J'ai commenté par un THREAD sur twitter l'un des innombrables messages (j'en connais et apprécie personnellement l'auteur, par ailleurs chef d'entreprise très compétent) qui, ce jour anniversaire du pacte germano-soviétique, insistait sur la collusion des totalitarismes - sans aucun doute pour expliquer que, Poutine étant l'héritier de Staline qui avait lui-même signé un pacte avec Hitler, donc Poutine était aujourd'hui l'égal d'Hitler....Et si on faisait de l'histoire? Car il faut bien se rendre compte qu'on vit en pleine instrumentalisation. Le Parlement européen a instauré en 2010 le 23 août comme une journée commémorative pour rendre "le nazisme et le communisme" responsables de la Seconde Guerre mondiale! La construction d'un discours qui puisse légitimer l'exclusion de la Russie de tout ce qui est "européen" - même au prix d'une réhabilitation partielle du nazisme - remonte à l'élargissement de l'OTAN du début des années 2000 et à la "révolution orange" de 2004 en Ukraine.
Et si on faisait un peu d’histoire?
1. Les premiers responsables du malheur soviétique et des 70 ans qui ont suivi sont les Allemands qui envoyé Lénine, sciemment, en Russie, pour qu’il y fasse le maximum de dégâts. On remarquera que les mêmes Allemands ont remis cela…1/16 https://t.co/Dl06PkNcFI— Edouard Husson (@edouardhusson) August 23, 2022
Il faut rappeler en effet que:
+ L’Allemagne de Guillaume II est la première responsable de la soviétisation de la Russie, puisqu’elle y a renvoyé Lénine dans l’intention de détruire la puissance russe!
+ Hitler a tué autant de Soviétiques que la Première Guerre mondiale, Lénine et Staline réuni!
+ Le pacte germano-soviétique est la réponse de Staline aux accords de Munich.
+ Sans que l’un soit plus justifiable moralement que l’autre, les deux totalitarismes de l’entre-deux-guerres diffèrent. Totalitarisme de la guerre civile, le communisme respectait les accords internationaux qu’il signait; tandis qu’aucun compromis diplomatique n’était possible avec Hitler et son totalitarisme fils de l’impérialisme colonial appliqué à l’Europe.
+ Toute la Guerre froide a été fondée sur l’idée (européenne) que l’on pouvait trouver un compromis diplomatique avec l’URSS car la guerre nourrirait le communisme tandis que la paix aiderait à le faire tomber.
+ A vrai dire, Staline avait espéré à l’origine qu’entre l’Europe sous influence anglo-saxonne et la sphère de protection des intérêts soviétiques, il y aurait une vaste zone neutre et démilitarisée, qui irait de la Scandinavie aux Balkans, comprenant en particulier l’Allemagne.
+ La politique étrangère américaine est incapable d’accepter un partage des sphères d’influence et un équilibre des puissances. Entre 1945 et 1947, Washington n’a cessé de “chatouiller” les Soviétiques…jusqu’en Ukraine, avec l’infiltration d’agents américains pour aller soutenir les nationalistes ukrainiens anciens alliés des nazis luttant contre les troupes du NKVD. Un air de déjà vue? Toujours est-il que l’Europe s’est retrouvée, à la fin du bras de fer stérile entre messianisme américain et messianisme soviétique, coupée en deux!
+Depuis 1991, les Américains refusent que l’Ukraine puisse être neutre. Elle devait être occidentale, c’est-à-dire en fait américaine…même au prix d’une guerre avec la Russie.
+ Personne ne niera les atrocités soviétiques dans les Pays baltes et en Pologne à la faveur du pacte germano-soviétique. Mais n’oublions jamais que les nazis y ont fait bien pire après juin 1941.
+ On ne comprend ce qui s’est passé au XXè siècle en Europe centrale et orientale que si l’on accepte que (a) tous les peuples de l’URSS, y compris la Russie, ont atrocement souffert du joug communiste; (b) tous les peuples y compris l’Ukraine, les Lituaniens, les Lettons et les Estoniens, ont fourni leur lot de communistes persécuteurs.
L’instrumentalisation du pacte germano-soviétique par l’Union Européenne a créé un climat peu favorable à la paix en Europe
J’ai bien conscience, en écrivant tout cela, d’aller contre l’instrumentalisation de l’histoire que pratique l’Union Européenne depuis qu’en 2009 a été instaurée par le Parlement Européen une journée commémorative du 23 août.
A première vue, qui ne se réjouirait que soit célébrée une journée européenne du souvenir des victimes des totalitarismes? Sauf que cette initiative n’est pas si honnête qu’elle en a l’air. Elle a été poussée en particulier par les pays baltes dans une optique anti-russe.
C’est à l’abri de cette commémoration désincarnée, décontextualisée qu’ont pu avancer, depuis vingt ans, de véritables réhabilitations de la collaboration des pays baltes ou d’une partie des Ukrainiens avec la nazisme.. C’est une tendance lourde, qui remonte à l’entrée de la Pologne et des Pays baltes dans l’OTAN et à la “révolution orange en Ukraine. Comme le résume Jean-Marie Chauvier:
“Certaines institutions européennes, tels le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, assimilent désormais nazisme, stalinisme et communisme. Les médias jugent Hitler et Staline coresponsables de la guerre en raison de leur pacte de non-agression signé en 1939 et de ses clauses secrètes. La Pologne insiste particulièrement sur le massacre de ses officiers opéré par les Soviétiques à Katyn en 1940. (…)
A grands coups d’instituts et de musées vitupérant les « occupations soviétiques » et les horreurs bolcheviques, les nouveaux Etats baltes et l’Ukraine sous la présidence de Viktor Iouchtchenko ont mis en chantier des « mémoires nationales » qui valorisent les « résistances patriotiques » des années 1941-1945. Ainsi honorent-ils l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), qui lutta contre l’Armée rouge et dont les principaux chefs s’engagèrent dans la collaboration avec l’Allemagne nazie.
Célébrations, défilés, hommages et constructions de monuments se succèdent. En Lettonie et en Estonie, ils sont voués aux anciens SS ; en Ukraine, aux vétérans de la division (Waffen SS) Galichina (Galizien) et de l’Armée des insurgés (OUN-UPA), pourtant accusée, entre autres crimes, du génocide des Polonais de Volhynie. En Roumanie, c’est la mémoire du dictateur fasciste Ion Antonescu qu’on « restaure » ; en Pologne, les anciens des Brigades internationales en Espagne se voient traités de « criminels ».
Ce « révisionnisme » s’imposerait aisément s’il n’y avait eu le génocide des Juifs. Or les nazis et leurs alliés combattaient le « judéobolchevisme » : l’antibolchevisme a bonne presse, mais pas le judéocide. Certains persistent néanmoins à dénoncer les « crimes juifs » du régime soviétique. En 2009, par exemple, les services de sécurité ukrainiens (SBU) publient une liste de « responsables de la famine de 1932-1933 » (Holodomor) dont les noms sont principalement juifs. Kiev comme Riga prennent toutefois garde que leurs politiques mémorielles ne versent pas dans le négationnisme. Mieux : en coopération avec Israël, les autorités commémorent l’ Holocauste. Mais comment dissimuler que, parmi les « patriotes » réhabilités, figurent des acteurs du génocide ?“
On lira aussi la très bonne analyse de Lionel Richard, parue en 2010, toujours dans le Monde diplomatique, qui se termine par ces mots: “l’origine de la Seconde Guerre est-elle imputable à ce pacte germano-soviétique ? Le prétendre revient à falsifier la nature du national-socialisme et à minimiser la culpabilité de l’Allemagne nazie, en la détournant partiellement sur l’URSS. L’invasion de la Pologne avait été planifiée par le haut commandement de la Wehrmacht, ainsi qu’en attestent les archives, dès la fin janvier 1939. Sept mois avant le pacte germano-soviétique…. ”
Laissons le dernier mot à, Jean-Marie Chauvier, qui écrivait, en 2010, de manière prémonitoire:
“La soif de savoir ne semble pas le moteur des « nouvelles identités » nationales et européennes. Des objectifs géopolitiques transparaissent : les « nouveaux grands récits » tendent à redéfinir les frontières, les appartenances « civilisationnelles ». Les actes « mémoriels » s’accompagnent de demandes de réparations à la Russie actuelle : la Lettonie exige 666 millions de dollars au titre de l’« occupation soviétique ».
Dans un tel climat de « guerre froide des mémoires », les politiques de « gestion du passé » paraissent moins destinées à connaître l’histoire qu’à l’instrumentaliser”.
Remarquons que le communisme de Marx est une « image-miroir » du nazisme hitlérien : tous deux ont été créés par le cartel des banques centrales, et tous deux sont socialistes. La seule différence est que l’un exalte la race tandis que l’autre met en avant la classe sociale.
Un peu d’histoire : En 1905, le tsar Nicolas II refusa d’accepter la création sur le sol Russe d’une Banque centrale, comme cela arrivera en 1913 avec la « Federal Reserve » aux USA (la « FED »), banque qui, au moyen du contrôle du crédit, aurait permis aux « puissance d’argent » de contrôler l’économie Russe. Le premier organisme bancaire central en Russie a été créé le 12 juin 1860 sous le nom de Banque d’État de l’Empire russe, qui a été formée sur la base de la Banque commerciale d’État par l’oukaze (décret ou édit) de l’empereur Alexandre II. Il était précisé dans les statuts que cette banque était destinée au crédit à court terme du commerce et de l’industrie. Au début de 1917, la banque comptait onze succursales, 133 bureaux permanents et cinq bureaux temporaires et 42 agences. En novembre 1917, lors de la « révolution d’Octobre », la Banque d’État Russe a été dissoute et remplacée par la Banque populaire de Russie ; on passera alors d’un Gouverneur de la banque nommé par Nicolas II (rappelons que la famille impériale du tsar et le Tsar ont été massacrée en juillet 1918), à un Président du Conseil d’Administration nommé par le Premier ministre de l’Union soviétique, en l’occurrence Lénine. La Banque populaire de Russie existera jusqu’à la création, en 1923, de la Gosbank (banque centrale de l’Union Soviétique) devenue depuis décembre 1991, la Banque centrale de la fédération de Russie.
Supervisées par la BRI en Suisse (Banque des Règlements Internationaux), les banques centrales sont aujourd’hui l’élément pivot, fondamental, du système monétaire mondial. En prenant le contrôle des monnaies, ces « puissances d’argent » ont pris le contrôle des économies puisqu’elles étaient en mesure de décider, en toute autonomie et de façon discrétionnaire, de l’affectation des ressources monétaires.
NB : Au lendemain de la révolution bolchevique, la « Standard Oil of New Jersey », propriété des Rockefeller, achetait 50% des gigantesques gisements pétrolifères du Caucase, bien qu’ils fussent officiellement propriété d’Etat. Carroll Quigley, ancien professeur d’histoire à Princeton et à Harvard, a écrit (Tragedy and Hope) : « c’est l’Union Soviétique qui a insisté pour que le Quartier Général des Nations Unies soit établi aux États-Unis. ».
Aussi, est-ce une coïncidence si le terrain sur lequel est construit ce Quartier Général a été donné par les Rockefeller ?
Suite : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/
Lu sur votre blog : “Amplifiée et diffusée aujourd’hui par le biais des moyens gigantesques de communication, {l’erreur] est le monde qu’on superpose à votre regard, tel un écran, pour vous empêcher de voir la vérité”. On ne saurait mieux dire !
Dans le roman “Gogoland” que j’ai dû renoncer à publier, je décrivais le monde comme un gigantesque parc d’attractions en trompe-l’œil ; un décor d’illusions où, tandis que les foules innocentes s’entassent sur des manèges qui les font littéralement tourner en bourrique, les “fauxrains” comptent leur recette et élaborent de nouveaux attrape-nigauds, toujours plus lucratifs.
intéressant. Merci.
Vous avez bien fait de prétendre au début de votre texte que nazisme et communisme de Marx sont tous deux “socialistes”. Cette affirmation d’ une bêtise insondable (le socialisme consistant à nationaliser les grands moyens de production, il n’ y a bien sûr jamais eu une once de socialisme en Allemagne nazie) m’ a fait gagner du temps : je n’ ai pas lu la suite.
Excellent texte d’Edouard Husson (une fois de plus !) sur l’instrumentalisation occidentale, sujet d’une brûlante actualité. Instrumentalisation à laquelle il faut ajouter celle des anglo-saxons pendant la 2GM pour laisser l’Union soviétique faire le sale boulot contre l’Allemagne nazie au prix de 27 millions de morts afin de créer une Pax Américana pour préparer les accords de Bretton Woods qui devaient installer la suprématie planétaire du dollar.
Ceci explique la volonté du deep state américain de vouloir re-jouer aujourd’hui le scénario de la Pax Americana avec la guerre en Ukraine, mais ne leur en déplaise, la Russie de Poutine n’a plus rien à voir avec celle d’hier, l’Histoire ne repassant jamais les plats.
Merci.
La recherche de la vérité historique risque d’être tout simplement interrompue
https://reseauinternational.net/les-historiens-nont-plus-acces-aux-archives-de-39-45-leurs-travaux-sont-menaces/