Un magazine américain, en vertu de critères qui le regardent, place la France derrière les États-Unis dans un classement des cuisines mondiales. La belle affaire ! Voilà qui n’aurait probablement pas ôté le sommeil à un Bocuse. Et qui n’aurait pas forcément réussi à arracher à Brillat-Savarin un bâillement d’ennui.
Dans l’effervescence entourant en France ce malheureux classement du magazine Taste, comme dans tant de phénomènes spectaculaires du monde actuel, ce qui mérite l’attention, bien plus que l’objet lui-même, c’est donc, à mon avis, le regard que nous portons sur lui.
La folklorisation, préalable à la dissolution dans l’euromondialisme
Grande nation gastronomique, la France était jadis aussi connue mondialement pour de toutes autres raisons : c’était aussi le pays de « la galanterie » (pour ne pas dire : de la drague), et la patrie des droits de l’homme. Entre-temps soumise au totalitarisme #metoo, et devenue le pays du café à boire obligatoirement debout ou assis en fonction des impératifs « virologiques » du moment, la France s’agrippe désormais maladivement à sa gastronomie – d’ailleurs fortement menacée par le chapitre suivant du Great Reset, qui promet de la priver de four, bien plus que par les classements de tel ou tel magazine américain.
En assistant à ce raidissement identitaire sur les détails du menu dans un pays quotidiennement humilié par les menées de menus escrocs bruxellois comme Ursula von der Leyen, l’alsacien que je suis a du mal à ne pas repenser à sa propre histoire. Chez nous aussi, la disparition définitive de la langue et de l’identité alsaciennes a été précédée par une génération qui se serait fait hacher menue pour défendre l’honneur et la recette exacte de la Flàmmkueche ou du Bæckeofe. Il y en a qui auraient appelé ça « dialectique de la modernité ». Mais je vais encore me faire traiter d’hégélien…