Pourquoi n’être ni vacciné ni russophobe est un privilège qui n’est pas donné aux macronistes

Pourquoi n’être ni vacciné ni russophobe est un privilège qui n’est pas donné aux macronistes


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Au fil du temps, un marqueur "chimique" a inversé la tendance instinctive de la société française sans que nous ne nous en rendions compte : les vaccinés s'excusent progressivement (dans une proportion grandissante) d'avoir reçu l'injection, et la résistance aux narratifs officiels (celui du vaccin au premier chef, et peu à peu celui de la guerre en Ukraine) est perçue avec une admiration ou une confiance croissantes. Même ceux qui sont convaincus que Poutine est méchant et que le vaccin est une bonne chose perçoivent quelque chose de rare dans le refus du vaccin et de la russophobie binaire imposée par les Henri-Lévy et autres suppôts d'un régime en pleine décadence. Au fond, une vérité cruelle apparaît : il est tellement plus facile, plus lâche, plus bête, d'être macroniste aujourd'hui, que d'être résistant ! Et c'est tellement moins élégant...

Avant même d’être élu, Emmanuel Macron avait largement dit tout le mal qu’il pensait de ceux qui n’appartenaient pas à sa caste et qui n’avaient pas de billet d’entrée pour cette société pathétique où triomphent à peu de frais les managers et les hauts fonctionnaires, lesquels se prennent tous pour des entrepreneurs et de grands dirigeants. On pourrait dire que le mépris social va de pair avec cette réussite en carton-pâte des faux-monnayeurs médiocres qui parlaient de la start-up nation comme d’un mantra.

Doit-on rappeler les sorties de Macron sur les illettrés de Gad, en 2014, qui avaient très précocement exprimé une vision binaire du monde, où ceux de la caste ont droit au respect, et où les autres ne sont (plus) rien ? Le problème, c’est que la caste usurpe largement sa réussite, et croit être grande là où elle ramasse seulement un condensé de médiocrité et même, si souvent, de petitesse sordide…

Le macronisme, ou le triomphe de la médiocrité managériale

Un moment, on a cru que la victoire de Macron signait le triomphe d’une France moderne, ouverte d’esprit et à l’esprit conquérant. Au fil du temps, on comprend qu’elle instaure simplement le règne de Bouvard et Pécuchet, ou plutôt de leurs héritiers.

Dans le macronisme moyen, on retrouve la même satisfaction à peu de frais, la même vanité du médiocre qui se croit brillant, tels que Flaubert les avait si bien décrits. Et Macron lui-même, avec sa légende de petit génie qui ne dort pas la nuit et sait tout faire dans la vie, incarne assez bien cette sorte de sacralisation, de déification d’un personnage dont la réalité ordinaire est beaucoup moins reluisante que les communicants n’ont voulu le faire croire.

La caractéristique fondamentale du macronisme est là : expliquer que le médiocre est en réalité le génial. Affirmer de façon péremptoire que le mensonge le plus plat tient du conte de fées. Travestir le réel au point d’imposer le narratif selon lequel l’insipide banalité d’une vie « réussie » est une merveille du monde.

Simplement, les enfants de Bouvard et Pécuchet ne sont plus copistes émigrés à la campagne. Ils sont managers dans une grande entreprise protégée par l’Etat ou chefs de bureau dans une collectivité territoriale. Comme leurs ancêtres, ils sont convaincus que les lieux communs qu’ils ingurgitent consciencieusement en écoutant France Inter et en lisant le Monde, font d’eux des grands penseurs de notre temps. Et, au volant de leur 4X4, ils rejoignent leur maison en Normandie, le vendredi soir, en pestant contre tous ces ratés qui polluent la planète.

Le principe de cohérence et la force du macronisme

Tout entier, le macronisme a tablé sur le soutien que « les cadres » apporteraient à un projet qui fait d’eux les rois du pétrole. De fait, le calcul n’était pas absurde : expliquer à des salariés bien payés et protégés par un droit du travail épais comme une muraille qu’ils sont de grands entrepreneurs à la vie aventureuse est un pari assez génial.

Il a, au fil du temps, reposé sur le principe de cohérence, selon lequel ce que l’on dit une fois pour expliquer ses actes, on ne le remet plus jamais en cause, même si l’erreur est flagrante.

Ainsi, pour voter Macron, il fallait croire des syllogismes simplistes comme : « vous ne remettez tout de même pas en cause l’Europe », ou encore : « vous n’êtes tout de même pas populiste comme Marine Le Pen ». Et pour peu que l’on ait dit une fois en public : « mais je crois que grâce à l’Europe nous avons vécu en paix », ou encore « je déteste le populisme, c’est le début du nazisme », on ne revient plus jamais en arrière (en tout cas pas « naturellement »).

Alors qu’une forte proportion d’électeurs macronistes n’a aucune illusion sur les limites réelles du Petit Timonier et de son entourage, les mêmes votent pour lui à chaque élection. Non parce qu’ils s’imaginent que le personnage fait l’affaire, mais parce que les méthodes marketing du candidat les ont poussés à prendre publiquement parti en sa faveur et les condamnent aujourd’hui à la soutenir.

C’est le secret de la politique vaccinale dont on n’a pas assez vu qu’elle était un referendum caché. Ceux qui ont librement choisi de recevoir le vaccin, grâce auquel ils ont pu fièrement s’exhiber en terrasse sont aujourd’hui prisonniers de cet acte positif de soutien à la vision macroniste de la société, avec les oints du pouvoir autorisés à sortir, et les bannis condamnés à lécher les vitrines des bars et restaurants qui leur étaient soudain interdits.

Le secret de l’aveuglement petit-bourgeois du macronisme

Désormais, il existe un aveuglement volontaire propre à la petite-bourgeoisie macroniste. Ceux qui se sont laissés piéger par les narratifs successifs (sur la start-up nation, d’abord, contre les Gilets Jaunes ensuite, sur le COVID et ses péripéties par la suite, sur l’Ukraine désormais) n’ont pas d’autre choix, s’ils veulent être cohérents, que d’adhérer à la propagande officielle, même s’ils savent au fond d’eux-mêmes que tout cela repose sur d’immenses mensonges dont ils ont été les idiots utiles.

Combien de temps cette comédie peut-elle durer ?

Ce qui est sûr, c’est que, le temps passant, le macronisme est de plus en plus synonyme de nécrose, d’encéphalogramme plat, de mépris et d’imbécillité. Je connais peu de macronistes qui soient absolument convaincus que la politique vaccinale n’était pas du tout inspirée par le lobbying des laboratoires. J’en connais peu qui soient absolument convaincus que Poutine soit un ogre et les Ukrainiens des anges. Beaucoup se contentent de répéter sans y croire les âneries de la propagande officielle, par la seule obsession de ne pas se déjuger.

L’imposture de la doxa macronienne est telle qu’il m’est par exemple insupportable, désormais, d’envisager un déjeuner ou un dîner avec un macroniste. Ce n’est pas que je les évite pour des raisons idéologiques. Simplement, leur conversation est d’une pauvreté navrante et terriblement ennuyeuse.

Il fut un temps où le parti majoritaire avait des arguments, même si on les jugeait fallacieux. Souvenons-nous de la gauche sous Mitterrand. Avec Macron, il n’y a plus d’argumentation politique. Il n’y a que des assertions du type : « on n’a pas le droit de penser ça », et un discours qui tourne en boucle sur des fake news difficilement crédibles, mais que l’on est sommé d’avaler tout rond.

L’affaire Ségolène Royal nous l’a rappelé : soutenir que la militarisation de l’information, de part et d’autre de l’échiquier international, est une partie importante du conflit en cours, est devenu une affirmation « complotiste ». Discuter avec un macroniste vous oblige donc à subir des idioties absolues, comme celle qui voudrait qu’il n’y ait pas de propagande occidentale, que les sanctions économiques contre la Russie fonctionnent, que l’inflation ne va pas durer. Et dès que vous manifestez un doute, vous êtes taxé de complotisme ou de conspirationnisme.

Bref, le macronisme est l’ennemi du débat. Il est une sorte de secte pour managers médiocres qui ont peur de penser par eux-mêmes, et fréquenter ces gens-là est une torture morale. Qu’est-ce qu’on se fait chier avec ces ploucs si contents d’être bêtes !

Le privilège de n’être ni vacciné, ni russophobe

Dans une époque où l’appel à la bêtise est si tentant et si confortable (après tout, pour être macroniste, il suffit de se brancher sur CNews ou sur BFM et d’ingurgiter l’étron en boîte que ces chaînes déversent sans se poser de questions), on comprend que résister, en n’étant pas vacciné, en n’étant pas russophobe, est devenu un acte de noblesse, un privilège aristocratique que le pleutre moyen ne peut s’offrir.

Je sais que ce privilège de l’esprit critique et de la liberté est détenu par des gens qui ont parfois perdu leur emploi depuis le 15 septembre 2021, et qui vivent chichement. Ceux-là, que Macron qualifiaient de « rien » lorsqu’ils les croisaient dans une gare, sont, en réalité, tout. Ils sont la preuve que l’entreprise de démolition psychique lancée par Macron avant même 2017 n’a pas fonctionné. Ils sont la preuve que l’on peut être diplomé et idiot, et que l’on peut être décrocheur scolaire mais digne et clairvoyant.

Ils sont surtout la preuve que, même en détenant un monopole de la presse, de la télévision, de la radio, de la littérature, du cinéma, la caste ne peut pas tout. La bonne vieille résistance spontanée de ce peuple français si noble, si viscéralement attaché à ses libertés, la contraint à toujours plus de violence, toujours plus de bêtise, pour garder le contrôle de la situation.

Réjouissons-nous : n’être ni vacciné ni russophobe est le privilège des esprits libres. Celui qu’ils ne pourront jamais s’offrir, même à coups de LBD, même avec des dizaines de blindés pour leur gendarmerie.


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