Missiles hypersoniques et intercepteurs de HIMARS: le retard pris par l’OTAN sur l’armée russe est-il rattrapable?  – par Edouard Husson

Missiles hypersoniques et intercepteurs de HIMARS: le retard pris par l’OTAN sur l’armée russe est-il rattrapable? – par Edouard Husson


Partager cet article

L'OTAN découvre avec effarement son incapacité à parer les missiles hypersoniques russes; mais aussi, à l'inverse, la capacité russe à intercepter les HIMARS. Un conflit réel remet les pendules à l'heure. Il permet de voir ce qu'il en est vraiment de la valeur des armées, de la qualité de leurs armements et de l'efficacité de leurs technologies. L'OTAN a décidé de participer de manière indirecte à la guerre d'Ukraine. L'heure du bilan arrive et révèle un retard considérable pris sur l'armée russe. Il est temps pour la France de se poser la question de la participation à une alliance dont les membres, à commencer par les Etats-Unis, se sont endormis sur leurs lauriers militaires de la Guerre froide.

Selon une publication spécialisée,  » L’OTAN est bouleversée par l’effet inattendu des missiles hypersoniques russes. Les derniers missiles hypersoniques russes (et nous parlons probablement de ces missiles qui ont été utilisés dans le cadre de la NMD en cours en Ukraine) ont littéralement surchargé les systèmes des stations radar de l’OTAN, ce qui a permis de suivre les lancements de missiles sur de longues distances. Ceci est rapporté par The Telegraph, citant le chef de la société de défense Cohort, Andy Tomis. »

Le retard OTANien sur la Russie et la Chine en matière d’hypervélocité

En  effet, il vaut la peine de citer l’article du quotidien britannique: 

« Les entreprises d’armement se démènent pour trouver une défense contre les missiles hypersoniques russes et chinois, craignant qu’ils n’offrent un avantage décisif aux puissances hostiles. Andy Thomis, directeur de la société de défense Cohort, a déclaré que son entreprise travaillait sur un projet visant à vaincre ces armes, qui peuvent se déplacer cinq fois plus vite que la vitesse du son et sont actuellement extrêmement difficiles à abattre.

M. Thomis, dont l’entreprise est basée à Reading et fournit des équipements pour les sous-marins de la Royal Navy, a déclaré : « La capacité de développer des armes convaincantes et efficaces est un élément essentiel de la stratégie de défense : « Être capable de développer des contre-mesures convaincantes contre eux est un pas en avant très important.

« C’est un véritable défi. Il n’y a aucun doute là-dessus ».

Les fusées classiques volent à environ Mach 3, tandis que les vaisseaux hypersoniques se déplacent à Mach 5 ou plus.

En plus d’être incroyablement rapides, elles ont une trajectoire de vol imprévisible qui les rend difficiles à suivre.

L’année dernière, la Chine aurait tiré un projectile hypersonique autour du globe lors d’un essai, tandis qu’en mai, un navire de guerre russe a testé un missile de croisière Zircon capable de voyager à neuf fois la vitesse du son.

Comme c’est représenté sur le schéma ci-dessus, avia-pro.fr précise: « L’une des raisons pour lesquelles les ordinateurs ne peuvent pas suivre et calculer la trajectoire de vol des missiles hypersoniques est que ces missiles provoquent plusieurs coups lorsqu’ils franchissent le mur du son, par conséquent, le radar observe plusieurs cibles – bien plus que ce que ces radars peuvent suivre simultanément.  Considérant que la trajectoire de vol d’un missile n’est pas uniforme, les systèmes informatiques ne peuvent tout simplement pas construire un modèle de calcul pour le fonctionnement normal des systèmes de défense aérienne« .

En mai 2022, l’armée russe a testé un missile hypersonique Zircon circulant à Mach 9.   

Les Occidentaux ont-ils pris vingt ans de retard?

Nous avons, depuis le début de la guerre en Ukraine, évoqué plusieurs fois dans Le Courrier des Stratèges, l’utilisation réelle sur le terrain de missiles hypersoniques par l’armée russe. Et nous avons souligné combien c’était la troisième dimension du conflit, tue ou ignorée par les Occidentaux: la Russie mène la guerre en Ukraine en prenant son temps, grâce à l’immense sécurité que lui procure son avance dans les armés hypervéloces qui lui procurent une supériorité sur les Etats-Unis assez comparable au monopole américain en matière d’arme nucléaire entre 1945 et 1949. 

Nous avons plusieurs fois rapporté combien les experts anglo-américains interrogés sur le sujet tendent à minimiser l’avance russe, étant donné que les Américains ont un retard sur la Russie et même sur la Chine dans le domaine. Mais nous avons interrogé Alexandre, ancien officier du renseignement français, qui connaît le sujet des armes hypersoniques, que nous avions déjà présenté aux lecteurs du Courrier. Son évaluation est sans appel:

« Cette fois, les Occidentaux avouent qu’ils sont surclassés, avec une chaîne informatique et des détecteurs radars qui sont obsolètes. Selon moi, ce retard technologique est désormais irrattrapable.
Leur erreur est bien d’ordre conceptuel, c’est à dire qu’elle touche à l’intelligence fondamentale sur la compréhension de la guerre et des choix techniques qui en découlent. Comme il s’agit de la stratégie des moyens, le retard s’évalue à deux ou trois décennies »
 
Un jugement trop sévère? Alexandre me fait remarquer que la question du retard pris par l’armée américaine et l’OTAN se pose en général. Comme le montre le manque d’efficacité relative des MLRS (Multiple Launch Rocket Systems) HIMARS  (High Mobility Artillery Rocket Systems) livrés à l’Ukraine. 

La mauvaise surprise pour les Etats-Unis: l'armée russe pare les tirs de MLRS HIMARS.

Pour les HIMARS aussi, l’armée russe semble bien plus capable de les intercepter que ce qu’avaient évalué les Occidentaux: 

« L’armée russe est équipée de plus de 400 systèmes pour détruire le MLRS américain Himars. Dans le cadre de l’opération militaire spéciale en Ukraine, l’armée russe a fait une découverte surprenante. Elle est déjà armée pour parer les systèmes de lance-roquettes multiples Himars américains, bien plus que l’armlée russe ne l’avait anticipé. Les systèmes ont déjà été testés avec succès sur les missiles supersoniques américains M30 et M31 et ont démontré la plus grande efficacité.
Comme on l’a appris, les complexes soviétiques et russes de Buk sont capables non seulement de suivre efficacement les lancements de missiles américains Himars MLRS, mais également d’intercepter des missiles même en cas d’attaque par salve de ces derniers. Il s’est avéré que les systèmes Buk sont adaptés pour toucher des cibles telles que les missiles américains Himars, à la fois en vitesse et en portée, et en hauteur. De plus, les paramètres de la fusée sont tels qu’ils vous permettent d’identifier instantanément une telle cible.
Selon l’armée russe, en termes de paramètres, les systèmes américains Himars sont presque parfaitement adaptés pour utiliser les systèmes de missiles anti-aériens soviétiques et russes Buk contre eux. Au total, selon des sources ouvertes uniquement, la Russie est armée de plus de 430 systèmes de défense aérienne Buk de diverses modifications, ce qui est bien plus que le nombre de MLRS Himars  Etats-Unis, sans parler de l’Ukraine« .

Nous avons de plus indiqué que quatre des lanceurs Himars livrés à l’Ukraine ont déjà été détruits. 

La réalité du conflit révèle donc que l’OTAN n’est pas aussi puissante qu’elle le croyait. Il va falloir commencer à poser la question pour la France de sa participation à l’alliance. 

Le duc de Richelieu (1766-1822), gouverneur de la Nouvelle Russie de 1803 à 1814, a sa statue à Odessa face au port


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

L'adoption, samedi 8 novembre 2025, de la première partie du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 n'aura trompé personne au sein de l'Hémicycle. Le score étriqué de 176 voix pour contre 161 ne signe en rien une adhésion au projet du gouvernement, ni même une improbable lune de miel sur l'autel des finances sociales. Ce vote, fruit d'un calcul politique aussi cynique que nécessaire, est avant tout une manœuvre. Une partie de l'opposition, notamment le Parti


Rédaction

Rédaction

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

L’année 2026 semble promise, comme les précédentes, à une volatilité extrême et à des chocs imprévisibles. Les modèles d'investissement classiques, qui misent sur la « diversification moyenne » et l’optimisation du risque au milieu du spectre, sont non seulement fragiles, mais destinés à être pulvérisés à l’occasion du prochain « cygne noir » que l'Histoire ne manquera pas de nous servir. Face à ce chaos qui se déploie sous nos yeux, nous vous avons présenté dimanche 2 novembre la seule philoso


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

Elise Rochefort a évoqué pour nous les controverses officielles sur l'emploi du temps de Dick Cheney le 11 septembre 2001. Peter Dale Scott, diplomate canadien devenu professeur à l'Université Berkeley, en Californie, a prétendu documenter le contexte de cette affaire explosive. Et voici les thèses qu'il a défendues, accompagnées de leurs critiques, bien entendu... Peter Dale Scott (né en 1929) représente une figure intellectuelle singulière et complexe dans le paysage académique nord-améri


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Le 11 septembre 2001, le vice-Président de George W. Bush, Dick Cheney, décédé cette semaine, fait face seul ou presque au traumatisme du polyterrorisme qui frappe les USA. Mais qu'a-t-il fait au juste ? Près de vingt-cinq plus tard, voici le point des zones d'ombre et de controverse. L'analyse du rôle joué par le vice-président Richard "Dick" Cheney le 11 septembre 2001 est essentielle pour comprendre la réponse du gouvernement américain à la crise et l'évolution ultérieure de l'autorité e


Rédaction

Rédaction