L’inauguration d’un buste de Staline à l’occasion du 80e anniversaire de la victoire de Stalingrad par les autorités de la ville est une faute majeure. Au jeu du révisionnisme cependant, les Occidentaux ne sont guère en position de s’ériger en donneurs de leçons, tant ils ont mis entre parenthèses la notion de devoir de mémoire en ce qui concerne l’Ukraine.
Vladimir Poutine a toujours eu une posture bonapartiste. Napoléon assumait tout, « de Clovis au comité de salut public ». Le Président russe en fait autant, de Rurik à Béria. Mais s’il avait voulu défier les nations les plus russophobes d’Europe, il n’aurait pas pu mieux s’y prendre qu’en acceptant que l’on rende hommage à Staline. Car le Vojd n’a pas seulement été le bourreau de son propre peuple avec plus de 20 millions de morts, dont les victimes ukrainiennes de l’Holodomor. Il a été responsable de la disparition ou de la déportation de millions de Baltes et de Polonais. Certes Poutine n’a pas assisté à la cérémonie au cours de laquelle le buste du dictateur a été dévoilé. En agissant de la sorte cependant, il agite le chiffon rouge, justifie la paranoïa des nations autrefois soumises à l’Union soviétique, jette le trouble chez ceux qui, en Occident, peuvent comprendre la position russe, mais certainement pas une réhabilitation du communisme.
Sa comparaison entre le conflit russo-ukrainien et la Seconde Guerre mondiale, peut-être qualifiée par ailleurs de maladresse. Cette fois, c’est la Russie qui a attaqué, même si elle juge livrer une guerre préemptive, donc justifiée. Et en dépit des propos de Vladimir Poutine comparant l’arrivée prochaine de chars Léopard-2 allemands en Ukraine à celle des panzers de Hitler, la Russie livre un combat contre un adversaire coriace, mais bien moins redoutable que la Wehrmacht.
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Lorsque je suis allée en Russie, remarquant la fierté de certains Russes devant d’imposants bâtiments staliniens, j’ai abordé ce sujet des années du communisme. Voici ce que mes interlocuteurs m’ont répondu: rappelez-vous que c’est l’armée soviétique de Staline qui vous a délivrés du nazisme, le reste c’est notre affaire.
Je suis choqué que Ph. Migault puisse appeler “mythe” la grande guerre patriotique. Sans doute trouve-t-il que 25ou 27 millions de morts, c’est un mythe, qui ne devrait pas laisser de trace dans la mémoire collective d’un peuple. L’holodomor a frappé indistinctement au moins sept républiques soviétiques. le critère n’était pas l’ethnicité mais le statut de paysan “koulak”.
Peut être que les français veulent oublier qu’ils ont été très communistes et que c’est une grande partie de la vie culturelle de notre pays entre 45 et 68… Alors, demander aux russes de surtout l’oublier et ne jamais en parler pour ne pas froisser la mauvaise conscience française…
Je trouve ces analyses, pour le coup, nulles à ch….
Vous avez mal interprété mon propos Monsieur. Lorsque je parle de mythe, je fais référence à la dimension mythique de cette guerre en termes d’héroïsme, de capacités de résilience, exactement comme je parlerais du mythe de Dien bien Phu. Concernant l’Holodomor, le fait que je parle des victimes ukrainiennes de l’Holodomor ne signifie pas que j’ignore les autres et vous avez raison, la problématique était celle des Koulaks . Il se trouve simplement que la Russie est en guerre contre l’Ukraine, pas contre ses provinces de Stavropol, du Kouban et autres, qui elles aussi ont été touchées par cette famine.
En ce qui concerne le communisme français, j’estime que son apport à la vie culturelle français et à notre vie politique tout court, a fait plus de mal que de bien. C’est pourquoi je dis qu’il ne saurait être question d’accepter une réhabilitation du communisme.
Bref, je crois tout simplement qu’il y a malentendu.
Philippe Migault
Excellente analyse et bravo à cette édition qui fait le travail des éditions telles que Marianne ou l’Express si elle n’avait pas été acheté par la haute finance, ceux que vous appelez la caste. Ne vous souhaite un vif et large succès.