Vladimir Poutine a prononcé un long discours à l'occasion du sommet économique de Saint-Pétersbourg qui célèbre cette année son 25è anniversaire. Menant, comme à son habitude, l'argumentation à un rythme rapide, le président russe a insisté sur quelques notions directrices: refus de la dette, retour à l'économie réelle, création de nouveaux instruments de souveraineté économique et, le plus important peut-être, développement des libertés économiques sur le marché russe. Le discours contient aussi un diagnostic sans appel des illusions et des erreurs économiques des Etats-Unis et de l'Union Européenne.
A l’occasion du 25è sommet économique de Saint-Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine a prononcé une longue allocution, dont vous pourrez retrouver la plus grande partie dans la vidéo You Tube ci-dessus .
Revenir à l’économie réelle
Le contenu le plus essentiel est l’insistance du président russe sur le retour du principe de réalité dans les les relations internationales et la vie économique mondiale.
« Il y a deux ans, au Forum de Davos, je disais que l’époque du monde unipolaire est terminée » a déclaré au début de son discours le président russe. Mais les Etats-Unis et l’Union Européenne refusent, selon lui, de l’accepter: « Les Etats-Unis ayant proclamé leur victoire dans la Guerre froide se sont vus comme des missionnaires de Dieu sur la terre….Ils n’ont pas remarqué que durant les dix dernières années de nouveaux centres de décision puissants se sont développés. » Et, ajoute, Vladimir Poutine, commençant à développer le deuxième axe de son discours, « Les pays ont le droit d’exercer leur souveraineté nationale, de décider de leur politique économique« .
Or « il semblerait que certains Etats occidentaux gardent leurs illusions. Ils s’accrochent au passé, à l’idée que leur domination du système économique mondial est éternelle. Ils nient simplement la réalité. Ils essaient de contredire le courant de l’histoire en restant dans leurs propres illusions. (…) Ils regardent le reste du monde comme leurs colonies. Ils considèrent les habitants de ces pays comme des individus de deuxième catégorie. D’où provient leur désir de punir ceux qui ne rentrent pas dans le rang« .
« Le ‘Blitzkrieg’ économique contre la Russie a échoué »
A propos de l’attitude de l’Occident, le président russe a parlé de « …sanctions inouïes. Leur rapidité est sans précédent. Ils veulent tout simplement faire s’écrouler l’économie russe« . Mais « ils n’y arrivent pas » a-t-il insisté. Vladimir Poutine a salué le travail accompli par l’Etat, les entreprises et la population russe pour stabiliser la situation. « Les prédictions catastrophiques de ce printemps ne se sont pas réalisées« .
Retour du réel, retour de l’histoire: « Nous sommes forts. Et nous pouvons faire face à n’importe quel défi. L’histoire millénaire de notre pays le dit ». Le président russe a insisté sur la maîtrise de l’inflation, redescendue à 7,7%, sur les liquidités réinjectées dans l’économie. sur la baisse des taux d’intérêts et des taux d’hypothèque à 9%. Il a proposé de baisser ces derniers encore plus, à 7%. « Nous avons réussi l’indexation des salaires pour soutenir les couches plus fragiles de notre population. (…)Nous avons réussi à stabiliser les banques ». « Je conçois que la situation reste malgré tout difficile pour nos concitoyens et je les remercie d’avoir ramené leur épargne dans les banques en profitant de taux d’intérêt élevés«
« Le Blitzkrieg économique contre la Russie n’a pas eu de succès » a commenté Vladimir Poutine. Il a aussi souligné que « l’arme des sanctions marche dans les deux sens. (…) Les Européens pourraient perdre 400 milliards de dollars » en 2022 du seul fait des sanctions. « L’inflation dans l’UE a dépassé 20% » dans certains pays a-t-il ajouté. « Ils ne mènent pas d’opération militaire et leur niveau d’inflation est le plus haut de ces 40 dernières années« .
Vladimir Poutine prédit l’émergence de nouvelles élites européennes
Le diagnostic de l’Union Européenne est sans appel « J’en ai également parlé à Davos, les politiques européennes actuelles conduisent à l’exacerbation de fractures qui existent au sein de leurs sociétés. (…) les partis qui arrivent au pouvoir changent mais la politique ne change pas. Il y a augmentation de partis populistes. On remarque la dégradation des élites, qui pourrait entraîner leur changement. (…) Aujourd’hui l’Union Européenne a perdu sa souveraineté économique et politique, d’autant plus que [les Etats-membres] adoptent ce qui leur est recommandé par des intérêts extérieurs au point de menacer leur propre économie«
Le désastre de l’endettement des pays occidentaux
Vladimir Poutine a ensuite ironisé sur le fait que l’on rende son pays responsable de tout ce qui ne va pas en Occident. C’est très flatteur pour nous, a-t-il commenté, mais c’est inexact. « Les difficultés économiques de l’Occident ne viennent pas de l’opération militaire spéciale au Donbass. Les causes sont anciennes, elles relèvent de la politique de dette du G7. Les dirigeants occidentaux ont imprimé de l’argent pour essayer de couvrir leurs déficits sans équivalent ». « La masse monétaire américaine a augmenté de 38% aux Etats-Unis ces deux dernières années. C’est-à-dire de 5,9 trillions de dollars. La masse monétaire de l’Union européenne a augmenté de 20% » a-t-il ajouté. « Pourquoi échanger des marchandises contre des dollars et des euros qui perdent de la valeur« ?
Il faut revenir à l’économie réelle. « L’argent qui circule aujourd’hui perd à peu près 8% par an; d’autant plus que cet argent peut être confisqué ou volé » « Dans les années qui viennent, nous allons commencer un mécanisme de conversion des monnaies existantes« .
« La Russie fera tout ce qu’elle peut en termes d’exportation de denrées alimentaires »
Le président russe est ensuite longuement revenu sur l’approvisionnement alimentaire mondial. Là aussi, pour refuser que la Russie serve de bouc émissaire. « Les Etats-Unis étaient exportateurs dans le monde entier. Aujourd’hui, ils sont importateurs de leurs denrées alimentaires. Les pays de l’UE ont de façon encore plus évidente créé une vague de pénurie et d’inflation pendant les deux dernières années » Ajoutons-y l’impossibilité d’exporter le blé et le maïs d’Ukraine, du fait du minage des ports par l’armée ukrainienne – ou, pire, du fait d’un échange blé contre armes.
Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait exporter, autant qu’elle le pourrait, en particulier en Afrique, des denrées alimentaires.
La souveraineté, ce n’est pas seulement l’identité nationale, c’est aussi l’indépendance économique
Revenant sur « l’opération militaire spéciale », le président russe a parler de « soutenir la souveraineté de notre Etat: (…) Au XXIè siècle, la souveraineté ne peut être partielle. Elle ne peut qu’être complète. (….) Nous ne devons pas défendre seulement notre identité nationale mais promouvoir notre indépendance économique« . Pour lui, les Occidentaux ont sous-estimé la souveraineté économique de la Russie. « Ils se sont tellement épris de l’idée qu’ils s’étaient forgée du retard de l’économie russe qu’ils n’ont pas vu combien notre pays avait changé ces dernières années, comme nous avons travaillé sur notre sécurité macro-économique, sur notre sécurité alimentaire, comment nous avons avancé dans le domaine de notre indépendance financière« . Il faut intensifier cet effort, a-t-il ajouté.
« Nous allons intensifier nos partenariats avec tous ceux qui le veulent – une majorité d’Etats du monde« . Vladimir Poutine n’a pas spécifiquement insisté sur la Chine dans son discours; en revanche, il est revenu sur l’importance de la coopération sino-russe dans le débat qui a suivi. A propos de cette majorité de pays qui n’ont pas voté les sanctions et veulent développer leur liens avec la Russie, le président russe a dit avoir bien conscience des difficultés et des menaces proférées par les Etats-Unis à l’encontre de ces tiers. Il a indique aussi souhaiter travailler avec les entreprises occidentales qui poursuivent leur activité en Russie « malgré tous les obstacles«
Le président russe, pour boucler sur le développement des instruments de la souveraineté, a confirmé le développement d’une nouvelle platforme de paiement indépendante; et l’établissement de nouveaux couloirs logistiques.
Plus de liberté pour les entreprises russes, en particulier les PME
Ensuite, le président russe a insisté sur le développement des libertés économiques à l’intérioeur du pays. Il s’agit, a-t-il explmiqué, de « faciliter le travail des entreprises« . Il y a eu selon lui 6 fois moins d’opérations de contrôle des entreprises en 2022. « Le climat de confiance instauré montre que les entreprises russes sont devenues mûres, responsables« . Le président russe demande que l’on continue à diminuer drastiquement tous les contrôles des entreprises sauf en ce qui concerne la santé et l’environnement. Et il a demandé aux responsables de la vie économique nationale dee favoriser les petites et moyennes entreprises . et de faire du développement des villes petites et moyennes une priorité.
Le duc de Richelieu (1766-1822), gouverneur de la Nouvelle Russie de 1803 à 1814, a sa statue à Odessa face au port
Le soleil se lève à l’est, mauvaise limonade pour nos salopards (du même coup pour nous aussi si on ne les fous pas dehors d’une manière ou une autre)
Discours éminemment gaullien, c’est évident.
Métaphore. C’est comme dans les péplums, les esclaves tournent la roue à godet pour l’eau qui amène la vie, ici les peuples occidentaux paient pour leurs élites elles mêmes inféodées aux USA et leurs industries. Dans les péplums les esclaves se libèrent quelle que soit la façon, chez nous nous courbons la tête et subissons plus chaque jour sans révolte en se contentant de geindre et pleurer. Et pourtant nous pouvons nous en libérer en votant. Mais comme dans la Rome antique du pain -pas trop- des jeux -beaucoup- suffisent à ce peuple soumis. Et la Russie et Poutine défendent leur identité et celle d’une population russe dans un pays limitrophe faisant partie antérieurement de l’URSS, mais demandant et leur indépendance et leur liens privilégiés avec la Russie. Les accords de Minsk étaient fait pour cela. Ayant été violés et contestés par un signataire , chacun a pris ses responsabilités. Nous n’avions pas à prendre parti, et la France en particulier, n’ayant pas su faire respecter ces accords, étant partie prenante. Et notre implication coûte très cher sur beaucoup de plans et ça n’est que le début. Et la Russie ayant conquis ou libéré, au choix, le sud de l’Ukraine de Kharkov à Odessa et jusqu’à peut-être la Transnitie , négociera en position de force mais n’oubliera rien. Que ce soit Poutine ou un autre.
Magnifique analyse relayée par M. Husson qui doit se sentir conforté dans son travail quotidien de décryptage de la réalité et de la propagande à l’Est comme à l’Ouest. Quand on écoute le discours calme et précis de Vladimir Poutine on remarque immédiatement la pauvreté du personnage Zelinsky et des autres marionnettes qui voyagent en train vers Kiev avec des cerveaux remplis de plomb. Cela saute aux yeux. Pour ce soir de forte chaleur parisienne, je vais prendre une salade Caesar et un bon canon de rouge. Merci E. H.. Que pensez-vous de cet article sur la journaliste Lipp ? ZEjournal.mobi – La journaliste allemande Alina Lipp risque 3 ans de prison pour sa couverture de la guerre en Ukraine
zejournal.mobi/news/show_detail/25992
Voici ce que dit le journaliste Pepe Escobar dans un article publié sur le site The Cradle : « Le contraste entre les débats de Saint-Pétersbourg sur un possible recâblage de notre monde – et les trois faire-valoir prenant un train pour nulle part pour dire à un médiocre comédien ukrainien de se calmer et de négocier sa reddition (comme le confirment les services de renseignement allemands) – ne pourrait être plus frappant. ».
Et sur « Stratégic Culture Foundation », c’est l’éditorial qui lâche : « Au moment où un véritable leadership européen et une indépendance vis-à-vis de l’impérialisme transatlantique de Washington sont nécessaires, le trio Scholz, Macron et Draghi ressemble plutôt aux trois larbins. Ironiquement, le président français aspire continuellement à un leadership européen grandiose. Vous parlez de la folie des grandeurs ! Macron n’est pas en mesure de faire les lacets de Charles de Gaulle. »
Un homme d’Etat d’un côté, de tristes sires de l’autre.
Vlad parle vrai, ne cherche pas à minimiser les difficultés actuelles et à venir pour la population russe. Cette sincérité contraste avec le charlatanisme socialo de maqueron, Cruella von der la hyène &cie.
Le voyage à Kiev du trio Macron, Olaf et Droghi a été motivé par la demande faite (hors micro) à Kiev d’entamer des négociations (avant qu’il ne soit trop tard) en échange d’armes (pour qu’il puisse améliorer sa position) et d’une promesse de candidature à l’UE. L’Europe (de l’Ouest) veut que la guerre et les sanctions s’arrêtent. Johnson, mandaté par Trudeau et Biden, second trio, accourre à Kiev pour proposer autre chose (plus d’armes et formation 1ère classe pour une armée capable de battre les russes), mais en échange pas de négociations. Pétrole, gaz et autres matières premières obligent. Comme par hazard ce trio-là n’a aucun problème d’approvisionnement énergétique et se bourrent les poches avec l’augmentation du prix de l’énergie : c’est le leur qu’ils consomment et celui des autres qu’ils commercialisent.
C’est donc la guerre entre les 2 trios :
Pour les uns casser l’Europe (ouest et est), revenir sur le dossier irlandais et préparation du dossier écossais (détruire les vélléités d’indépendance, l’Écosse c’est le gaz et le pétrole anglais), rendre l’Europe dépendante de l’Amérique et couper la relation avec la Russie.
Pour les autres terminer la guerre au plus vite sans y laisser trop de plume en faisant miroiter la candidature à l’UE. Ils se sont, peut-être, rendus compte qu’ils se sont fait avoir et se retrouvent face au précipice.
Poutine ne s’y est pas trompé : il approuve la candidature et mets en sourdine les offensives sur le terrain.
Je ne suis pas devin mais le trio européen me semble bien compromis avec des positions irrécupérables face à ses citoyens lambdas que d’autres ont formattés à souhait pour atteindre leurs objectifs. Seule solution : changement radical de gouvernements imposé par les populations. Est-ce possible ? J’en doute fort.
On a le droit d’être intelligent.