Les six années qui nous séparent du vote britannique sur le Brexit de juin 2016 représentent un immense gâchis. Les Conservateurs britanniques en sont largement responsables dans la mesure où ils ont fait comme si "plus de mondialisation" était la réponse appropriée à la sortie de l'Union Européenne. Et le parti Conservateur est en charpie parce qu'il a substitué le Great Reset à l'Union Européenne, trahissant la promesse faite au peuple britannique lors des élections de décembre 2019.
Le 24 juin 2016, le monde occidental se réveillait en état de choc: le peuple britannique avait voté en faveur du Brexit, à 52%.
Le contraste sociologique de la carte électorale était visible et fortement marqué:
Les régions les plus riches d’Angleterre, avec en particulier Londres, avaient voté pour rester dans l’Union Européenne. Le contraste était aussi géographique et national: l’Angleterre avait voté pour le Brexit tandis que l’Ecosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles avaient voté pour le Remain. Mais dans l’histoire britannique, la nation politique, c’est l’Angleterre; c’est elle qui a fédéré les autres nations autour d’elle et construit ce qui fut, entre 1815 et 1914, la première puissance du monde.
Pour être plus précis, la Grande-Bretagne avait basculé dans le Brexit parce qu’une petite partie de l’élite anglaise avait soutenu la cause. Une minorité mais influente de la City; un noyau dur du parti Conservateur; et, le plus important sans doute, la personnalité politique britannique la plus impressionnante depuis Enoch Powell et Margaret Thatcher, Nigel Farage.
Par leurs tergiversations, les Conservateurs britanniques ont fait perdre du temps.
Une partie des Tories étaient en état de choc, au lendemain du vote. Certains avaient fait campagne pour le Brexit mais sans y croire, pensant que tout redeviendrait comme avant après le 23 juin. Et puis il y avait ceux qui avaient carrément souhaité le Remain, à commencer par celle qui devint Premier ministre suite à la démission de David Cameron, Theresa May.
Theresa May manqua l’occasion de dissoudre tout de suite le Parlement. Elle aurait eu une majorité absolue pour mener à bien le Brexit. Au lieu de cela, elle attendit un an pour organiser de nouvelles élections, n’en ressortit qu’avec une majorité relative.
L’occasion était rêvée pour les Remainers, qui voulaient tenter d’empêcher le Brexit de se faire.
+ la haute fonction publique britannique fut de connivence avec la Commission Européenne en acceptant le calendrier très procédurier de cette dernière, au lieu de laisser faire le gouvernement britannique qui cherchait un accord politique, les questions techniques pouvant être réglées progressivement.
+ Madame Merkel, excellente tacticienne, profita du désarroi de Theresa May et lui dicta – littéralement – un Brexit en trompe-l’oeil, qui n’en était pas un car il continuait à soumettre la Grande-Bretagne aux arbitrages de la Cour de Justice de l’Union Européenne. On doit à un petit groupe de conservateurs irréductibles, le rejet du « plan Merkel », la démission de Theresa May et la prise en main du parti Conservateur par Boris Johnson, avec les magnifiques élections de décembre 2019, lorsque l’ancien maire de Londres retrouva les accents de Benjamin Disraeli (1804-1881), le fondateur du parti Conservateur moderne, et alla chercher le vote ouvrier et populaire dans le centre et le nord de l’Angleterre, aux dépens des travaillistes.
Ainsi se dessinait la renaissance d’un conservatisme populaire et la promesse du « take back control », de la reprise de contrôle par le peuple britannique de son destin.
Cependant, un temps précieux avait été perdu. Trois ans et demi pour mettre en oeuvre le vote du peuple britannique. Là où, avec une vraie résolution politique dès l’automne 2016, tout aurait pu être bouclé vraisemblablement en dix-huit mois ou deux ans.
La trahison du Brexit: le ralliement au Great Reset
L’épisode du COVID suivit de quelques mois le vote de décembre 2019. Lorsqu’il négocia, tout au long de l’année 2020, les modalités de la sortie définitive, Boris Johnson n’était plus un homme libre. Il s’était soumis, après avoir hésité, à l’enfermisme covidiste. Il faut dire que son gouvernement pensait largement dans les catégories du mondialisme!
Un aspect, en effet, frappait les observateurs: le ralliement des Tories remainers au Brexit mais aussi le soutien au Brexit de plusieurs de ses cadres, dès l’origine, s’était fait sur l’idée que l’Union Européenne était une entrave à la possibilité, pour la Grande-Bretagne, de prospérer dans la mondialisation. Il est certain que le soutien de Wall Street à la City pendant les trois ans et demi qui séparent le référendum du Brexit de la signature de l’accord de sortie avec la Commission Européenne, a été décisif.
Cependant, les Anglais n’avaient pas voté pour plus de libre-échange mais pour moins; ils avaient demandé que l’on contrôlât mieux l’immigration. Et le Brexit, pris au sérieux, relevait de l’ambition de réindustrialiser la Grande-Bretagne. Au fond, ce que le peuple britannique attendait, c’était une politique à la Trump. La politique que Nigel Farage avait défendue depuis le départ.
Mais Boris Johnson n’a tenu aucune des promesses d’un trumpisme à l’anglaise! Pire, lors de la querelle sur la fraude électorale après l’élection présidentielle américaine de novembre 2020, Boris a, de façon méprisable, lâché Donald Trump et soutenu le mensonge mondialiste d’une victoire de Biden qui aurait été obtenue à la régulière.
En fait, la trahison de Johnson est plus large: par sa politique anti-Covid et par son attitude dans la Guerre d’Ukraine, il a fait entrer le peuple qu’il avait libéré de l’Union Européenne dans le Great Reset.
+ en cédant rapidement à la pression enfermiste lorsqu’apparut le Covid, il cassa une première fois la possibilité d’une reprise post-Brexit pour l’économie britannique.
+ en devenant le partisan le plus fanatique d’un soutien inconditionnel à l’Ukraine, face à la Russie, BoJo a porté le coup de grâce au rêve d’une réconciliation post-thatchérienne, des « deux nations », celle des métropoles et celle de l’Angleterre périphérique, pour parler comme Benjamin Disraeli.
En réalité, tout se passe comme si les élites britanniques n’avaient, dans une grande mesure, pas pardonné au peuple anglais, d’avoir voté en faveur du Brexit. Les confinements anti-Covid ont été la première revanche des « Remainers ». La guerre d’Ukraine est la seconde. Résultat, Boris, après avoir été complice de cette double trahison, a dû démissionner, dans une situation économique de plus en plus difficile; et son successeur, Madame Truss, n’a tenu que 45 jours à son poste.
L’histoire est impitoyable pour ceux qui ne sont pas à la hauteur des circonstances.
Très juste. Les Tories ont été noyautés après Thatcher.
L’Angleterre meurt aussi parce qu’elle n’a plus d’énergie fossile. Un cycle de trois siècles se termine et cette île noire s’effondre.
« les Anglais n’avaient pas voté pour plus de libre-échange mais pour moins »
C’est sûr, ils ont voté pour avoir moins de choix en bien et services et les payer plus cher. Chacun sait que les zones côtières où il y a beaucoup d’échanges sont très pauvres, et dans les zones enclavées où il y a peu d’échanges les populations ont un niveau de vie extraordinaire.
Et pour que le niveau vie des Français s’améliore, il est grand temps d’interdire les échanges entre les différentes provinces françaises et même d’établier des droits de douane entre les différents arrondissements de Paris.
Plus nul en économie qu’un Français, tu meurs !
Comparer les échanges intra-nationaux aux échanges de la mondialisation est d’une stupidité évidente. Il ne s’agit pas d’être un nationaliste anti-mondialiste forcené mais de cesser de croire que l’on vit dans un monde de bisounours.
La tiers-mondisation de l’Europe et de la France est un fait et le résultat d’une part de la corruption étatique, de la prédation financière internationale et de la naiveté et le j’m’en foutisme de la population qui en paiera le prix fort comme avant elle les populations des pays sous-dévellopés et maintenant tous les peuples occidentaux anglo-saxons y compris. Ne doutez pas un instant que ceux qui pilotent l’UE et la mondialisation se moquent de tous les peuples, les siens y compris. Alors de grâce ne confondez pas l’économie et la politique.
Je ne vois pas le rapport entre le libre-échange mondial et les échanges économiques entre des régions. Le libre-échange ne peut fonctionner que si tout le monde respecte les mêmes règles et qu’il est équitable. Or en réalité ce n’est pas le cas. Dans beaucoup de pays on pratique encore le protectionnisme comme la Chine ou l’Inde. En outre, la mondialisation ce n’est pas tellement du libre-échange, c’est surtout permettre de fabriquer des produits dans des pays en voie de développement pour les vendre dans des pays développés. Cela fait le bonheur des multinationales et de quelques milliardaires, mais du coup nous sommes dépendants de ces pays ce qui est inacceptable et même dangereux d’un point de vue stratégique. Finalement, le libre-échange tel que vous le voyez n’existe pas.
Les malentendus électoraux se multiplient, la faute aux allégeances secrètes des dirigeants.
Et ce n’est pas fini…
L’analyse de Valérie Bugault sur le Brexit mérite d’être considérée
https://lesakerfrancophone.fr/geopolitique-du-brexit
Les Pays-Bas préparent leur sortie de l’euro.
https://twitter.com/f_philippot/status/1583710919997022208
Le mensonge omniprésent, la trahison aux sommets des Etats, des Partis politiques, des Syndicats, les assassinats des sachants, il n’y a pas meilleurs indices pour annoncer l’approche d’une fin.
La fin d’une histoire est le début d’une autre toujours différente.
Patience…
Cet article conforte la lesture que j’avais formée des événements qui firent suite au Brexit et il ne faut pas oublier que N.Farrage avait nettement exprimé dès l’automne 2020 sa réticence à l’égard de la gestion de la CoViD19. https://www.straitstimes.com/world/europe/uks-nigel-farage-tries-to-harness-covid-19-lockdown-anger-to-take-on-pm-johnson
Quant à la « tacticienne » Merkel, je vois plutôt son mentor K.Schwab à la manoeuvre. Les revirements soudains de politiques ( renoncement allemand subit et sans concertation au nucléaire, brusque ralliement britannique à la gestion covidienne) sont des signaux assez fiables d’un téléguidage ayant toutes les chances d’avoir été davosien.
Si les incompétents doublés de traîtres étaient systématiquement éliminés par l’Histoire, nous serions actuellement libérés de Benito, ce qui n’est non seulement pas le cas, mais en plus l’encourage à continuer ses saloperies. Après, la fronce n’est pas la perfide Albion, les choses ont besoin de fermenter sensiblement plus ici, ce qui ne veut pas dire qu’à l’avenir les choses se passeront aussi bien qu’au-delà de la Manche… Ce qui pose problème, car si se débarrasser du roy n’est pas problématique, il faut avoir un projet _complet_ de (nouvelle) société qui tienne la route sous le bras, sinon ça recommencera, et pire qu’avant.
L’article est intéressant mais c’est dommage d’y ajouter la guerre en Ukraine qui n’a rien à voir avec les déboires politiques de la Grande-Bretagne. Cela devient une véritable fixation. En revanche il est clair que le parti conservateur qui n’est plus conservateur depuis un bon moment, trahit la confiance des anglais et veut amener la GB dans le mondialisme. Tant qu’à Boris Johnson, sa politique ressemblait plus au socialisme avec une bonne dose d’écologisme, qu’à une politique conservatrice.
Censure !