Nous reprenons aujourd'hui la publication des lettres hebdomadaires de Florent Machabert consacrées à la sécession patrimoniale. Ne manquez pas la publication demain de son dossier consacré à l'achat d'art et d'oeuvres d'art pour protéger son épargne.
Une baisse des taux d’intérêt en Chine à contre-courant
Contrairement aux pays occidentaux, dont les banques centrales accélèrent la remontée de leurs principaux taux directeurs (on s’attend ainsi à ce que la BCE remonte le sien de 0,75 pt de % dès la semaine prochaine), la Chine vient d’abaisser ce lundi 29 août, pour la 2ème fois de l’année, deux de ses taux d’intérêt de référence. Le « loan prime rate » (LPR) à un an (la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages chinois) passe ainsi de 3,70% à 3,65%, et celui à cinq ans (la référence pour les prêts hypothécaires, ceux-là même qui ont dégénéré aux USA en 2007) passe de 4,45% à 4,3%.
Ces deux taux atteignent leur niveau le plus bas : le LPR à un an avait été baissé une première fois en janvier dernier, celui à cinq ans, en mai. Cette mesure, qui va bien sûr rendre le crédit plus attractif pour les entreprises comme pour les ménages, vise à soutenir une économie ralentie par la crise du secteur immobilier et par les restrictions sanitaires toujours aussi sévères imposées dans le cadre de la politique « zéro Covid », qui entraîne confinements et mises à l’arrêt instantanées de nombreuses entreprises dès l’apparition de « cas positifs », pénalisant ainsi lourdement l’activité, comme le confirme la baisse surprise de 8% de ses émissions de CO2 en 2021… On rappelle toutefois que le rendement des titres de dette (chinois) que nous vous conseillions ici de mettre dans votre portefeuille sécessionniste évoluant toujours en sens inverse des taux d’intérêt, cette baisse annoncée par la BPC (Banque Populaire de Chine) est une bonne nouvelle car elle rend plus attractifs pour les épargnants les obligations chinoises les plus anciennes, lesquelles, sur l’année écoulée, ont dégagé plus de 7% de rendement. De quoi absorber l’inflation française.
Le chiffre de la semaine
Les Français ont épargné en moyenne 17,1% de leurs revenus au 1er trimestre 2022
Selon la Banque de France, le taux d’épargne des Français sur janvier-mars 2022 dépasse légèrement les 17%, soit une nette baisse par rapport aux 21% de 2020 (pandémie), et ce du fait de la flambée inflationniste pré-guerre en Ukraine. Ce taux d’épargne se situe cependant structurellement bien au-dessus des 14% « de croisière ». La valeur du patrimoine financier (épargne réglementée, assurance-vie, actions, SCPI, etc.) des ménages a d’ailleurs baissé de 2% en moyenne au premier trimestre 2022. Cette diminution est notamment due à des « effets de richesse » négatifs (baisse de valorisation notamment des actions) et à la chute des nouveaux flux d’investissement. Pourtant, ce repli a été partiellement contrebalancé par des investissements plus importants de la part des Français dans des actifs plus risqués (actions ou unités de compte en assurance-vie), signe qu’une proportion croissante de nos compatriotes ont enfin saisi à la fois l’urgence de faire sécession (en jetant par-dessus bord la dette française dont sont bourrés leurs contrats d’assurance-vie) et l’impérieuse nécessité pour avoir du rendement d’accroître leur niveau de risque. Les Allemands, eux, consacrent en moyenne 21,5% de leurs revenus à l’épargne… dans des fonds de pension qui ne pourront guère continuer à fonctionner avec des taux d’intérêt réels négatifs, sauf à priver les retraités allemands de leurs rentes.
Les Français disent cependant « vouloir » davantage épargner, mais ne pas « pouvoir » le faire. Ou ne pas savoir le faire ? Pour mettre en place et appliquer votre stratégie personnelle d’investissement, n’hésitez pas à consulter les précédents hebdos de l’épargnant et dossiers thématiques ou à vous abonner à notre mensuel de (ré)(in)formation Finance & Tic.
La déclaration de la semaine
« La lutte contre l’inflation va faire souffrir les ménages », Jérôme Powell
Jérôme Powell, le président de la Banque centrale américaine (Fed), a récemment estimé que l’inflation ferait « souffrir » les Américains, mais qu’a contrario, renoncer à remonter les taux pourrait mettre en péril l’économie. Il estime que revenir à la stabilité des prix « prendra du temps » et entraînera « une longue période de croissance plus faible ainsi qu’un ralentissement du marché du travail », lesquels s’observent déjà. Ambiance.
Face à une inflation au plus haut depuis près de 40 ans, à 8,5% sur un an, la Fed relève assez brutalement ses taux directeurs depuis le mois de mars. Cela augmente par ricochet les taux d’intérêt des crédits accordés par les banques commerciales à leurs clients (particuliers et entreprises), afin de provoquer un ralentissement volontaire de l’économie, pour tenter de desserrer la pression sur les prix et ne pas enclencher de boucle prix-salaires comme dans les années 70. Assis sur une montagne de 30 000 Mds $ de dette publique, le Gouvernement américain risque toutefois de faire vite siffler la fin du resserrement monétaire, lequel devrait en réalité, pour réellement contrer une inflation à près de 9%, se traduire par un relèvement des taux à environ… 10% (comme eut le courage et bien plus de le faire Volcker au début des années 80), ce qui aurait pour désagréable conséquence de porter la charge de la dette américaine à 100% des recettes fiscales (sans compter la récession), le tout en pleine campagne des Midterms ! Pas sûr que Sleepy Joe goûte ce sketch longtemps.
L’actif de la semaine
Les cryptos, actifs verts
Le Bitcoin Mining Council (BMC), forum mondial volontaire des sociétés de minage du Bitcoin et d’autres sociétés de l’industrie Bitcoin, a annoncé les résultats de son enquête du deuxième trimestre 2022 axée sur trois variables : consommation d’électricité, efficacité technologique et mix énergétique durable. Le BMC a collecté les données de plus de 50% du réseau Bitcoin mondial.
Il en ressort que les membres du BMC et les répondants utilisent actuellement l’électricité avec un mix énergétique durable de 66,8% ! Sur la base de ces données, on estime que le mix électrique durable de l’industrie mondiale de l’extraction de bitcoins est désormais de 59,5% et a augmenté d’environ 6% d’une année sur l’autre, du deuxième trimestre 2021 au deuxième trimestre 2022, ce qui en fait l’une des industries les plus durables au monde ! Voilà pour la culture écolo/crypto de Christine Lagarde.
De plus, d’une année sur l’autre, on estime que l’efficacité technologique du réseau mondial Bitcoin a augmenté de 46%, passant de 14,4 EH (indice de minage de blockchain) par gigawatt (GW) au T2 2021 à 21,1 EH par GW au T2 2022. Malgré le passage à vide des cryptos actuellement, on peut voir leur avenir en rose… et en vert ! Un dossier leur sera dédié d’ici la fin de l’année.
Retrouvez nos dossiers bimensuels dans la boutique : le N°1 consacré aux différentes classes d’actifs pour traverser la stagflation ; le N°2 sur l’or-investissement ; le N°3 sur les métaux blancs ; le N°4 sur les matières premières. Le N°5 paraîtra le 11/09 prochain et portera sur l’art-investissement.
Sources : Banque de France, Bloomberg