Voici la vingtième-et-unième d'une série de leçons libertariennes par Nicolas Bonnal. Que nous nous définissions plutôt comme "conservateur", "Old Whig" (à la Edmund Burke) républicain (tel le Romain Cincinnatus au Vè siècle avant Jésus-Christ, représenté ci-dessus par Bénouville, en 1844, qui retournait à sa charrue sans s'attarder un jour de plus à Rome quand il avait sauvé la ville des dangers qui planaient sur elle ) ou libertarien, nous partageons un constat, qui est aussi une conviction, un état d'esprit: nous voulons préserver les libertés fondatrices de nos sociétés. La France, l'Angleterre, les Etats-Unis et d'autres nations témoignent de la même expérience: leurs libertés se trouvent à l'origine de leur histoire; et beaucoup de ceux qui prétendent agir au nom du progrès ont en fait une attitude profondément liberticide! En nous faisant relire, depuis le début de l'été, Goethe, Joseph de Maistre, Nietzsche, Thoreau, Burke, etc... - aujourd'hui Bertrand de Jouvenel- Nicolas Bonnal se propose de renforcer nos capacités à résister aux tyrannies contemporaines, l'occidentale et les autres.
Plus folle et totalitaire que jamais, entre ses guerres, ses vaccins, ses Reset et ses chasses au petit blanc, la démocratie occidentale nécessite une cure de jouvence libertarienne – et surtout un petit rappel du Maître (Jouvenel donc) qui se rend compte comme Hayek vers 1944-45 que quelque chose va mal au pays des libertés privées et publiques.
Relire Du Pouvoir
Le grand chapitre de Du pouvoir est selon moi celui sur la démocratie totalitaire. Comment se fait-il qu’en termes de tyrannie, règles, lois, guerres et conquêtes (coloniales ou autres), la démocratie puisse tout se permettre ?
Réponse : le droit de vote. Bitru supporte tout depuis qu’on lui a donné le droit de vote – à commencer par la conscription et la guerre ad mortem contre les « tyrans ». Jouvenel cite Taine (voyez mes textes sur cet auteur extraordinaire) :
« Sous les menaces et les souffrances de l’invasion, observe Taine, le peuple a consenti à la conscription: Il la croyait accidentelle et temporaire. Après la victoire et la paix, son gouvernement continue à la réclamer: elle devient permanente et définitive; après les traités de Lunéville et d’Amiens, Napoléon la maintient en France; après les traités de Paris et de Vienne, le gouvernement prussien la maintient en Prusse. »
La gangrène française a gagné le monde :
« De guerre en guerre, l’institution s’est aggravée: comme une contagion elle s’est propagée d’État en État; à présent elle a gagné toute l’Europe continentale, et elle y règneavec le compagnon naturel qui toujours la précède ou la suit, avec son frère jumeau, avec le suffrage universel, chacun des deux plus ou moins produit au jour et tirant après soi l’autre, plus ou moins incomplet ou déguisé, tous les deux conducteurs ou régulateurs aveugles et formidables de l’histoire future, l’un mettant dans les mains de chaque adulte un bulletin de vote, l’autre mettant sur le dos de chaque adulte un sac de soldat… »
Taine entrevoit les charniers de Quatorze et de quarante :
« ...avec quelles promesses de massacre et de banqueroute pour le XXème siècle, avec quelle exaspération des rancunes et des défiances internationales, avec quelle déperdition du travail humain, par quelle perversion des découvertes productives, par quel recul vers les formes inférieures et malsaines des vieilles sociétés militantes, par quel pas rétrograde vers les instincts égoïstes et brutaux, vers les sentiments, les moeurs et la morale de la cité antique et de la tribu barbare, nous le savons… »
En démocratie, ce n’est jamais le peuple qui décide
Ensuite il y a un problème : en démocratie ce n’est jamais le peuple qui décide ou qui gouverne ; Jouvenel cite aussi Montesquieu
« Comme dans les démocraties le peuple paraît faire à peu près ce qu’il veut, on a mis la liberté dans ces sortes de gouvernements, et on a confondu le pouvoir du peuple avec la liberté du peuple.»
Il en tire vite une conclusion essentielle ; la souveraineté du peuple est une fiction.
« Cette confusion est le principe du despotisme moderne. On peut, par des institutions sagement combinées, assurer la garantie effective de chaque personne contre le Pouvoir. Mais il n’y a point d’institutions qui permettent de faire concourir chaque personne à l’exercice du Pouvoir, car le Pouvoir est commandement et tous ne peuvent commander. La souveraineté du peuple n’est donc qu’une fiction et c’est une fiction qui ne peut être à la longue que destructive des libertés individuelles. »
Jouvenel est un nostalgique subtil de la royauté traditionnelle :
« La volonté royale était connue pour celle du personnage couronné, de son favori, de son ministre: elle était par là humaine et particulière, de plain-pied avec les autres volontés. La volonté du Pouvoir démocratique se dit générale. Elle accable chaque individu sous le poids de la totalité des individus qu’elle représente, et opprime chaque intérêt particulier au nom d’un intérêt général qui s’incarne en elle. »
Ce qui dirige, c’est l’abstraction….
En démocratie ce qui dirige, c’est l’abstraction, c’est le tout :
« La fiction démocratique prête aux régents l’autorité du Tout. C’est le Tout qui veut, c’est le Tout qui agit. »
La royauté protégeait les pouvoirs locaux. Cet heureux temps n’est plus, comme dit Racine – qui n’avait pas vu Bruxelles ou Washington.
A ce sujet Jouvenel cite aussi Tocqueville : « Les vieux pouvoirs locaux disparaissent sans se rajeunir ou être remplacés par rien, et partout à leur place le gouvernement central prend la direction des affaires. Toute l’Allemagne donnerait plus ou moins le même spectacle, je puis dire tout le continent. Partout on sort de la liberté du Moyen Age, non pour entrer dans la liberté moderne mais pour retourner au despotisme antique, car la centralisation, ce n’est autre chose que l’administration de l’empire romain modernisée.» Lettre à H. de Tocqueville dans OEuvres, t. VII, p. 322-323.
Dès le début de la Révolution on va tout balayer. Jouvenel cite Sieyès :
« La France ne doit point être un assemblage de petites nations qui se gouverneraient séparément en démocraties, elle n’est point une collection d’États; elle est un tout unique, composé de parties intégrantes; ces parties ne doivent point avoir séparément une existence complète parce qu’elles ne sont point des touts simplement unis, mais des parties formant un seul tout. Cette différence est grande, elle nous intéresse essentiellement. Tout est perdu si nous nous permettons de considérer les Municipalités qui s’établissent, ou les Districts ou les Provinces, comme autant de républiques unies seulement sous les rapports de force et de protection commune. »
Violences démocratiques
La chasse aux centrifuges (la Vendée…) commence et la démocratie génocidaire sait s’illustrer :
« Tout pouvoir fait nécessairement la guerre aux tendances centrifuges. Mais la conduite du Pouvoir démocratique offre des particularités remarquables. Il se présente comme venant libérer l’homme des contraintes que faisait peser sur lui l’ancien Pouvoir, issu plus ou moins directement de la conquête. Pourtant la Convention guillotine les fédéralistes, le Parlement d’Angleterre écrase, sous des répressions qui sont parmi les plus sanglantes de l’Histoire, le séparatisme national irlandais, le Gouvernement de Washington déchaîne une guerre telle que l’Europe n’en avait pas encore vu pour étouffer les tentatives des États du Sud de s’organiser en corps séparé. Faut-il citer encore l’action de la République espagnole en 1934 contre la volonté d’indépendance catalane? »
Voilà pour la cruauté démocratique. Ensuite, il y a le fait que le peuple n’a pas le pouvoir et que certains n’auraient pas dû attendre la réélection de Macron pour le savoir :
« Loin que le peuple soit seul auteur des lois, il ne lui est même pas permis de se prononcer sur les plus générales, qui affectent le plus profondément son existence. Quoiqu’il existe un mode de consultation populaire, le référendum, qui a fait ses preuves en Suisse, le Pouvoir démocratique n’a garde d’y recourir. »
On fait la chasse au local et au particulier (cf. le social-corporatisme de Minc) :
« Le vocable même d’intérêt particulier est alors devenu et demeuré une manière d’injure, évolution du langage qui reflète, pour peu qu’on y réfléchisse, la perpétuelle mobilisation de l’opinion sociale contre les fractions constituantes de la communauté. »
Avènement de la tyrannie
Comme chez Platon (voyez mes textes sur Bloom et Platon), l’avilissement démocratique débouche sur la tyrannie :
« L’Autorité n’est plus alors qu’un enjeu, elle perd toute stabilité, toute considération. Le caractère de ceux qui l’exercent va sans cesse s’abaissant jusqu’à ce qu’enfin le Palais du Commandement ait un occupant qui décide de ne point s’en laisser chasser: c’est le tyran. »
Et puis il y a un problème : la démocratie a une élite de gens très occupés par les fonctions et les commissions et cette élite méprise le peuple « pas assez éclairé » depuis toujours ; cette fois Jouvenel cite Kant :
« Le philosophe rangeait parmi les passifs « tous ceux qui pour la conservation de leur existence, leur nourriture ou leur protection, dépendent d’un autre particulier », c’est-à-dire qu’il aurait refusé le droit de vote à tout le personnel salarié d’une usine. Ce n’est pas, chez d’autres penseurs, l’indépendance mais le loisir qui est le critère des droits civiques. Et ici l’on sent l’influence d’Aristote: c’est le loisir de réfléchir aux affaires publiques qui fait le citoyen, point de loisir point de citoyen. On trouve chez Sieyès et même chez Rousseau comme un regret honteux des facilités que l’esclavage antique donnait à l’homme libre pour former une opinion éclairée. »
Les parlements dégénèrent très vite (cf. l’actuel, drivé par Mélenchon et Le Pen, qui est presque comique dans sa volonté – on pense au deus otiosus d’Eliade – de ne rien foutre) :
« L’avilissement de l’électeur et l’abaissement de l’élu ne sont encore qu’accidentels. Ils vont progressivement devenir systématiques. Des syndicats d’intérêts et d’ambitions se formeront qui, regardant l’assemblée comme une simple attributrice du Pouvoir et le peuple comme un simple remplisseur de l’assemblée, s’ingénieront à capter les suffrages pour investir des députés dociles qui rapporteront à leurs maîtres l’enjeu de toute l’opération; le commandement de la Société. »
Jouvenel découvre comme Cochin Ostrogorski qui a très bien décrit la « machine » administrative et politique. Et cela donne quelque chose de déplorable la machine :
«C’étaient de grands esprits, les Rousseau, les Jefferson. Les techniciens de la machine n’ont pas de si hautes prétentions; mais ils connaissent l’homme réel, qui veut de la chaleur, de la camaraderie, de l’esprit d’équipe, et qui est capable pour son clan de nobles sacrifices. Fondée sur une psychologie empirique, la machine réduit au néant et au ridicule les prétentions de la philosophie politique. »
On reverra le Grand McGinty du génial Preston Sturges à ce sujet.
En marche…et disciplinés!
Toujours aussi implacable Jouvenel ajoute :
« Loin d’éveiller la capacité citoyenne chez ceux qui ne la possèdent pas encore, on l’éteint chez ceux qui l’ont acquise. »
Les partis établissent leur tyrannie (voyez nos textes sur Roberto Michels) et Jouvenel établit un parallèle entre démocratie et discipline militaire en citant cette fois Baudelaire :
« Pour étouffer la curiosité que peut inspirer un orateur éminent du bord adverse, pour combattre l’envie de s’instruire par la connaissance d’arguments différents, pour anéantir cette gentillesse naturelle qui prédispose l’homme en faveur de son prochain, on fait vibrer la corde du loyalisme. C’est trahison de lire le journal de l’ennemi, de se rendre à ses réunions sinon pour couvrir sa voix et ensuite le réfuter d’après un canevas passe-partout. Car la bataille politique est une véritable guerre. Baudelaire s’étonnait déjà d’y trouver un langage militaire: « L’avantgarde de la démocratie “, « à la pointe du combat républicain “, et autres. Le poète avait raison. On a transformé les électeurs en soldats, en « militants “. C’est que leurs meneurs sont des conquérants du Pouvoir. »
La politique n’attire donc que les nuls et les soumis – ou les roués :
« La machine a commencé d’écarter les intelligences et les caractères. Maintenant ils s’écartent d’eux-mêmes. Le ton et l’allure de l’assemblée vont s’abaissant. Elle perd toute considérationl. La puissance effective quitte d’ailleurs l’assemblée à mesure que les partis gagnent en consistance et en discipline. Si l’un d’eux dispose d’assez de sièges pour dominer l’assemblée, elle n’est plus qu’une chambre d’enregistrement de ses décisions. Dans ces conditions aucun gouvernement n’est possible que celui voulu par le parti, que celui du parti. »
Le résultat c’est (par exemple) la tyrannie de Macron et de son parti :
« Ainsi la pratique des partis a fait passer la Souveraineté du Parlement à la Machine victorieuse et les élections ne sont plus qu’un plébiscite par lequel tout un peuple se remet entre les mains d’une équipe. »
Magnifique conclusion : « Les citoyens acceptent cette tyrannie et ne la haïssent que trop tard. »
On se consolera avec cette dernière observation :
« Mais on remarque que là même où la poussée du Pouvoir ne les dépossède point, les citoyens se déchargent eux-mêmes. »
Vive donc Biden, Leyen et Macron. Et une énième guerre exterminatrice pour « faire du monde un lieu sûr pour la démocratie ».
Sources :
Jouvenel – Du pouvoir (éditions Pluriel)
Bonnal – Chroniques sur la fin de l’Histoire ; petits écrits libertariens (Amazon.fr)
Taine – Les origines de la France contemporaine (Archive.org)
Quelle crétinerie suffisante accumulée en thèse de club pseudo savant !
Par contre, les sympathies officielles de Bertrand de Jouvenel avec le nazisme, elles, ne font plus débat. Le réel. Des collabos qui plongeront avec délectation et enthousiasme dans la Collaboration. Chacun ses références bibliographiques.
Le planisme, une idéologie fasciste française : https://www.voltairenet.org/article15364.html
Je cite l’article : “Bertrand de Jouvenel est alors fasciné par le « planisme » mais aussi par Adolf Hitler à qui, grâce à son ami Otto Abetz, spécialiste de la propagande en France et conseiller de Ribbentrop, il fournit une véritable tribune en publiant dans Midi-Paris du 28 février 1936 un reportage enthousiaste : « Quoi cet homme si simple, qui parle doucement, raisonnablement, gentiment avec humour, est-ce là le redoutable meneur de foule qui a soulevé l’enthousiasme forcené de toute la nation allemande et en qui le monde entier a cru voir un jour une menace de guerre ? (…) Il rit franchement. Son visage s’approche du mien. Je me sens plus du tout intimidé. Je ris aussi… » [8]. Bertrand de Jouvenel, défenseur de la « bonhomie nazie », s’allie avec des syndicalistes CGT comme Robert Lacoste, des néo-socialistes comme Louis Vallon ou Georges Roditi et des techniciens qui adhèrent à l’idéologie du 9 juillet.”
Citation importante de 2015:
JC Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Ca a le mérite de la clarté. Donc inutile de trop se prendra la tête avec le concept de démocrassie.
Si le peuple n’a pas le pouvoir, alors ce n’est pas de la démocratie. Appelons un chat, un chat une bonne fois pour toutes. Maintenant si le peuple est trop crétin, trois quarts mouton, le reste chacal et les dirigeants, l’élite, avides, corrompus, malhonnêtes et orgueilleux, cent pour cent chacal, alors la démocratie est un avorton et c’est sans espoir.
Même, si des fois la démocratie a été instiguée par le prince de ce monde, il nous faut penser que l’on ne nous trompe pas avec des contes de fées mais avec des vérités, comme un jugement, des tables de loi, les dix commandements de l’accusateur pour définir l’aptitude de l’homme à sortir des cavernes et de la caverne.
Passionnant, j’aime beaucoup cette série de Monsieur Bonnal qui montre que 2022 ne date pas d’hier. Hypolite Taine déjà, Bertrand de Jouvenel, dont on dit tellement de mal ces jours ci: pas facile de sortir du bois, le coup de fusil est vite arrivé. Pour autant l’affaire est on ne peut plus claire, l’usurpation du pseudo pouvoir du peuple n’est discutable par personne parce qu’il n’y a pas de pouvoir du peuple. Montesquieu avait conclu sur ce sujet dès avant les premiers événements de 1789.
C’est ici que peut être Nicolas Bonnal va recoller à Michel Maffesoli — deux auteurs maison. Allons nous discrètement quitter l’époque moderne & post moderne? La suite au prochain épisode.
Le Peuple est la seule puissance, le seul pouvoir, la démographie. « La puissance c’est le nombre », n’en déplaise aux élites auto proclamées – une élite, c’est un gars isolé se regardant le nombril au milieu de ses bouquins et se prétendant le vortex de la Voie Lactée. Narcisse issu de la cuisse de Jupiter, qui en doute ? Et si l’on plonge dans les généalogies à trois ou quatre générations, peu de familles peuvent prétendre être issues d’une panspermie récente des divinités ? Lui, si ! « Dieu, un matin, eut un « rêve mouillé », et je suis né… Oui, oui, c’est vrai, c’est ce que m’a toujours dit ma mère Marie ! »
La pratique de la transfusion sanguine fit un mal fou à la caste, le sang n’était pas bleu. Mais la pratique financière de la supériorité sociale quotidienne permet à ces détachés du réel, qui ne mangent et ne chient point, de moquer de très haut Madame Michu qui nettoie les chiottes et l’appartement haussmanien. Qu’elle est conne, Madame Michu, hein, on organiserait bien un dîner de cons, non, juste pour rire ! Oui, oui, ahahahah, répond François Pignon.
« Le peuple est con, il ne comprend rien, c’est des moutons » est l’hymne de la caste, des élites. « On en fait ce qu’on veut, c’est une masse gélatineuse, gluante, puante, farineuse, sans caractère, manipulable à volonté par les sondages, la publicité et les écrans, impropre à la consommation… » En ferait-on des côtes à consommer en cas de disette ? Pouah, quelle horreur ! Les Océaniens, eux, n’ont pas ces précautions. Quelle infime différence alors dans les propos bas du front de l’auteur en question, et ses nombreux disciples énamourés, et la caste à laquelle ils prétendent ici s’opposer ? Non, on assiste juste seulement à un jeu de chaises musicales inter caste, comme des Inter classes et Intervilles… Quand ce n’sera plus l’aut’ con sur son trône au sommet, 1.000 prétendants du même moule seront prêts à le remplacer. La caste, c’est leur monde, le haut de la pyramide couronnée d’une tiare en or.
« Nous ne sommes pas du même monde, nous n’avons pas les mêmes valeurs. Chez nous, on mange du chaocaolat Lindt depuis 1879 ».
Ce n’est pas mon monde.
Bien qu’issu par mes ascendants de la haute, je n’en suis pas.
Je suis du peuple parce que je n’en suis en rien différent.
Celui qui prétend le contraire est un nain objet d’un lancer de nain.
Il vole momentanément dans l’azur lancé par d’autres, mais ils tombera par terre en bout de course.
Comme tout le monde.
Il n’y a pas d’élites, il n’y a que le peuple.
L’élite s’auto proclame différente du peuple.
Pas besoin de chercher bien loin dans son ascendance pour trouver une paysanne qui mit bas sur un tas d’foin !
La puissance, c’est le nombre.
« Il n’y a de richesse que d’hommes », Jean Bodin (1529-1596).
Combien ce prétentieux auteur nourrit-il d’humains sur terre ?
De combien de richesses produites par la meute grouillante l’auteur vomit chaque jour les mets infâmes ?
Il est certain que dans son monde, à son image, les patates, les raisins, les tomates, les rôtis et autres poulardes rissolés, sont générations spontanées…
Voilà le mal absolu, cette pseudo science ou pseudo intelligence où la culture accumulée comme bâton de maréchal laisse croire à ses serviteurs du jour qu’ils sont des feuilles spontanées dans la splendeur azurée du temps. Issu de cette branche et de ce tronc, moi ? Jamais, quelle horreur ! Alors on va s’permettre de conchier le type, le gars, le peuple, celui qui fait le pain, le vin, les vêtements, les murs, le plâtre, le ciment, les meubles, j’en passe et des meilleures. C’est certain de certain, ce genre d’intelligence détachée du réel n’a plus d’attache avec le commun, elle vit nue, elle pense nue, elle passe l’hiver bien au chaud contre la côte d’Eve, sur une lointaine île déserte où l’énergie du soleil dont elle émane directement par les ondes magnétiques suffira à ses besoins.
Que Sa Misanthropie Supérieure, Son Altesse, y reste, sur son île !
Il va jusqu’à vomir, le gars en question, sur le chef-d’œuvre d’un des dix plus grand cinéastes de tous les temps, l’auteur de Titanic, de Terminator, d’Avatar, j’en passe et des meilleures. Sa Misanthropie Supérieure, Son Altesse, me fait souvent penser à un critique de cinéma des années 1980, qui officiait sur Libération et dans l’émission de France Inter “Le Masque et la Plume”, réputé être l’une des plus fines langues de pute du PAF et de la presse écrite. Il était craint comme la peste dans le milieu du cinéma car il faisait et défaisait le succès des films… Un mauvais papier de vingt lignes issues de son plumage hautain, représentant tout au plus un quart d’heure de son temps entre ses quatre séances quotidiennes car c’était son boulot d’être assis toute la journée sur son cul dans les fauteuils rembourrés des salles obscures, et vos années de travail partaient à la poubelle. Invité un soir sur Canal+ à une heure de grande écoute populaire, on lui fit l’honneur de passer en direct son seul court métrage. C’était un raté notoire. On ne le vit plus jamais sur les ondes…
La Fontaine décrit trop bien dans ses vers cette flatulence de l’ego qu’il n’est nul besoin d’en rajouter. Le génie se suffit à lui-même. La culture, certains en accumulent comme d’autres des patates pour passer l’hiver… Eh, viens voir mon stock ! Tu m’en donneras ? Oui… peut-être, c’est mon trésor…
Crésus, non moins doté en avarice, mourut sur son tas d’or.
Le Peuple est trop con pour comprendre.
Ici l’hymne de Sa Misanthropie Supérieure, Son Altesse, qui n’a besoin de rien ni de personne.
Il est le fils de Dieu, en ligne directe.
Les intellectuels, parmi eux les français en première ligne, et Roger Scruton s’y connaissait en écrivant son chef d’œuvre terminal sur la gauche moderne, « L’erreur et l’orgueil », meurent toujours de faim en premier parce qu’isolés dans leur tour d’ivoire, ils ne prennent plus le pouls du peuple, le sel de la terre, qui lui a toujours raison, ne leur déplaise.
Le Peuple est la seule puissance, le seul pouvoir par la démographie, la seule intelligence, enfin le cerveau social du monde produisant constamment de l’intelligence par ses milliards d’interactions neuronales quotidiennes. « La puissance c’est le nombre ». Le Peuple est des milliards de fois plus intelligent que la dernière puce high tech M2 de chez Apple, dont elle n’est qu’un minuscule avatar.
Un cerveau isolé – de l’ancien français isle, du latin insŭlă, « île », « îlot de maisons » – ne pourra jamais rien contre l’intelligence d’un peuple. Sinon le mépriser. C’est ce que l’on lit régulièrement ici sous cette plume acérée et jalouse, infatuée de son mal-être supérieur et vaniteux, puisant ses références et sa justification dans le talent des autres.