La « monnaie » ainsi nommée car les deniers romains étaient frappés dans le temple de Junon (Moneta en latin), permettait l'échange de denrées ou de services qui, pendant longtemps, avaient fait l'objet du troc. Sans remonter aux origines préhistoriques de la monnaie, voici une brève histoire de celle-ci qui porte sur son évolution et comment ceux qui dirigent aujourd'hui le monde ont réussi à en prendre le contrôle, en généralisant l'émission de « fausse monnaie »
Nous avons vu comment le dollar conçu en tant que « monnaie-dette » était créé à partir de rien sur des bons du Trésor américain garantis par l’impôt fédéral, ce qui permettait à la FED d’encaisser des intérêts à un taux qu’elle fixait elle-même. Ensuite, en ayant levé le frein de la convertibilité avec l’or, la FED a pu, suivant le même processus, créer des dollars en nombre suffisant pour alimenter le commerce international, ce qui revenait à faire payer la dette publique américaine par le reste du monde. Après avoir pris le contrôle du commerce du pétrole et augmenté les taux d’intérêt, les banquiers internationaux passèrent à l’étape suivante.
Coup fatal pour les pays les moins développés.
L’augmentation du prix du baril entraîna une forte inflation dans les pays occidentaux, ce qui réduit considérablement l’épargne, mais ce sont surtout les pays moins développés qui prirent le choc de plein fouet. Dans son livre sur la « guerre des monnaies » Hongbing Song cite F.W.Engdahl :
« La vaste majorité des économies du monde ne disposant pas en propre de ressources pétrolières importantes, fut soudain confrontée à une augmentation imprévue et impossible à rembourser de 400% du coût de leurs importations en énergie, sans parler du coût des produits chimiques et des engrais dérivés du pétrole. C’est à cette époque que les commentateurs ont commencé à parler de « triage », cette idée du temps de guerre où seuls les plus forts survivent, et qu’ils ont introduit le vocable de « tiers-monde »
Mais ce n’était qu’un prélude à la destruction généralisée des monnaies de bien d’autres pays.
La Commission trilatérale
Parler du « tiers-monde » induit qu’il y ait au moins deux autres classes de pays. C’était effectivement la vision portée par la Commission trilatérale. Celle-ci, créée en 1973 par David Rockfeller et Zbignew Brzezinski, venait étendre la sphère d’influence du Bilderberg (dont étaient issus un certain nombre de ses membres) qui était plutôt centré sur le monde occidental. Dans le souci « d’harmoniser » l’économie mondiale, le monde devait être divisé en trois classes de pays.
Les pays déjà industrialisés, donc riches, qui devaient dorénavant s’occuper de la finance, du commerce et des services, passant ainsi à l’ére post-industrielle. Les pays « émergents » dits « en voie de développement » qui allaient devenir les ateliers du monde et enfin le « tiers-monde » qui étaient voués à la pauvreté éternelle et qui ne devraient leur survie qu’à l’exploitation par les autres de leur sol et sous-sol.
Il faut bien comprendre que tout ceci faisait partie du même plan destiné à asservir l’économie mondiale au seul profit d’une caste dirigeante et que le moyen d’asservissement choisi était la monnaie, pour ne pas dire le dollar.
La lutte contre l’inflation, le prétexte retenu contre le « tiers-monde »
L’augmentation du prix du pétrole avait mis à mal les économies des pays non-producteurs et affaibli leur monnaie. Les médias sous influence des banquiers internationaux commencèrent alors une vaste campagne prônant le retour à la « rigueur budgétaire » sur un plan mondial. Le secrétaire d’Etat américain, Georges Schultz, fit en 1982 un discours devant les Nations-Unies en septembre 1982 axé sur la nécessité de cette rigueur. Il exhorta notamment le FMI à exercer une surveillance stricte sur le remboursement des dettes des pays en voie de développement, lesquels devaient trouver leur salut dans le « libre échange » et leur compétitivité accrue.
Or, le président du Mexique, Lopez Portillo, voulait utiliser les ressources pétrolières pour développer l’économie de son pays, mais la finance internationale ne voulait à aucun prix agrandir le cercle fermé des pays industrialisés qu’elle contrôlait. Le projet de Portillo fut paralysé par une obligation de remboursement strict de la dette mexicaine à des taux exorbitants.
Il déclara à son tour devant l’ONU, en réponse à Georges Schultz :
« Le Mexique et d’autres pays du tiers-monde sont incapables de se conformer à la période de remboursement convenue sous des conditions assez différentes de celles qui prévalent maintenant.
Nous, les pays en voie de développement, ne voulons pas devenir des vassaux.Nous ne pouvons pas paralyser nos économies ou plonger nos peuples dans une plus grande misère afin de rembourser une dette dont le service a triplé, sans que nous y ayons participé ni porté de responsabilité, et selon des conditions qui nous sont imposées.
Nos efforts de croissance pour vaincre la faim, la maladie, l’ignorance et la dépendance n’ont pas provoqué la crise internationale » (Guerre des monnaies p 279)
L’extension du piège aux autres pays
Les banquiers internationaux imposèrent à l’Argentine, au Brésil, au Pérou, au Vénézuela, à une grande partie de l’Afrique noire et de l’Asie,les mêmes mesures qu’au Mexique. Voici comment FW Engdahl décrivait cette véritable opération de pillage :
« Les puissants intérêts bancaires privés de New-York et de Londres rejetèrent toutes les voies de la raison. Ils s’arrangèrent pour amener la Réserve fédérale, la Banque d’Angleterre et, ce qui est le plus important, le pouvoir du fonds monétaire international, à agir comme le « gendarme » international dans ce qui devait devenir l’opération organisée de pillage la plus concertée de l’histoire moderne, dépassant de loin tout ce qui avait été fait dans les années 1920.
Contrairement à l’impression soigneusement cultivée dans les médias en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis, les pays débiteurs ont remboursé plusieurs fois les usuriers new-yorkais et londoniens, ces Shylock des temps modernes, avec le sang et la « livre de chair » proverbiale. Il est faux de dire que de grands pays du tiers-monde, après aoùt 1982, ont refusé de payer. Sous la pression du FMI, ils avaient le « couteau sous la gorge » et durent signer avec les principales banques privées, souvent conduites par Citycorp ou la Chase Manhattan de New-York, ce que les banques ont appelé par euphémisme « solutions à l’endettement ». (Guerre des monnaies p 280)
Or, ces dettes provenaient, pour la plupart, d’une action concertée des banquiers internationaux commencée dès les années 1960.
La World Conservation Bank
Une des conséquences de la rédaction du « rapport de la montagne de fer » fut la création de la World Conservation Bank. Un des axes du rapport était de développer la peur née du danger que représentait l’homme en polluant sa propre planète. Tout a commencé par le World Wilderness Congress, né en Afrique du Sud et qui se transforma en 1987, a Denver, en World Conservation Bank, sous l’impulsion conjointe des fondations Rockefeller et Rothschild. La dette des pays en voie de développement atteignait alors plus de 1.300 milliards de dollars. L’idée était de remplacer la dette par des « ressources naturelles » selon le principe du « Debt for Nature Swap ». Cela revenait à transformer une dette financière en compte sur la WCB en mettant en garantie leurs terres. De cette façon, ce qui était avant une créance « douteuse » se transformait en actif de qualité.
Le seul problème était qu’au cas ou un pays ne pourrait pas rembourser ses dettes, les créanciers deviendraient propriétaires de ces terres. A noter que les ressources mises en gage comprenaient toutes les autres ressources du sol et du sous-sol.
Après avoir libéré le dollar de la contrainte de l’or, puis l’avoir répandu partout dans le monde sous forme de pétrodollars et avoir commencé à étrangler les économies des pays émergents qui pouvaient se révéler de sérieux concurrents à venir, il fallait bientôt passer aux choses sérieuses. Le plan des banquiers internationaux se mettait en place d’une façon très discrète.
Le véritable objectif
Tout ce qui précède n’a de sens qu’à la condition que toutes ces actions, en apparence indépendantes les unes des autres, trouvent, telles les pièces d’un puzzle, leur place respective dans le tableau.
Vouloir aller trop vite aurait condamné l’ensemble à l’échec, et trop tarder faisait naître le risque que ce plan soit découvert à un moment où il était encore fragile. De quoi s’agissait-il ? Tout simplement de la prise de contrôle de l’ensemble de la monnaie mondiale par les banquiers internationaux.
La grande offensive fut lancée dès 1987 contre la finance japonaise. Le dynamisme économique de ce pays de 123 millions d’habitants l’avait propulsé à la première place des pays d’Asie. Le discours de Georges Soros de 1987 sonne comme une déclaration de guerre à la finance japonaise :
« Depuis pas mal de temps, le Japon produit plus qu’il ne consomme et les Etats-Unis consomment plus qu’ils ne produisent.Le Japon a accumulé les actifs financiers à l’étranger, tandis que les États-Unis ont accumulé les dettes. Ce double mouvement s’est accéléré à partir du moment où le Président Reagan a été élu sur un programme de réductions d’impôts et d’accroissement de la dépense militaire. Le Président américain a poursuivi la recherche de cette supériorité militaire, quelque peu utopique, au prix de rendre la domination américaine totalement illusoire. Quant au Japon, il continuait de grandir dans l’ombre des États-Unis aussi longtemps que possible.
Le Japon a, en effet, émergé comme le nouveau banquier du monde -prenant les dépôts du reste du monde, et prêtant et investissant dans le reste du monde.
Néanmoins, la perspective de l’émergence du Japon comme puissance financière dominante est troublante, non seulement du point de vue des Etats-Unis, mais pour le reste du monde.
Georges Soros oublie simplement que c’est la double nature du dollar qui oblige le Trésor américain à émettre de la dette pour satisfaire le besoin en dollars du commerce international.(ndr)
Notons également que le Secrétaire du Trèsor Larry Summers a, quelques temps après, adressé au Japon une menace à peine voilée :
« Un bloc économique asiatique avec le Japon à son sommet est en formation et cela soulève la possibilité que la majorité des Américains, qui ressentent maintenant que le Japon constitue une plus grande menace pour les États-Unis que l’Union soviétique, a raison »
Le sort du Japon en tant que menace financière était scellé et les instruments financiers sur les marchés à terme développés par les bourses américaines permirent aux banquiers internationaux de jouer à la baisse les valeurs japonaise firent éclater la « bulle » japonaise en anéantissant 60% de la capitalisation boursière de Tokyo. Une fois écartée la menace japonaise, les banquiers internationaux purent agir pour atteindre leur véritable objectif, qui était la « démolition contrôlée »des économies des pays en voie de développement.
L’offensive sur les pays européens
Malgré l’énorme influence des banquiers de Wall Street sur les finances européennes, les investissements des pays européens aux Etats-Unis étaient restés à un niveau très bas, du moins en apparence. Le pays qui investissait le plus était l’Angleterre, mais en réalité, la majeure partie des fonds provenaient de l’Allemagne. Lors de la réunification en 1990, le Sunday Telegraph publia ces quelques lignes :
« Supposons qu’une Allemagne réunie devienne un géant bienveillant, que se passera-t-il alors ?
Supposons qu’une Allemagne unie montre à la Russie comment devenir un géant bienveillant, que se passera-t-il alors ? En vérité, cela pourrait-être une dangereuse menace et non l’inverse. Car comment sur terre une défense efficace pourrait-elle s’opposer à une Allemagne unie qui a l’intention de suivre les règles? […]
L’Allemagne est merveilleusement bien placée, enfin, pour être l’agent principal qui ramènera le royaume slave dans le concert des nations »
Toujours cette même obsession anglo-américaine d’empêcher tout rapprochement entre l’Allemagne et la Russie. Et c’est exactement ce qui se passa puisque l’Allemagne devint très reconnaissante envers la Russie pour avoir accepté la réunification. Dès cet instant, il était capital pour les banquiers internationaux d’empêcher tout rapprochement. Il fallait donc enfermer l’Allemagne dans un ensemble qu’elle ne puisse pas quitter pour rejoindre la Russie. Cet ensemble fut la zone euro, alors même que les banquiers avaient déjà programmé la mort de l’euro avant qu’il n’existe, en y voyant un possible concurrent plus dangereux encore que le yen.
Le Cheval de Troie des monnaies européennes fut introduit par Soros qui joua à la baisse la livre et la lire, en raison de leurs énormes déficits budgétaires. Ils voulait les contraindre ainsi à quitter le SME (Serpent Monétaire Européen), sorte d’ancêtre de l’euro. L’Angleterre rendit les armes en septembre 1992 et quitta le SME.
Le choix cornélien de l’Allemagne
Il est dit quelque part que François Mitterrand avait échangé la mise en route de l’euro contre la réunification allemande. En réalité, le sentiment de Wall street restait très mitigé. Entre deux maux, les banquiers ont finalement choisi l’isolement de la Russie. Pour parfaire cet isolement géographique, ils firent également sorte que l’OTAN devienne une sorte d’antichambre de l’Union européenne. Les états baltes, puis de nombreux autres rejoignirent ainsi le camp occidental, ce dont la Russie éprouva un très fort ressentiment.
Il est également probable que le peuple allemand n’était pas tellement partisan de ce choix, essentiellement imposé par des considérations qui lui étaient totalement étrangères
Non. Le troc n’a pas précédé la monnaie….