Qui pouvait s’imaginer ne pas passer à la caisse après le « quoi qu’il en coûte » ? par Jean-Frédéric Poisson

Qui pouvait s’imaginer ne pas passer à la caisse après le « quoi qu’il en coûte » ? par Jean-Frédéric Poisson


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Par Jean-Frédéric Poisson - Pensiez-vous vraiment que le "quoi qu'il en coûte" serait indolore? Depuis plus de deux ans, le gouvernement a trompé les Français et les a endormis. Mais l'inflation est bel et bien là; et elle a commencé avant la guerre en Ukraine qui n'est qu'un accélérateur. Ce sont les plus fragiles, les plus pauvres qui vont payer.

C’est officiel, l’inflation est de retour

Les chiffres sont officiels : l’inflation a connu une nouvelle accélération en mai, à 5,2% sur un an, selon les estimations de l’Insee[1]. Ce funeste record n’avait pas été atteint depuis 1985. Nous avons, au motif fallacieux d’une pandémie gérée de manière catastrophique et disproportionnée, démesurément accru l’endettement de notre pays et engendré de l’inflation par le simple fait de faire fonctionner la planche à billets. En octobre dernier, certains commentateurs complaisants nous expliquaient que la hausse des prix de la consommation était un phénomène temporaire, dû à une forte reprise économique et à une perturbation des chaînes logistiques. Pourtant, d’autres, plus lucides prévoyaient déjà une crise qui s’installerait sur le long terme, malgré les mesurettes du gouvernement et le piètre « bouclier tarifaire » mis en place par Jean Castex sur les prix de l’énergie.

La crise ukrainienne n’est pas à l’origine de l’inflation

Aujourd’hui, les mêmes valets du pouvoir veulent nous persuader que la crise ukrainienne est à l’origine de cette inflation, et non pas les déplorables décisions de nos gouvernants. Pourtant, la situation économique était déjà en train de se dégrader fortement avant que les Russes n’interviennent au Donbass. Du reste, la guerre en Ukraine n’a effectivement rien arrangé, et nos gouvernants sont largement responsables de ses conséquences sur notre économie : ils ont appuyé l’ensemble des sanctions déployées par l’Union européenne contre la Russie. Celles-ci se sont ensuite répercutées contre nous, alors que notre propre économie était déjà en difficulté. Les pays de l’Union européenne se sont même mis d’accord récemment pour interdire immédiatement plus des deux tiers des importations de pétrole russe et pour mettre fin à celles-ci à 90% d’ici la fin de l’année[2]. Gageons que ces nouvelles mesures contre les importations d’hydrocarbures n’arrangeront pas les problèmes d’inflation. À une situation déjà incendiaire, nos gouvernants rajoutent donc de l’huile (à défaut de pouvoir en proposer dans les rayons de nos grandes surfaces) et nous expliquent que nous allons devoir vivre avec les conséquences de leurs décisions injustifiées[3].   

Une catastrophe nommée Macron

Quel bilan tirer de tout cela ? Malheureusement un triste constat : la politique suicidaire d’Emmanuel Macron utilisée à des fins de communication politique, va engendrer un accroissement considérable de la pauvreté de notre peuple. D’abord, l’argent dépensé sans limites pour financer les activités qui avaient été stoppées par les mesures ineptes prises au nom du covid ne correspond en rien à un investissement. Outre le fait que pour une bonne part, il faudra aux débiteurs rembourser ce qui n’a été qu’un prêt de l’Etat, ces moyens ont juste servi à éviter la grogne populaire de tous ceux qui ont été empêchés de travailler pendant des mois. Ensuite, la France est passée en quelques années d’une position de puissance d’équilibre reconnue, à une posture de pion atlantiste arrimé aux États-Unis : sans cela, nous aurions pu nous permettre de rester neutres dans le conflit russo-ukrainien, loin de notre comportement manichéen actuel, nous aurions pu maintenir des relations commerciales avec la Russie et conserver des sources d’approvisionnement en matières premières à un prix avantageux.

Ce sont les plus fragiles qui vont payer

Mais pour parvenir à ce résultat, il aurait fallu que le pouvoir, en France, soit détenu par un président de la République qui en ait la stature et exercé par un gouvernement doué de bon sens… Malheureusement pour le peuple de France, et notamment pour les plus fragiles d’entre nous, après avoir sapé l’autosuffisance alimentaire de notre pays, après avoir considérablement abîmé la capacité nucléaire de production d’électricité pour des raisons de bien-pensance environnementale, après avoir terrorisé la nation par une communication anxiogène contre le virus et appuyé cette terreur sur une anesthésie économique, Emmanuel Macron a suivi l’OTAN dans une folle logique punitive contre la Russie (qui compense aisément ses pertes par de juteux accords avec la Chine). Nous en subissons aujourd’hui les conséquences.

Ainsi, lorsque Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, annonce une inflation pérenne, lorsque l’État fait un misérable don de quinze centimes à la pompe alors qu’il pompe des euros en taxes, lorsque la récession paraît à l’horizon avec une casse sociale inéluctable, n’oublions qui sont les vrais responsables. La hausse de l’inflation en France et en Europe n’est pas due seulement à notre mauvaise fortune, mais aux décisions successives de nos dirigeants qui ont fait, à chaque fois, des choix qui nous mènent à la catastrophe et qui amplifient le phénomène mondial. La France doit employer ses forces à retrouver une souveraineté économique qui la rende indépendante des multiples crises que ne manqueront pas de se renouveler dans l’avenir. Mais surtout, l’économie doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un outil de production de richesses au service du peuple, et non l’inverse.

[1] « Inflation : en mai, les prix à la consommation en France ont augmenté de 5,2% sur un an », Le Figaro, le 15/06/2022.

[2] « L’UE a acheté 57 milliards d’euros de pétrole, de gaz et de charbon à la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine », La Tribune, le 13/06/2022.

[3] « Forum de Davos : l’inflation causée par le conflit en Ukraine, ‘c’est le prix à payer pour défendre nos valeurs’, estime le gouverneur de la Banque de France », Franceinfo, le 23/05/2022.

Jean-Frédéric Poisson est président de VIA | La voie du peuple


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