Vous voulez sauver la planète ? Alors le nucléaire sera incontournable. Et la Russie aussi. Tandis que nous constatons la déliquescence de notre parc de centrales, le Kremlin met les bouchées doubles sur l’atome, pour ses besoins comme à l’export. Et sur ce point, nul n’ose le sanctionner.
Obsédées par le gaz et le pétrole russes, dont elles sont priées de se sevrer, les opinions publiques occidentales ne se préoccupent guère du nucléaire civil mis en œuvre en Russie. Pour elles, celui-ci évoque irrésistiblement Tchernobyl, des réacteurs obsolètes, entretenus par des équipes défoncées à la vodka, une industrie vétuste, dangereuse, non concurrentielle. Tout le monde se trompe. S’il est un domaine où la Russie a su moderniser ses savoir-faire, au point d’être aujourd’hui l’incontestable leader mondial, c’est le nucléaire civil. Un point fort dont s’inquiète le Royal United Services Institute (RUSI), le fameux think-tank britannique dédié aux affaires de défense. Moscou, suite au drame de Tchernobyl, a mené une réorganisation de son industrie nucléaire tambour battant, concentrant tous les leviers au sein d’un seul acteur, Rosatom, grande corporation d’Etat, ou Goskorporotsiïa, regroupant plus de 300 entreprises et laboratoires, pour près de 250 000 salariés. Une restructuration qui, contrairement à ce qui a été fait dans la construction navale ou l’aéronautique civile, a été couronnée de succès.
Le groupe dispose d’un carnet de commandes représentant, selon les calculs russes ou occidentaux, 34 à 41 centrales nucléaires à l’export, soit 75% du marché mondial pour un montant de quelques 140 milliards de dollars sur les dix prochaines années, auquel il faut ajouter les exportations de combustible nucléaire (Rosatom est également le leader mondial de l’enrichissement d’uranium avec 38% du marché). Il surclasse ses rivaux américain et français Westinghouse et Orano (autrefois Areva). Avec lui, l’économie russe dispose non seulement d’un précieux relai de croissance à l’international, mais aussi d’un atout maître en termes diplomatiques, situation qui exaspère d’autant plus le RUSI que, comme il le souligne, il est extrêmement difficile de prendre des sanctions dans ce secteur.
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J’ignorais cet aspect. Les sanctions nous tuent mais renforcent les Russes qui font de grands bonds en avant
Chez nous, la loi de démantèlement du nucléaire est toujours en vigueur et Macron continue à nommer aux postes clés des anti-nucléaires militants.
Il fait le contraire de ce qu’il annonce, comme d’habitude.