L’Histoire se chargera peut-être d’expliquer un jour pourquoi, si ce n’est par un caprice d’enfant pris d’un désir de toute-puissance, Emmanuel Macron a décidé d’imposer sans explication intelligible la réforme des retraites au pire moment de la conjoncture économique, entre montée angoissante de l’inflation, pénuries énergétiques, guerre en Ukraine et autres moments anxiogènes. Toujours est-il que, comme nous le répétons depuis plusieurs années, ce ne sont pas ses moins de 20 millions de voix au second tour qui ont lui donné la légitimité suffisante pour lancer une réforme aussi sensible, surtout avec un tel sens de la provocation permanente (on retiendra sa remarque très récente sur le fait qu’il avait gagné les élections, donc que son programme était approuvé…). Nous l’affirmions hier : le gouvernement devra céder d’importantes contreparties s’il veut survivre à cette épreuve. Et les contreparties sont désormais toutes trouvées : ce seront les entreprises, qui vont devoir payer tous azimuts le prix des erreurs et des caprices macronistes. Une fois de plus, la stratégie patronale de soumission complète à Macron est ici en procès.
Nous l’affirmions hier : si Macron continue à forer droit dans le granit de la résistance française à un régime universel de retraites (en supprimant les régimes spéciaux, car c’est bien le carburant qui nourrit le mouvement actuel), il devra lâcher de très lourdes contreparties pour apaiser la colère populaire. Et l’inflation des compensations a commencé : depuis plusieurs jours, mais tout particulièrement depuis hier, le gouvernement commence à mettre des “cadeaux” sur la table pour tenter de calmer le mécontentement. Nous connaissons tous la mécanique implacable qui se met en place : on commence à lâcher des contreparties pour faire admettre une réforme inacceptable, on finit par abandonner la réforme mais les contreparties restent.
En l’espèce, ces contreparties consistent toutes à valider de nouvelles couches de normes lunaires à appliquer par les entreprises.
Le gouvernement bute contre le granit du mouvement social
Donc, alors que le gouvernement avait parié sur une apathie de l’opinion publique face à son projet de réforme (nous répétons une fois de plus que la caste est trop déconnectée de la France ordinaire pour en comprendre et en anticiper les ressorts), l’inverse se produit : non seulement la première journée de manifestation avait rencontré un véritable succès populaire, mais la deuxième journée l’a surpassée, de l’aveu même de la police.
Voilà une nouvelle bien fâcheuse pour Emmanuel Macron qui a décidé de se divertir en s’occupant d’Ukraine, sujet plus élevé que celui du mécontentement des gueux, qu’il laisse volontiers à Elisabeth Borne. Le gouvernement est donc abandonné seul sur sa banquise, et part désormais à la recherche d’une porte de sortie, dont on connaît les deux directions possibles : soit un retrait du texte en bon ordre, soit la persévérance dans l’erreur, qui supposera de lâcher du lest tous azimuts. Bien entendu, l’Histoire contemporaine montre que l’un n’a jamais exclu l’autre.
Dès hier soir, Elisabeth Borne, prise dans la nasse, faisait donc savoir qu’elle avait entendu les “doutes” et les “interrogations” exprimées par les manifestants. Peut-être les 1,2 millions de manifestants (selon la police) n’ont-ils pas crié assez fort pour la Première Ministre ait surtout entendu leurs certitudes. Ce sont surtout les doutes et les interrogations du gouvernement que nous entendons ici sur la meilleure façon de sortir de la seringue par le haut.
Voilà qui promet de belles embardées prochaines.
Des obligations sur l’emploi des seniors
Donc, comme toujours dans les sociétés primitives, toute crise inexpliquée suppose que l’on apaise les dieux avec force sacrifices. La séquence rituelle a commencé avec l’invention de “l’index senior” par la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale. Celui-ci obligera les entreprises de plus de 300 salariés devra publier annuellement l’état de ses recrutements de seniors.
Les entreprises qui manqueraient à cette obligation de calcul de l’index et de transparence des résultats pourraient se voir infliger une sanction financière sous forme d’une pénalité égale à 1 % des rémunérations et gains versés au cours de l’année civile précédant celle au titre de laquelle l’obligation est méconnue. Son montant tiendrait compte des efforts constatés dans l’entreprise en matière d’emploi des seniors ainsi que des motifs de méconnaissance de l’obligation de publication.
Pour l’instant, aucune sanction n’est prévue pour les entreprises qui auraient de mauvais résultats en matière de recrutement des seniors. Mais on voit bien vers quoi tend le gouvernement pour apaiser les esprits : contraindre les entreprises à recruter des salariés dont elles n’ont pas besoin pour compenser les inquiétudes sur le report de l’âge de départ à la retraite.
Vers la semaine des 4 jours !
Mais la mesure la plus inquiétante tient probablement au “contre-projet” dévoilé par Gabriel Attal de semaine de 4 jours pour les fonctionnaires, projet venu de nulle part pour “améliorer la qualité de vie au travail”. Visiblement, ce sont les agents des URSSAF de Picardie qui seront chargés de tester ce dispositif où il faudra travailler 35 heures en 4 jours…
On comprend bien dans quel délire le gouvernement met les pieds : pour faire admettre de travailler plus longtemps, il faut rendre le travail plus “acceptable”, c’est-à-dire l’alléger progressivement. Avec la semaine de 4 jours, le gouvernement ouvre un boulevard aux 32 heures ou aux revendications fantaisistes dans les entreprises. D’une manière générale, pour faire passer les caprices de Macron, c’est donc l’ensemble de la compétitivité du pays qui pourrait être sacrifiée sans mot dire.
Toute la question est de savoir jusqu’où les organisations syndicales pourront tirer cette délirante pelote où l’organisation du travail sera réduite pour tous, afin de rendre acceptable une réforme des retraites dont rien ne dit qu’elle ira jusqu’au bout.
Comment le MEDEF participe à la mascarade
Au demeurant, il ne fallait pas être grand clerc pour imaginer que les entreprises seraient in fine les victimes expiatoires de cette mesure imposée au forceps. Pour des raisons mystérieuses, le Président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, a joué aux bons élèves en plaidant constamment pour la mise en place de cette réforme où les entreprises n’ont pourtant que des coups à se prendre (la meilleure preuve étant qu’elles emploient peu de salariés de plus de 60 ans). On voit bien ici comment le patronat a organisé le malheur des entreprises, en soutenant avec zèle une décision politique dont une nouvelle diminution de compétitivité sera la conséquence.
Sur le fond, ce dossier qui met le feu aux poudres illustre parfaitement le clivage entre une caste idéologisée et la réalité d’un pays blessé et aux abois.
Mon Cher Eric, la ruine des entrepreneurs est en cours et je sais de quoi je parle étant donné que j’en suis un !
C’est bien l’une des rares fois que je trouve cette gréve nécessaire et indispensable, mais ne nous leurrons pas, la gréve n’est pas l’alpha et l’oméga pour se sortir de cette tyrannie. D’où mon post concernant la nécessité à Tous Français qui se respecte et veut voir ce régime macronien abolie, de faire ce courrier à nos élus députés et sénateurs afin de destituer le despote. Nous avons la majorité aux parlements, il ne tient qu’à nous de renverser la table !
En tant que Citoyen responsable, nous nous devons de trouver les solutions les plus démocratiques, les moins destructrices afin de remettre notre pays en ordre de marche, sinon ce sera le chaos, ce que cherche nos dirigeants, ne soyons pas dupes !!
Je serais très heureux de vous entendre sur le sujet.
il y a une idée qu’a soulevé Draw My Economy dans sa dernière vidéo,; c’est peut-être “nos” créanciers veulent un geste de “bonne gestion” de Macron pour continuer de prêter à la France? cette réforme est demandé par Brussels et probablement derrière se cachent les banksters de la City et de Wall Street?
https://www.youtube.com/watch?v=kd-qNJM8ebU
donc il ne peut pas reculer!
Bien sûr, il est pris entre le marteau bruxellois (et financier derrière) et l’enclume du peuple qui en a marre de se faire taper dessus.
Si le résultat de tout ça est une perte de compétitivité du pays, il aura bien servi ses maîtres en sabordant un peu plus la France.
Cette réforme est demandée par Bruxelles comme condition pour toucher le pactole du plan de relance européen. C’est donc un chantage. Mais comme l’agité du Touquet a besoin de ce pognon pour préparer sa succession, il se couche devant la Hyène.
@citoyen Eric : vous rêvez à propos de l’opposition. Elle en a rien à cirer des Français. Elle préfère rester au chaud près de la gamelle fournie par l’Elysée en échange d’une mise en scène pathétique. Les soignants suspendus ont pu voir ce qu’ils valaient au RN et chez Nupes : rien du tout sauf le jour des élections.
Vivement que maqueron dissolve l’AN.
Bonjour,
Il y a des solution de production de richesse pour la France qui en ferait un “leader” européen.
https://www.youtube.com/results?search_query=méthanisation+des+algues
Il y a là tout ce qu’il nous faut, et la technologie est connue. Il faut juste décider de le faire.
Mais pour ça, il faut virer Macron et sa bande, et sans doute se libérer de la tutelle de l’UE, et aussi battre monnaie. Donc, ressusciter la France.
Bonne journée à tous
Bonjour,
Une réflexion m’est venu au début des gilets jaune. Macron voulait pas éviter une confrontation, il voulait une guerre civile.
Maintenant, j’y crois encore plus, ses donneurs d’ordres veulent une guerre civile mondiale (entre les pauvres et très riches?)
Restons sur la question des entreprises car les TPE, PME, Indépendants, sont, selon moi, l’enjeu réel, dont les puissances financières veulent l’asservissement. N’avez-vous pas remarqué que les multinationales veulent récupérer les travaux effectués par toutes ces petites entreprises ? C’est un marché qui leur échappe encore, mais que les multinationales veulent récupérer, en salariant une partie des artisans qui survivront au Covid, puis aux faillites. La crise financière inévitable planifiée et programmée, ne devrait pas tarder pour permettre l’élimination d’une bonne partie du chiffre d’affaires de ces TPE, PME, & Indépendants.