« Dans le monde réellement renversé, écrivait Guy Debord, le vrai est un moment du faux ». Mais on finit tout de même par se demander de quel vrai la saga de l’influenceur masculiniste Andrew Tate pourrait bien être le faux. Greta Thunberg, à qui il adressait des provocations infantiles sur Twitter, est-elle un interlocuteur compétent en matière d’écologie (ou de quoi que ce soit) ? Les deux jeunes femmes trouvées par la police dans la villa que louaient l’ancien catcheur et son frère en Roumanie étaient-elles réellement séquestrées ? Les activités pour lesquelles Tate est recherché (« misogynie » et « discours de haine ») sont-elles réellement criminelles ?
De toute cette grosse ration de spectacle grand public, la seule chose qui paraisse un tant soit peu authentique, c’est le carton de pizza – exhibé par Tate dans le cadre de sa vidéo de provocation « contre » Greta – qui semble avoir permis à la police roumaine de le localiser.
Pour toute substance: l’emballage vide d’un emballage vide
Comme par hasard, ce carton et les habitudes de malbouffe qu’il symbolise sont d’ailleurs aussi le seul trait d’union concret entre la vie réelle du travailleur ubérisé occidental – c’est-à-dire du consommateur de ce spectacle – et la vie plus ou moins fantastique des hologrammes qui peuplent cette histoire de fous. Pendant ce temps, des obus payés par le contribuable français fauchent des vies en Ukraine orientale, Albert Bourla et Ursula von der Leyen se promènent en liberté, et l’AVC « climatique » fait un carnage comparable aux différends territoriaux des Slaves de l’Est. Sans même parler d’un autre Pizza Gate (un vrai, pour le coup), que tout le monde semble déjà avoir oublié… Circulez, bonnes gens, il y a tout à regarder, donc rien à voir.