Emmanuel Macron – premier président « hors partis » de la 5e République – étant avant tout un produit du spectacle médiatique, même quand il nous gratifie d’un acte aussi spectaculairement vide que les traditionnels vœux pour la nouvelle année, le très évanescent contenu de son discours est, comme d’habitude, moins intéressant que les modalités de son emballage par la presse de grand chemin.
Télé-loisirs, par exemple, tombe dans le panneau avec une complaisance rare dans les genres non-pornographiques, recyclant candidement des éléments de récit de toute évidence préparés avec soin par l’équipe de communication de l’Élysée – en l’occurrence, la fameuse « bibliothèque de CDI » choisie par l’assez mauvaise incarnation du Monarque comme fond visuel de son intervention. Rendons à ce propos justice à Télé-loisirs : dans ce panneau, les internautes, ne tarissant pas de commentaires sur ce détail ridicule, avaient largement précédé la presse. Or, dans l’édition 2022 des vœux, ce qui est intéressant, ce n’est pas le lieu, ni même l’audience – forcément un peu décevante quand l’acteur n’est pas en mesure de la booster en menaçant de confinement un public captif. Ce qui est intéressant, c’est le temps.
« La transparence de ta chère (et longue) présence, comandante »
D’abord, le moment de l’enregistrement: « dans l’après-midi », quand « le président » doit encore se consacrer à son job « au service » des « gens qui ne sont rien » – en soirée, il retrouvera comme d’habitude les « français » de son monde à lui. Ensuite, la durée : une durée record, surtout pour ne rien dire. Plus l’acte de gouvernement concret est délégué à McKinsey et à l’Union européenne de Davos, plus la logorrhée du Fidel Castro d’Amiens va prendre de temps d’antenne. À défaut de sauver les retraites de ses vénérables électeurs, il en aura au moins occupé le temps de cerveau disponible.
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