Comment les USA ont-ils encerclé la Russie avec des laboratoires de recherche scientifique ? par Eric Verhaeghe
NEW YORK, NEW YORK – MARCH 11: Ambassador Vasily Nebenzia, Permanent Representative of the Russian Federation, holds documents as speaks during the U.N. Security Council meeting discussing the Russian and Ukraine conflict at the United Nations Headquarters on March 11, 2022 in New York City. The U.N. Security Council met at Russia’s request to discuss Russia’s claim of U.S.-supported chemical and biological weapon labs in Ukraine. Both Kyiv and Washington have denied the allegations and have called them Russian disinformation. Michael M. Santiago/Getty Images/AFP == FOR NEWSPAPERS, INTERNET, TELCOS & TELEVISION USE ONLY ==

Comment les USA ont-ils encerclé la Russie avec des laboratoires de recherche scientifique ? par Eric Verhaeghe


Partager cet article

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la question des laboratoires secrets de recherche installés dans les anciennes républiques soviétiques occupe une grande partie du discours officiel russe sur les intentions hostiles des Américains quant à leur sécurité. Loin d’être une invention complotiste, ce tissu de laboratoires a fait l’objet d’un processus diplomatique officiel dans les années 90. Les autorités américaines nient toutefois l’utilisation militaire.. de ces anciens laboratoires militaires russes.

La question des laboratoires américains de recherche revient régulièrement dans les inquiétudes exprimées sur la poursuite des combats en Ukraine. Non seulement l’Ukraine abrite des laboratoires de ce type, mais le phénomène concerne l’ensemble des anciennes républiques soviétiques.

Il faut ici rappeler les raisons pour lesquelles, de façon tout à fait officielle, les Etats-Unis ont pris possession de ces anciens laboratoires de l’Armée Rouge.

Le très officiel Nunn-Lugar Project

Pour comprendre le phénomène, il suffit de consulter le site de la National Security Archive, dépendant de l’université George Washington, pour avoir tous les détails sur un certain Nunn-Lugar Project, qui a consisté à confier aux autorités américaines des laboratoires de l’Armée Rouge spécialisé dans la guerre bactériologique. On le voit, ce dossier n’a rien de secret, du moins pour ce qui concerne le transfert de ces laboratoires aux autorités américaines à la chute du Rideau de Fer.

Nunn et Lugar étaient des sénateurs américains, qui ont piloté le Soviet Nuclear Threat Reduction Act of 1991 par lequel les Etats-Unis prévoyaient un transfert des stocks d’armes soviétiques dangereuses à l’OTAN… Ce dispositif a essentiellement concerné les armes nucléaires installées dans les anciennes républiques soviétiques devenues indépendantes après l’effondrement de l’URSS, mais il a aussi englobé des laboratoires d’armes chimiques ou bactériologiques.

Les pays concernés sont ceux de l’ancienne URSS : l’Ukraine, le Kazakhstan, la Biélorussie, notamment.

L’évolution de ces laboratoires pose question

Ce qui pose problème, c’est l’évolution progressive de ce processus. Comme l’indique la Carnegie Endowment International Peace, dont je parle beaucoup ces jours-ci, une fois les laboratoires transférés aux autorités américaines, un programme de réduction, mais aussi de modernisation, s’est mis en place. De l’aveu même des autorités américaines, ces laboratoires ont travaillé sur les coronavirus, pour mettre au point des tests.

Dès cette époque, les Russes ont accusé les Américains d’utiliser ces laboratoires pour mener des recherches sur des armes bactériologiques. C’était donc deux ans avant l’invasion de l’Ukraine. Et, il y a deux ans, les Américains répondaient déjà qu’il s’agissait de fantasmes, rappelant que les laboratoires en question étaient contrôlés par l’OMS.

On notera toutefois qu’une grande partie des réponses américaines consiste à qualifier les accusations russes de « complotistes » sans apporter d’élément absolument convaincant à l’appui de ce rejet. L’utilisation malicieuse de ces laboratoires militaires tombés du ciel a dû pourtant constituer, à un moment ou à un autre, une tentation facile pour de nombreux responsables civils et militaires américains.

Encore + de confidentiels et d’impertinence ?

Le fil Telegram de Rester libre ! est fait pour ça

Je rejoins le fil Telegram


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Le diagnostic dressé en février 2023 par Martin Wolf, célèbre éditorialiste au Financial Times,dans The Crisis of Democratic Capitalism, est d’une lucidité brutale, mais il se trompe de coupable : oui, le mariage entre capitalisme et démocratie bat de l'aile ; oui, les classes moyennes se sentent trahies par la mondialisation ; mais non, le capitalisme n’est pas intrinsèquement responsable de cette dérive vers l’autoritarisme. Ce qui tue la démocratie libérale aujourd'hui, ce n'est pas l'excès


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

C’était un moment de télévision d’une pureté soviétique, un instant suspendu où la réalité a fait une pirouette avant de s’écraser sur le marbre froid de l’Assemblée nationale. Nous avons assisté, émus aux larmes (payées par nos impôts), au calvaire de Patrick Cohen. Imaginez la scène : un employé de l’État, payé par la puissance publique, assis au cœur d'une institution publique, expliquant avec le plus grand sérieux que l'indépendance, la vraie, la seule, c'est celle qui est subventionnée. Et


CDS

CDS

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

Il aura fallu attendre l'hiver 2025 pour que la fiction juridique de la Ve République s'effondre enfin sous le poids de sa propre obsolescence. Le spectacle tragi-comique auquel nous assistons — ce rejet du budget, cette valse des Premiers ministres (Barnier, Bayrou, Lecornu) et ce recours humiliant à la "loi spéciale" — n'est pas une crise. C'est une clarification. C'est la preuve définitive que le logiciel du "parlementarisme rationalisé", conçu en 1958 pour museler la représentation natio


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Ukraine, Mercosur, fédéralisme : l'UE revient à la case départ, par Elise Rochefort

Ukraine, Mercosur, fédéralisme : l'UE revient à la case départ, par Elise Rochefort

Si les sommets de décembre sont traditionnellement ceux des bilans, celui qui vient de s'achever sous la houlette d'António Costa (son premier "vrai" grand oral d'hiver) a surtout ressemblé à une veillée d'armes budgétaire et géopolitique. Le document final, sobrement intitulé « Conclusions », se lit moins comme une liste de cadeaux de Noël que comme un inventaire lucide des défis qui attendent l'Union en 2026. Attention aux 3 sujets mortifères du Conseil européen, par Thibault de VarenneAutou


Rédaction

Rédaction