L'information du jour est un condensé du mal français : la grève des contrôleurs à la SNCF pour Noël prend progressivement des proportions démesurées. D'un côté, le pouvoir vitupère contre ceux qui gâchent la fête. De l'autre côté, pour calmer la tempête, la direction lâche du lest... alors même qu'elle devrait perdre 100 millions € du fait des grèves. Ou comment l'impuissance du pouvoir à régler fait le bonheur des uns et le malheur des autres.
Après deux années de restrictions dans les déplacements imposées par le COVID, un collectif inconnu de contrôleurs de la SNCF impose une année supplémentaire de difficultés pour les familles qui dépendent du train pour se déplacer… Un tiers des TGV sera supprimé ce week-end, provoquant des tensions majeures… que le pouvoir se contente d’entretenir, incapable d’assurer la continuité du service public.
Un syndicat de 3.500 contrôleurs bloque la SNCF
L’histoire est donc assez simple : l’ASCT est un collectif de 3.500 contrôleurs de la SNCF qui réclame une meilleure reconnaissance du métier et, pour y parvenir, entame son deuxième mouvement de grève dans le mois. Le premier avait eu lieu début décembre. Le second a lieu à Noël.
Ce collectif revendique une amélioration de ses conditions de travail, dans un langage qui laisse rêveur sur le poids du corporatisme et de l’égoïsme en France :
“Nous passons une dizaine de nuits par mois en déplacement à travers la France“, témoigne-t-il, évoquant des journées de travail qui peuvent atteindre “jusqu’à 10h ou 11h” d’amplitude horaire. Selon lui, les contrôleurs se retrouvent “de plus en plus” seuls à bord, dans des TGV “qui peuvent comporter jusqu’à 600 clients“, alors qu’ils doivent être deux. “Les nouvelles rames, les TGVM, accueilleront encore plus de voyageurs dans quelques années mais nous serons toujours deux pour accompagner les clients” (…)
“Nous demandons à avoir une carrière qui soit à la hauteur de notre engagement et de nos responsabilités dans l’entreprise et là-dessus, l’entreprise n’a pas répondu à nos attentes“
Travailler moins, gagner plus… On connaît la musique, qui profite ici du monopole du rail pour racketter les clients.
La SNCF lâche du lest
Pour tenter de calmer le jeu et d’éviter un désastre qui coûterait, dit-on, 100 millions € à l’entreprise, la direction a proposé une prime de 600€ bruts par an, et 160 recrutements nouveaux dès 2023. C’est l’effet “face je gagne, pile tu perds” des mouvements sociaux dans les entreprises publiques. Il suffit d’annoncer un mouvement social quelques jours avant un moment critique pour être sûr d’en retirer ne serait-ce qu’un petit bénéfice.
Heureux soient les monopoles !
Le mouvement ASCT, qui est bien décidé à obtenir une revalorisation globale des carrières, juge ces propositions insuffisantes. Et la grève continue.
Ou comment traire la vache à lait jusqu’à la dernière goutte.
L’impuissance de Macron et des siens face aux mouvements sociaux
Pour le pouvoir, ce mouvement social prend une importance assez inattendue. Les stratégies de confinement ont en effet “gâché les fêtes” deux années de suite. Et ce sont maintenant les personnels des entreprises publiques qui prennent le relais pour obtenir des avantages catégoriels au détriment de la libre circulation des Français.
Cet épisode est d’autant plus fâcheux que, pour promouvoir les baisses dans la consommation d’énergie, le pouvoir vante les mérites des transports en commun… alors même qu’Emmanuel Macron a effectué deux allers-retours pour le Qatar aux frais du contribuable pour aller voir des matchs de football. Le pouvoir voudrait ne pas montrer l’exemple, Macron voudrait suggérer qu’il existe une France à deux vitesses, qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Donc, le Président a dit tout le mal qu’il pensait de ce mouvement, abondamment et complaisamment relayé par le cartel des médias subventionnés.
« Il n’est pas tolérable que quelques centaines de personnes bloquent le pays et gâchent les fêtes des Français après deux années de Covid »
De son côté, Bruno Le Maire a embrayé en mode autoritaire :
« Ce que nous attendons de la direction de la SNCF aujourd’hui, c’est qu’elle trouve une solution dans les prochaines heures, je dis bien dans les prochaines heures. C’est ça la responsabilité de la direction de la SNCF, elle a le soutien de l’État, elle doit trouver les voies et moyens de sortir de ce conflit. »
Voilà donc un gouvernement réduit au rôle de commentateur de l’actualité sociale, au rôle de moraliste, de commandeur, mais qui montre sa totale impuissance à régler un problème pourtant connu depuis le début du mois de décembre. Dans la société du spectacle, le pouvoir glose mais n’agit pas.
Et si le monde d’après avait commencé
Dans les allées du pouvoir, beaucoup craignent qu’une trame désagréable ne se mette dès maintenant en place, celle d’un monde d’après conflictuel où il faudrait “composer” avec des forces adverses, et particulièrement des forces syndicales. La montée de l’inflation, la perspective d’une année économique difficile ne font que nourrir ces angoisses d’un pouvoir qui craint la contestation grandissante.
Cette peur est particulièrement forte à l’approche d’une promesse de réformer les retraites qui s’annonce comme tout sauf populaire. Et si Macron avait mangé tout son pain blanc ? Et si les années qui arrivent étaient des années difficiles ?
Avec Marcon 2, les gilets jaunes vont passer pour une bluette. Une fois au pouvoir, la gauche devient plus que réactionnaire.
M. Verhaeghe, je ne comprends pas bien votre discours : il me semble que le mot “racketter” signifie plus ou moins “extorquer de l’argent”. Or en quoi selon vous les contrôleurs extorquent, selon vous de l’argent aux français, ou aux clients ?
Tu payes pour un service qui ne marche pas. Tu es donc extorqué.
En tant qu’abonné TER, c’est environ 15% des trains qui merdent: retard, annulation, grève, travaux, panne de signalisation, accident de personne, réutilisation du matériel, régulation de trafic, billetterie en panne…
Tous les matins, tu dois regarder pour être sûr que ton train roule, connaitre son temps de retard et décider si tu le prends, ou celui d’avant.
Mais tu payes tjs autant tous les mois pour un service dégradé sans possibilité de faire remonter le moindre pb pour obtenir une compensation financière.
Exemple: 20 trains par jour sur ma ligne. Ils sont passés à 9 entre le 19 et le 31/12 et quand j’ai appelé pour demander pourquoi + de 50% des trains ne roulent pas, on m’a dit que c’était les vacances. J’ai notifié que la grille prévoyait seulement 3 suppressions de trains pendant les vacances scolaires. On m’a répondu que cela n’avait rien à voir avec les vacances scolaires mais que nous étions dans une période de vacances.
Mais quand tu dis que tu es dans un pays communiste du tiers-monde, personne ne veut te croire.
Ce n’est que le début de la transition écolo-énergétique. Terminés les déplacements faciles et abordables en train, voiture ou avion et d’ailleurs Monsieur le Président de la république vous a bien signifié, dans le même registre, que le temps de l’abondance, c’est fini.
Il ne faut pas transformer les consequences en causes et ‘”le meilleur” reste a venir.
ceux qui nous rakettent ce sont tous les olligarques comme Arnault, Bouygues, Dassault et consort qui ne travaillent pas, font travailler les autres pillent l’etat et encaisse les benefices, et en plus viennet pleurer pour avoir de l’aide dés qu’ils sont en difficulté … je crois que nous sommes tellement conditionné que nous n’arrivene plus a réflechir et que nous cautionnons un monde injuste !
La moitié du CA de la SNCF est constitué de subventions.
Alors là Éric, je ne suis pas du tout d’accord.
Faire passer les conditions de travail destreuses des contrôleurs pour des caprices alors que les syndicats classiques n’ont pas su relayer à temps, est indigne.
Une journaliste du Monde semblait bien connaître le dossier à la TV l’autre jour.
Quand on a été un jour délégué syndical, on sait que le refus de la direction d’un établissement de négocier sur les conditions de travail et les salaires, est la cause immédiate des grèves. Être contraint seul à 10 ou 11h de travail d’affilee en étant face à 600 usagers, et pas simplement pour contrôler les billets, mais étant responsable de tout ce qui concerne la sécurité, c’est un stress énorme. C’est insupportable.
Après il est très possible que Macron ait lui même empêché le pdg de la SNCF se recevoir la CGT qui avait accepté d’être l’intermédiaire pour représenter les contrôleurs. Pour attiser la hargne des usagers contre ces méchants contrôleurs privant de Noël certaines familles. Pour arriver en libérateur pour le we du jour de l’an.
il m est rare de ne pas être d accord avec Éric Verhaeghe mais la je suis comme vous
Quand on vit de l’argent de l’Etat, on peut difficilement se plaindre. J’en ai un peu ras-le-bol de payer pour des profiteurs. S’ils ne sont pas content, qu’ils aillent bosser dans le privé. Ils verront vite la différence. C’est facile de gueuler et d’exiger quand on vit avec l’argent des contribuables.
La grève de Noël a lieu tous les ans. Mauvaise foi, quand tu nous tiens…..
“…Et si Macron avait mangé tout son pain blanc ? Et si les années qui arrivent étaient des années difficiles ?…”
Années difficiles pour qui ? Pour lui ou pour nous ? Pour nous bien sûr. Quand le Young Global Traitor aura mangé tout son pain blanc, il mangera de la brioche. De la brioche payé par nos impôts.
Le mouvement ASCT, qui est bien décidé à obtenir une revalorisation globale des carrières…. ou à se faire connaître?
C’est fait.
Comme depuis trois ans, on a pu constater combien les syndicats sont vendus (ou achetés c’est selon), il est bien possible que nous voyions naître de nombreux collectifs dans les mois qui viennent.
J’ai compris depuis longtemps qu’il y a collusion entre le pouvoir et les syndicats surtout quand il s’agit de nuire au peuple.
Il est vrai que fut un temps j’ai vécu pour mon plus grand mal une aventure syndicale qui m’a amené devant le n°2 de la CFDT pour avoir soit disant tenter de nuire à un des plus grands fabricants d’armes français qui ne se gênait pas à magouiller les votes de son personnel, ce que je dénonçais.
Ca c’était quand il y avait encore à la tête de la France des personnes qui travaillaient à son rayonnement. Avec un président Macron qui s’attache à la perdre la collusion entre lui et les hautes sphères syndicales se voit à l’OEIL NU. comme par exemple le partage ethnique de l’Ukraine…
Il faut reconnaitre que les contrôleurs se font souvent insultés, menacés et parfois agressés ce qui peut expliquer ce mouvement…
En ce qui concerne le service, il est très dégradé depuis septembre dernier sur certaines lignes ( par exemple presque 50% des RER C supprimés), mais est ce la faute des contrôleurs? Sont-ils responsables du manque de conducteurs, des rails fêlés, des caténaires qui tombent ou des portes qui ne se ferment plus?
depuis des lustres je signale que ce n’est pas le nombre qui est nécessaire pour faire aboutir une revendication. (si les 20 millions de Gilet- Jaune, s’était donné rendez-vous au moment opportun en lieu et place des 5 000 ou 100 000 ou plus. Ce Noël serait de félicités.
C’est la détermination.
Il est vrai que chaque revendication emmerde autrui, mais que ceux qui râlent actuellement, n’est-il pas alors logique que ceux qui sont pris en “otage” râlent à leur tour.
Faire une revendication qui n’emmerde personne ne mène à rien…
https://wp.me/p4Im0Q-5JQ – JdG N° 64(J + 307) – « On a gagné, ils ont perdu ». Un soixantième de seconde fait changer la responsabilité. Tel est le miracle de Noël. Le père Noël ne passe deux fois de suite sur les mêmes étoiles !
Vous voulez une grève qui réjouisse le plus grand nombre ?
Faites savoir dans les stations et gares que pendant une semaine les transports seront gratuits, cela n’empêchera pas les contrôleurs de rester chez eux à fêter dignement Noël et le Jour de l’An.
Je note que ce mouvement, certes discutable, concerne essentiellement des citadins, voire des journalistes et qu’il aura été le sujet n° 1 de la semaine, notamment sur Cnews.
Savez vous qu’il existe quantité de Français qui utilisent leur voiture pour se rendre à leur travail, emmener leurs enfants à l’école, faire leurs courses… ?
Les plus modestes de ces Français tremblent à chaque contrôle technique de leur véhicule, se verront bientôt interdits d’accéder aux plus grandes villes car leur pot d’échappement pue la pauvreté que les bobos ne veulent pas voir.
Qui parle de ces Français qui sont largement plus nombreux que les 200000 personnes privées de TGV pour Noël ?
Alors oui, certains salariés de la SNCF abusent de leur situation, mais que dire de l’abus de pouvoir de notre gouvernement qui méprise les plus modestes qui n’ont pas les moyens de se payer une voiture “propre” même avec des aides payées par les un peu moins pauvres ?
A Toulouse, on a mis des parkings à tous les terminus du métro pour que les automobilistes les utilisent. Et mirage de l’écologie, ils prendront un pv pour s’y rendre.
Une fois de plus , le service public à la française se distingue par son art inégalable d’arrêter tout travail en période de fêtes, sous le prétexte de conditions de travail moyenâgeuses et sous-payées (cela fait 50 ans que les syndicats de travailleurs nous ressassent cette chanson),
et d’emmerder les citoyens français qui financent sans répit la SNCF , ce gouffre abyssal à côté duquel le tonneau des Danaïdes apparaît comme un simple puits peu profond.
Une fois de plus, les politicards de cette gauche moraliste et déconnectée du monde réel, font des déclarations martiales pour tenter de camoufler leur impuissance et leur incompétence.
Une fois de plus, les journaleux propagandistes se cachent derrière leur nombril pour ne pas parler des vrais problèmes qui amènent ce pays à sa tombe !