioum. Ils ont notamment trouvé deux lance-grenades antichars turcs, deux suédois et trois américains. La cache contenait également une grande quantité d’équipement de combat et de nourriture pour plusieurs jours.
+ Direction de Luhansk :
L’offensive des forces armées russes et des forces militaires de la LPR au sud d’Izioum se poursuit. Les principaux succès sont dans la zone de Liman, région de Donetsk. Les forces alliées ont bloqué le regroupement ukrainien dans cette zone, forçant les troupes ennemies à faire sauter les passages de la rivière Seversky Donets. Ainsi, elles ne se sont laissé qu’une seule voie de retraite le long de la route menant à Sviatogorsk, (Oblast de Donetsk), qui est déjà pratiquement sous le contrôle des troupes russes. Avec la défaite de la garnison de Liman, toute la rive gauche de la rivière Seversky Donets sera sous contrôle de ‘larmée russe. Une grande quantité d’équipements militaires a été détruite ou saisie.
Dans la ville de Popasna, les forces alliées continuent à prendre le contrôle des quartiers sud-est de la ville. Une fois cette opération terminée, les forces armées russes et de la République de Lougansk devront faire la même chose pour les quartiers nord-ouest de la ville. Elles atteindront alors les limites de l’agglomération de Lisitchansk-Severodonetsk.
Direction Donetsk :
Dans les quartiers sud d’Avdeïevka, on assiste à un échange intensif d’artillerie. Les unités de la RPD (y compris le détachement “Somali” déployé dans cette zone) luttent efficacement contre les zones fortifiées ukrainiennes. Cependant, en réponse aux attaques intenses depuis Donetsk, les forces ukrainiennes rasent littéralement les faubourgs de Iasinovataya, en RPD.
Près de Mariupol, un nouveau convoi de l’ONU et de la Croix-Rouge a été formé sous la protection des forces alliées de la RPD et de la Russie. Il comprend 48 bus et plusieurs ambulances, ainsi que des véhicules d’escorte pour pouvoir prendre en charge les civils respcapés d’Azovstal .
Direction sud :
De violents combats se déroulent dans les environs de Gouliaïpole, dans la région de Zaporojie, selon les médias ukrainiens. L’armée ukrainienne a du mal à résister à la poussée de l’armée russe de Crimée.
Dans la région d’Odessa, le pont de Zatoka a été touché pour la 3ème fois aujourd’hui et complètement détruit. Des frappes ont également eu lieu contre des positions militaires ukrainiennes concentrées dans et autour d’Odessa.
Selon le ministère russe de la Défense, des missiles aéroportés de haute précision ont frappé 38 installations militaires en Ukraine au cours de la nuit. Parmi elles : quatre postes de commandement, 30 places fortes, des zones de concentration de main-d’œuvre et d’équipements militaires ukrainiens, et trois dépôts de missiles et d’armes d’artillerie dans les zones des localités de Pervomaïskoïe et Illichivka (région de Donetsk). Elles ont également détruit un système de missiles sol-air Osa AKM et une batterie de lance-roquettes multiples près d’Arkhangelovka (région de Kharkov).
Les défenses aériennes russes ont continué à détruire des drones utilisés par les Ukrainiens, en particulier Bayraktar-TB2.n aussi bien dans la région d’Odessa que dans celle de Kharkov.
.Selon le Pentagone, les États-Unis ont envoyé 14 avions avec une aide militaire à l’Ukraine en 24 heures, et 23 autres vols ont été effectués par cinq autres pays. En outre, il a été annoncé la livraison de 5 000 autres missiles antichars Javelin à l’Ukraine.
Comment la France est mise en situation de guerre avec la Russie par ses dirigeants
Le gouvernement français peut d’ores et déjà être accusé de double jeu par Moscou.
Aujourd’hui, un long entretien a eu lieu entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine. Le Kremlin a donné le compte-rendu suivant:
“Vladimir Poutine a félicité Emmanuel Macron pour sa victoire à la récente élection présidentielle et sa réélection à la tête de l’État
Le président russe a fait le point sur les progrès de l’opération militaire spéciale visant à protéger les républiques du Donbass, notamment la libération de #Marioupol et l’évacuation des civils détenus par les extrémistes dans l’usine Azovstal, conformément à l’accord conclu lors de la rencontre entre Vladimir Poutine et le secrétaire général des Nations unies le 26 avril
Il a attiré l’attention sur le mépris des États membres de l’UE pour les crimes de guerre commis par les forces de sécurité ukrainiennes et le bombardement massif des villes et villages du Donbass, qui a entraîné la mort de civils. Il a été noté que l’Occident pouvait contribuer à mettre un terme à ces atrocités en exerçant une influence appropriée sur les autorités de Kiev et en cessant de fournir des armes à l’Ukraine
Le président russe a exposé les principales approches des négociations avec les représentants ukrainiens, soulignant que malgré l’incohérence de Kiev et son manque de disposition à travailler sérieusement, la partie russe était toujours ouverte au dialogue
Emmanuel Macron s’est inquiété du problème émergent de la sécurité alimentaire mondiale. Dans ce contexte, Vladimir Poutine a souligné que la situation était compliquée avant tout par les mesures de sanctions des pays occidentaux et a noté l’importance du bon fonctionnement de l’infrastructure mondiale de logistique et de transport”
L’Elysée a présenté le même entretien de la manière suivante:
“Le Président de la République a souligné à nouveau l’extrême gravité des conséquences de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine.
Il a exprimé sa profonde préoccupation concernant Marioupol et la situation dans le Donbass, et appelé la Russie à permettre la poursuite des évacuations de l’usine d’Azovstal entamées ces derniers jours, en coordination avec les acteurs humanitaires et en laissant le choix aux évacués de leur destination, conformément au droit international humanitaire.
Il a également dit sa disponibilité à travailler avec les organisations internationales compétentes pour contribuer à lever le blocus russe des exportations de denrées alimentaires ukrainiennes par la Mer noire au regard de ses conséquences sur la sécurité alimentaire mondiale.
Le Président de la République a appelé la Russie à être à la hauteur de ses responsabilités de membre permanent du Conseil de sécurité en mettant un terme à cette agression dévastatrice.
Il a marqué sa disponibilité maintenue à œuvrer aux conditions d’une solution négociée pour permettre la paix et le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Le Président de la République a enfin renouvelé son exigence de cessez-le-feu.”
On voit donc combien le Président français, au-delà du côté “donneur de leçons” dont il semble ne jamais pouvoir se débarrasser dans les affaires internationales, voudrait maintenir la possibilité d’une médiation française.
Pourtant, parallèlement, on lit ceci sur le canal Telegram Gallia Daily:
“INFO EXCLUSIVE : LES ENTREPRISES FRANÇAISES DU SECTEUR DE L’ARMEMENT NÉGOCIENT AVEC LE GOUVERNEMENT UKRAINIEN.
+ Selon une source de @GalliaDaily, plusieurs grandes entreprises françaises du secteur de l’armement ont entamé des négociations avec le gouvernement ukrainien pour la fourniture d’armes.
+ D’après les informations que nous avons pu vérifier, ces entreprises sont notamment Thales, Dassault, Safran, ARQUUS, MBDA, Nexter et Naval Group.
+Ces entreprises (…) produisent des missiles (MBDA), des véhicules blindés / MBT (Nexter/ARQUUS), des avions de combat (Dassault) ou des systèmes d’armes électroniques (Safran/Thalès).
+ Plus intéressant, le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) a également rencontré des représentants ukrainiens pour des “raisons non précisées”.
+ Toutes ces rencontres ont eu lieu à Paris et à Bruxelles, sous l’égide du GICAT et du MEDEF, et avec l’approbation du ministère français des Affaires étrangères. Les industriels français ont pu rencontrer des diplomates ou des ” industriels ” ukrainiens pour peut-être signer des contrats estimés à un total de 700 millions d’euros.
+ Plus intéressant, il semble que des contacts aient été établis avec ” deux entreprises symboliques de la Base Industrielle des Technologies de la Défense française ” pour fournir des armes directement aux unités paramilitaires ukrainiennes, sans passer par le gouvernement ukrainien. Les entreprises françaises concernées sont probablement (non confirmé) Verney-Carron et PGM, deux fabricants de fusils à longue portée.”
Ces rencontres ne peuvent pas avoir eu lieu sans l’aval de l’Elysée. Peut-on être médiateur et alimenter en armes l’un des belligérants – surtout au moment où ce belligérant aurait intérêt à négocier, sous peine de tout perdre? Les informations de Gallia Daily sont bien entendu à recouper avec d’autres sources. Si elles étaient avérées, comment ne pas trouver gravissime que le président français laisse des représentants du CEA aller discuter avec des Ukrainiens? Outre le fait que la volonté de Zelenski d’acquérir l’arme nucléaire a été un élément déclenchant du conflit, on se demande ce qui passe par la tête des autorités françaises quand on sait la corruption et l’emprise des mafias sur ce qui reste d’Etat ukrainien: même s’il s’agit de nucléaire civil, comment peut-on prendre le risque de lâcher du savoir-faire français dans la nature?
Non moins scandaleuse serait l’information, si elle était confirmée de tractations menées sans passer par le gouvernement ukrainien!
En fait, tout cela semble s’être déroulé dans le sillage de la conférence de Ramstein convoquée par le Secrétaire américain à la Défense. pour coordonner de nouveaux envois d’armes à l’Ukraine.
En fait, nos dirigeants – et les dirigeants occidentaux en général – semblent incapables de percevoir la réalité ukrainienne, bien loin de la vision post-romantique que véhiculent nos médias d’une nation soudée et luttant unanimement pour sa liberté.
Dernier élément d’information qui permet de dresser un tableau complet de l’attitude des dirigeants français – et du sérieux glissement vers une position de belligérant qui ne dit pas son nom: il vaut la peine de prendre connaissance de “l’ordre du jour” que le Chef d’Etat-Major des Armées a signé le 22 avril 2022.
La comparaison entre l’analyse stratégique sous-jacente à l’ordre du jour du CEMA et ce que nous avons cité, plus haut, de Scott Ritter, est cruelle. Le Général Burkhard défend l’idée que les forces russes avaient l’intention de prendre Kiev et ont dû en rabattre de leurs prétentions.
On est frappé aussi par la composante macronienne – le CEMA se transforme en donneur de leçon, accusant les chefs militaires russes d’avoir triplement menti – à leur gouvernement (en prétendant que l’opération serait de courte durée); à leur subordonnés (en ne leur disant pas où on les emmenait); et à eux-mêmes: en n’affrontant pas comme il fallait les difficultés de la guerre en Ukraine. On se demande si le rédacteur et signataire d’un tel texte s’est posé la question de la réaction des autorités russes à la lecture d’un tel texte.
Mais le plus inquiétant est ailleurs. On y lit en effet: “La guerre de haute intensité est de retour en Europe; (…) pour nous militaires français, cela signifie que nous devons nous y préparer”. Et, à la fin: “Ce que nous apprend la guerre en Ukraine, c’est que nous avons changé d’époque, d’échelle et d’enjeux. Chacun doit faire le nécessaire pour s’y préparer. Le moment venu, nous n’aurons
pas le droit de ne pas être au rendez-vous“. Simple posture ou bien évocation d’un potentiel engagement français plus marqué?
Ajoutons qu’il est curieux que cet Ordre du Jour ait été signé à deux jours du second tour de l’élection présidentielle.
.Le duc de Richelieu (1766-1822), Gouverneur de Nouvelle Russie de 1803 à 1814. Ici sa statue face au port d’Odessa
Etonnant cet entêtement à croire que les Russes avaient l’intention e prendre Kiev en ne déployant que 150 000 hommes en Ukraine. A la décharge du général Burkhard, l’armée française n’a plus depuis longtemps l’expérience de la “haute intensité”.
A mi-chemin entre les propagandes ukrainienne et russe, je signale cet article d’Erwan Castel qui reconnaît que l’armée russe a subi de lourdes déconvenues lors de la phase 1 (colonnes de blindés non protégés détruites, ravages de la techno-guérilla ukrainienne, faiblesse logistique…) mais qu’elle a remarquablement réussi à en tirer les enseignements et qu’elle a maintenant une efficacité redoutable :
http://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/04/cest-en-forgeant-que-lon-devient.html
Oui l’article est très bon.
Scott Ritter aussi parle des pertes russes du début.
(Il ne faut tout de même pas les exagérer)
De toute manière, vues les dimensions du conflit : territoire d’une taille comparable à celui de la France et lourdement fortifié (donbass, du moins), armée ukrainienne entrainée équipée et informée en continu par l’OTAN et sanctions contre la russie, même 60 000 morts et blessés russes représentent un coût assez “faible” pour une opération de cette envergure, surtout vue la létalité des moyens moderne de faire la guerre.
Il est probable que la Russie épuise effectivement ses ressources et ses armes en Ukraine, ce qui va nuir à sa capacité militaire à terme, mais il ne faut pas oublier qu’elle s’était vraisemblablement préparée à ce conflit depuis des années, d’où une accumulation de matériels bien supérieure à celui de l’OTAN (du moins sur ce théâtre d’opération). D’autre part, l’OTAN puise également dans ses réserves en ce moment même, dans un contexte de désindustrialisation partielle, de raréfaction des ressources et de l’énergie bon marché. Il n’y a donc aucune garantie que sa supériorité technologique relative fasse la différence une fois ses faibles réserves utilisées sur le champ de bataille.
Le CDS a publié récemment sur un de ses comptes-rendus journaliers de la guerre en Ukraine, un bilan des pertes matérielles de la Russie dans cette intervention. Si les pertes humaines étaient difficiles à évaluer, faute d’informations fiables, en comparaison aux pertes matérielles ukrainiennes, celles des Russes restaient plutôt très en deçà . Quant à la supériorité technologique de l’Otan, il paraîtrait que c’est plutôt l’inverse ! (cf. Missiles supersoniques indétectables)
Ai-je raté ou mal compris quelque chose?
Je suis un peu surpris que Poutine perde son temps à discuter avec Macron.
Je soupçonne que cela lui sert à se faire une idée de ce que sait Macron et l’Occident.
Je crois que c’était déjà le cas quand Macron est allé à Moscou. Poutine a déclenché les hostilités après avoir vérifié ce que savait ou ne savait pas ou croyait savoir Macron.
Scripsit: L’Elysée a présenté le même entretien de la manière suivante:
“Le Président de la République a souligné à nouveau l’extrême gravité des conséquences de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine.”
=> quand on lit ce genre d’âneries, complètement biaisées et unilatérales, on comprend qu’il n’y a pas de discussions sérieuses en cours. Et donc que cette guerre est logique et inévitable. Et qu’elle va durer jusqu’à ce que les Russes aient obtenu par la force tout ce qu’ils visent depuis le début: refouler l’OTAN, sécuriser le flanc sud-ouest de la Russie, etc.
Je ne sais pas si les négociations de l’industrie d’armement Française vise le renforcement des moyens actuels des troupes ukrainiennes ou le coup d’après. Une fois le conflit terminé, il faudra bien réarmer le pays d’une façon ou d’une autre ; la concurrence va être rude.
Maintenant je n’arrive pas à comprendre pourquoi l’instauration en Ukraine d’un vrai état fédéral comme il en existe partout dans le monde n’a pas se faire en 2014 et après. La responsabilité des dirigeants occidentaux dans ce drame est terrible.
L’Ukraine était très décentralisée dans les années 1990. Pour que cela puisse se maintenir, il aurait fallu respecter sa neutralité. Mais les Occidentaux n’en ont pas voulu. Cordialement; EH
L’Elysée fait mine de s’émouvoir de la situation “des Ukrainiens” (comme s’il n’y avait qu’une Ukraine et qu’un peuple), alors que les exactions subies par les russophones de l’est était connue en 2018. Sans que l’on bouge le petit doigt.
https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/1811_ukr_violences_groupes_ultranationalistes_0.pdf
Soumise aux intérêts américains, la France n’est plus que l’ombre d’elle-même… et se permet de donner des leçons à Poutine.
Tout en entretenant une “fake new” : les conséquences dont parle EM ne sont pas consécutives à l’opération russe, mais aux décisions occidentales… ou à l’absence de décision avant cette crise.
l’armée de terre française est moins importante (en nombre) que les effectifs engagés par les russes en Ukraine…
Il n’y a pas grand chose à opposer à l’armée russe.
MAc Ron, giflé 1° est un imposteur, qui oeuvre à la fin de ce monde ! Pire menteur que lui c’est rare AMI proche de Schwab, ils veulent aboutir à la 3° Mondiale ! Toutes les autres explications sont imbéciles et irréelles ! Les ” blaireaux ” se tournent contre Poutine, comme ce fut le cas pour la ré élection de MAC ron ! OUVREZ LES YEUX à la réalité et FERMEZ vos TV, vous vivrez bientôt heureux ET pauvres – a dit Schwab – SI VOUS ETES ENCORE EN VIE ! N’ayez plus peur, ce qui doit arriver ARRIVERA ! Simple, non ?
Gardez-vous du fatalisme! Il déprime et nuit à l’action salvatrice.
On a compris ici que Macron ne défend pas les interets de la France et des français.
Mais quel est son interêt personnel à jouer les va t en guerre contre les russes.?
Irrationnalité velleitaire? déséquilibre psychique?