L'ex-chancelière a admis que les accords de Minsk avaient permis à Kyiv de se préparer à un affrontement militaire avec la Russie. Angela Merkel , qui a quitté le poste de chancelière fédérale allemande il y a un an, a accordé une longue interview au magazine Spiegel, dans laquelle elle partageait ses sentiments au cours des derniers mois de son mandat à la tête du gouvernement allemand. Elle a également admis que le début de l'opération spéciale russe en Ukraine ne l'avait pas surprise, car, comme elle l'a dit, « les accords de Minsk ont été sapés ».
Cet article initialement publié en russe sur SvPressa n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
Il s’avère qu’à l’été 2021, après la rencontre des présidents de la Russie et des États-Unis à Genève, Merkel, avec le dirigeant français Emmanuel Macron , allaient « établir » un « format de discussion européen indépendant » avec Poutine au sein du Conseil de l’UE. Mais « quelqu’un s’est opposé » à cette initiative et Merkel « n’a plus eu la force de la faire avancer ». Après tout, ce n’était un secret pour personne qu’en automne, elle partirait. Bien évidemment, l’ancienne chancelière n’a donné aucun nom ni fonctions de ces personnes, ainsi que les pays qu’elles représentaient.
Elle a indiqué qu’elle aurait pu à nouveau solliciter une rencontre avec le président russe. Cependant, lors de sa visite d’adieu à Moscou (elle a eu lieu en août 2021 – ndlr), elle s’est rendu compte que « dans le contexte de la politique de puissance », son temps était passé. « D’un point de vue de la politique étrangère, je n’ai finalement pas obtenu un millimètre dans ce que nous avons essayé de faire encore et encore. Et pas seulement en ce qui concerne l’Ukraine », s’est plainte Merkel. Ces questions ont également concerné la Transnistrie et la Moldavie, la Géorgie et l’Abkhazie, les conflits en Syrie et en Libye, a-t-elle expliqué. Mais en considérant tout cela, elle a réalisé « qu’il est temps d’adopter une nouvelle approche ».
Les accords de Minsk : de fausses garanties de la part de l’Occident
Toutefois, la politicienne est assez satisfaite, en fin de compte, des accords de Minsk, qui, selon elle, ont permis à l’Ukraine de se préparer « pour mieux résister à l’attaque russe ». Sinon, « elle aurait été occupée par les troupes de Poutine », estime l’ex-chancelier. Ce dernier point est peut-être le plus important. Après tout, c’est Merkel qui, en février 2015, a persuadé le président de la Fédération de Russie de signer « Minsk-2 ». C’est en tout cas ce que prétend l’ex-président du gouvernement russe, Sergei Stepashin. À son avis, il était encore possible à l’époque de résoudre tous les problèmes afin de libérer la majeure partie de la Novorossie de la présence des nazis. Mais la chancelière allemande a insisté pour donner une chance à Kyiv et parvenir à un accord. Or, c’était juste pour négocier, comme Merkel elle-même l’admet maintenant. Il n’y aurait rien eu de fait concrètement derrière.
Car au départ, les accords de Minsk pour l’Occident étaient les mêmes fausses garanties que celles accordées au président ukrainien Ianoukovitch en février 2014. Il n’a pas été question d’une quelconque mise en œuvre de ces accords (approuvés, soit dit en passant, par une résolution spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU). Ils ont finalement servi à détourner l’attention des atrocités du régime de Kyiv durant sept ans, tandis que l’Ukraine était équipée en armes par les conservateurs occidentaux afin de se préparer à la guerre avec la Russie.
Ces intentions ont été récemment confirmées par l’ex-président Porochenko, lorsque celui-ci s’est fait piéger par les deux farceurs, Vovan et Lexus. Les deux compères l’avaient appelé au nom de Mike McFaul, l’ambassadeur américain à la retraite auprès de la Fédération de Russie. Porochenko a franchement admis qu’il avait signé le document uniquement pour gagner du temps et préparer les forces armées ukrainiennes à l’image de l’OTAN. Il s’avère que Merkel a peut-être voulu se justifier dans son entretien « anniversaire », mais à la fin, elle a organisé une séance d’auto-exposition. De fait, elle a confirmé ainsi que nos « partenaires » occidentaux ne sont pas dignes de confiance.
Merkel a fait un « coming out » politique
Pour commenter cette situation, SvPressa (“SP”) a demandé son avis à Pavel Feldman (“PV”), professeur agrégé du département de philosophie et de science politique de l’Académie du travail et des relations sociales :
« PV » : Merkel, en fait, a fait un coming out politique. Elle a montré le mauvais côté de la diplomatie européenne et révélé les véritables intentions qui la guidaient comme l’une des « architectes » du concept des accords de Minsk. Il est surprenant que même l’Ukraine n’ait pas eu connaissance de cette idée dissimulée. Après Minsk-2, Kiev a nourri une rancune contre Steinmeier et Merkel. Et maintenant, il s’avère que pour la rédaction de ces accords – que la société ukrainienne considérait comme le résultat d’un complot traître de la part de M. Porochenko – il lui faut au contraire être reconnaissant envers Merkel et Steinmeier. Car, en effet, cela a permis à l’Ukraine de gagner le temps dont elle avait besoin.
« SP » : Qu’est-ce que cela traduit ?
« PV » : Ce n’est qu’une démonstration de leur cynisme et de leur double pensée, qui, en fin de compte, guident même des mastodontes de la politique occidentale comme la chancelière Frau Merkel à la retraite, et à l’image de laquelle croyaient un assez grand nombre de Russes. Au moins, je voulais la considérer comme une politicienne assez responsable. En effet, dès le début, les accords de Minsk ont été perçus par la société ukrainienne comme un acte de trahison, et par la société russe comme un signe de faiblesse parce que l’affaire n’a pas été menée jusqu’au bout. Dans une certaine mesure, il s’est avéré que ces politiciens ont vraiment joué le jeu de l’Ukraine. Ils lui ont permis d’équiper de nombreuses zones fortifiées, sur le territoire du Donbass contrôlé par Kyiv, et dans d’autres régions. Cela signifie que l’objectif que s’est fixée Merkel a produit le résultat recherché. Et nous devons comprendre que cette situation est une autre démonstration de l’impossibilité de dialoguer avec les « partenaires » occidentaux, simplement parce qu’ils déclarent publiquement une chose, mais en fait, il s’avère qu’ils pensent différemment.
« SP » : Mais il suffisait de forcer les dirigeants ukrainiens à remplir les obligations en vertu desquelles ils avaient signé, et l’Europe ne dépenserait plus des milliards en armes pour Kyiv, ne connaîtrait pas de problèmes avec les réfugiés de l’indépendance… et bien plus encore. N’est-ce pas ?
« PV » : Bien évidemment, il y a une relation directe entre le début de l’opération militaire « spéciale » et les accords de Minsk. S’ils avaient été remplis au moins partiellement ou, du moins, si les partenaires occidentaux et Kyiv avaient montré la volonté de les mettre en œuvre, alors, bien sûr, il n’y aurait pas eu les conséquences aussi graves que l’on connait ; ni pour l’État ukrainien lui-même, ni pour ses voisins européens, lesquels acceptent des réfugiés, versent des milliards de dollars et d’euros dans une économie ukrainienne pratiquement morte, tout en souffrant de l’imposition de contre-sanctions. Donc, on peut dire que ces gens ont creusé un piège, tendu un piège, mais finalement ce sont eux-mêmes qui y sont tombés. En créant des problèmes, à l’Ukraine d’abord qu’ils ont verbalement soutenue, et ensuite à eux-mêmes. En fait, c’est à cela que conduit le principe de double pensée politique dans les relations internationales, lorsque les parties aux négociations masquent leurs véritables intentions. C’est le cas ici avec Berlin et Paris qui ont tenté de gagner du temps pour que l’Ukraine renforce sa capacité de défense.
« SP » : Il s’avère donc que Merkel n’est pas une politicienne aussi pragmatique et clairvoyante, comme beaucoup le pensaient…
« PV » : En effet, sa personnalité ne semblait pas autant imposante que dans le contexte de la dégradation générale de la classe politique européenne. Dès lors que l’on est comparé à des Macron, Sarkozy et autres politiciens de l’époque, il n’est pas nécessaire d’être un génie pour être perçu comme au-dessus du lot. Mais si Merkel était comparée à ses prédécesseurs – des chanceliers comme Kohl ou Schroeder – alors, dans le contexte de leur époque, elle aurait l’air d’une perdante, d’une myope et quelqu’un de complètement inefficace. Certes, les Allemands la traitent désormais avec une certaine condescendance, car le processus de dégénérescence de la classe politique allemande, comme de la classe politique européenne dans son ensemble, ne s’est pas arrêté avec son départ. Et il est probable que les nouveaux dirigeants seront encore pires qu’elle. Par conséquent, dans la situation actuelle, il n’est pas surprenant que même sa silhouette provoque de la nostalgie chez certains. Mais je voudrais souligner une fois de plus que ce ne sont pas des personnalités avec lesquelles on peut s’asseoir à la table des négociations et déboucher sur quelque chose d’une ampleur comme les « Accords de Yalta ». Ils ne sont pas dignes de négocier, ni tout à fait légitimes. Et parfois, ils sont ouvertement trompeurs tant dans leurs pensées que dans leurs décisions.
la derniere réponse de Pavel Feldman comment dire ! Cest tout à fait ça , plein 1000 en quelque sorte .
Les accords de Minsk c’est après la prise de la Crimée et les affrontements au Dombass.
De fait la guerre avec la Russie était déjà là avant.
oui, et la Russie aurait dû achever le travail à l’époque : ce serait beaucoup plus calme aujourd’hui.
ou écoutez ceci : https://www.youtube.com/watch?v=fuoftXMOlZ8
En qque sorte vu que les USA sont à l’origine de la révolution de Maidan pour remplacer le pouvoir pro-russe par un pouvoir pro-occidental.
Le reste n’est que la suite logique de ce traquenard où américains et européens ont excellé en matière de duperie.
Quant on analyse l’Histoire des États-Unis créé par des européens en grande majorité anglo-saxons, ce n’est qu’une suite de traités non respectés vis à vis de l’autochtone. Serait-ce leur marque de fabrique…
Lo Huret
En effet le non respect des traités et de l’autochtone, sont bien dès l’origine dans l’ADN des USA.
Merci de le rappeler
Très bien la vieille sortie de Bruckberger contre le blanc de souche qui se liquide lui-même.
Notre nouveau recueil en ligne.
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2022/11/30/nouveau-recueil-en-vente-dictature-sans-carbone-et-resistance-virtuelle-chroniques-dun-monde-en-rapide-liquidation/
“ils déclarent publiquement une chose, mais en fait, il s’avère qu’ils pensent différemment.”
Non, ils AGISSENT différemment car ils ont l’Agenda de la Caste toute puissante des hyper-Riches à suivre et à réaliser : retourner à l’âge des serfs et des féodaux dans une nature riche en gibiers en s’appuyant sur les technologies contemporaines du contrôle totalitaire des masses nécessaires.
Ces gens ont placé délibérément à leur tête des schizophrènes càd des fous à lier : l’Histoire a déjà connu ce genre d’abandon suicidaire quand les puissants se sont trouvés face à un cul de sac incontournable.
Hollande et Macron n’ont pas encore fait leur coming out, mais il y a pour eux aussi de fortes suspicions de double jeu.
Pour Macron en tout cas c’est clair. Quand l’UE a accordé un prêt de 17 Mds€ à l’Ukraine, il aurait été tellement facile de le mettre sous conditions d’application des accords de Minsk, et il n’a pas levé le petit doigt.
Pour Hollande c’est moins évident. L’ex sénateur Pozzo Di Borgo témoigne l’avoir vu très clairvoyant sur l’Ukraine. Mais il a passé la suite à un fossoyeur pire que lui dès 2017.
Pourquoi Macron aurait fait ça alors que les russes n’ont jamais respecté les Accords de Minsk ?
Tout simplement pour que la paix revienne…
Comme les Ukrainiens ne les ont jamais respectés non plus, il fallait bien que quelqu’un commence, non ?
Et comme Macron avait un levier possible sur l’Ukraine et n’en avait pas sur la Russie, le seul moyen pour lui d’agir et de respecter les engagements de la France était de faire pression sur Kiev. Faute d’avoir agi il est maintenant considéré comme un des responsables de la guerre actuelle, à l’égal de Merkel.
En quoi les Russes qui n’étaient pas partie prenante dans les accords de Minsk ne les ont- ils pas respectés ? Tout comme la Biélorussie, la Russie n’a été que l’instigatrice et promotrice de ces accords qui concernaient en priorité l’autonomie des provinces du Dombass tandis que la France et l’Allemagne ( Minsk 2) se portaient garantes de l’application par le gvt ukrainien de ces mêmes accords.
La bonne blague… les russes étaient déjà en Crimée… Et non, ils n’ont pas commencé l’agression, ils y ont répondu! Que vous le vouliez ou non, les américains ont tout fait pour en arriver là, comme je l’ai déjà dit, ils étaient derrière le coup d’état du Maïdan et même avant ça! Cela faisait partie de leurs projets pour affaiblir la Russie et ils l’ont dit, ce n’était même pas un secret! https://www.youtube.com/watch?v=0IvmmoGsdGA&t=1597s
Completement nulle cette dame en fait. Elle poignardait Poutine dans le dos avec les accords de Minsk tout en prenant le gaz Russe a un discount se croyant plus que fine et intelligente dans sa duplicite. . Et maintenant la voila qui de tord les mains apparait contrite!!!! De la com et de la comedy jusqu’au bout cette dame . Macron et elle sont responsables de la situation en Ukraine pensant que des sanctions allaient couler la Russie. Retour de manivelle plus que meritee pour cette duplicite. Le sanctionneur sanctionne.