On s’est beaucoup amusé de voir BFM, télé semi-officielle de la Macronie, utiliser, pour illustrer un sujet portant sur le président ukrainien, la photographie d’un imitateur russe.
Mais le plus curieux, c’est de voir à quel point cette confusion semble, finalement, naturelle. Déjà peu renseignés sur cette Europe centrale, située à une journée de voyage en train, où j’ai passé le plus clair de ma vie, les Français n’ont en général pas la moindre idée des réalités du monde post-soviétique – théâtre de la fable sanglante que le Spectacle oligarchique agite (en attendant les OVNIs ?) devant leurs yeux fascinés pour « justifier » la plus drastique des « corrections » du niveau de vie qu’ils aient eu à subir depuis la défaite de 1940.
Savent-ils que l’ukrainien et le russe sont des langues mutuellement inter-compréhensibles ? Ou que l’ukrainien, comme langue 1 (langue de la famille) est une langue minoritaire en Ukraine ? Savent-ils combien de citoyens de la Fédération de Russie portent un nom ukrainien ?
Non, bien sûr. Ils savent ce que leur racontent les propagandistes des deux bords, qui flattent et entretiennent leur ignorance.
BFM ment, BFM ment, BFM est russo-ukrainien !
Ainsi, on peut être « pro-ukrainien » par nostalgie nazie, ou parce que l’on consomme sans modération les bobards rhétoriques et filmiques de BHL – tout comme on peut devenir « pro-russe » en écoutant trop souvent les rhapsodes racialistes de Démocratie Participative (qui, dans leur Russie adorée, atterriraient en taule dès leur premier podcast), ou parce qu’on fait confiance à l’expertise (teintée d’amnésie sélective) de MM. Sapir, Todd ou Klarsfeld. C’est comme l’OM et le PSG, en somme : une question de goût.
Et, une fois qu’on a gobé une énormité comme « l’Amérique en guerre contre la Russie », on peut aussi digérer BFMTV nous annonçant benoîtement que « les Russes ont été avertis de la visite de Biden » à Kiev. Sans rien trouver d’étrange dans toute cette histoire à dormir debout – si ce n’est le fait que le Zelensky de la photographie est en fait un imitateur « russe ». Le remplacement d’un imitateur ukrainien par un imitateur russe – c’est, comme aurait dit Debord, le moment où « le mensonger s’est menti à lui-même ».
Sur ce : Slava qui vous voulez, bonnes gens, et bonne fin d’abondance !
Modeste Schwartz sera beaucoup pardonné car il a beaucoup pêché. Il sera pardonné car nous avons un vécu en commun, puisque j’ai passé toute ma vie professionnelle loin dans l’Est, habitant à Varsovie puis à Budapest. Mais il continue à pêcher , à mon sens par une pensée et une rhétorique en ébullition permanente que je ne parviens pas à capter. Si j’en crois mon entendement, La Russie et l’Ukraine ne sont pas vraiment en guerre et pas vraiment contre les USA… je suis perdu. Je vois la Russie en guerre contre le deep state, qui est lui même en position d’écrasement du peuple américain. Ce sont les européens et les ukrainiens qui paient le prix du sang pour les uns et de l’apauvrissement pour les autres. Les Chinois les iraniens, l’Afrique, lInde et l’amérique latine sont où dans ce cirque?
Ils en profitent (d’ailleurs presque dans l’ordre de votre liste!).
L’Amérique aussi, cela dit – ce qui explique que les vrais impérialistes (autour de Trump) se tassent (alors qu’eux auraient préféré se cultiver Poutine pour l’utiliser contre la Chine – mais c’était compter sans Davos).
Du coup, on se rend compte que le pseudo-concept “d’Etat profond” ne correspond à rien dans la réalité: dans la réalité, il y a les vrais impérialistes anglo-saxons (aujourd’hui dans l’opposition des deux côtés de l’Atlantique), et il y a les davosiens Biden et Sunak, chargés de faire semblant de faire la guerre à guerre à la Russie tant que les intérêts du Reset l’exigeront. Mais pas au-delà (et même Soros s’en plaint!).
Attention: je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas de guerre civile en Ukraine (avec ingérences russe et de l’OTAN): elle dure depuis 9 ans au moins. Et ne justifie en rien toutes les évolutions qu’on nous présente communément comme “ses conséquences” – comme s’il existait un eurodéputé (je ne parle même pas des commissaires) assez stupide pour penser qu’on peut, depuis Bruxelles, empêcher Gazprom d’exporter en Chine…
Slavă Domnului !
Așa să fie.
Pourquoi dites-vous que « l’Amérique en guerre contre la Russie » est une absurdité ?
1) Parce que nous serions déjà tous morts.
2) Parce que, si le Kremlin ne voyait pas les choses exactement comme moi, il n’aurait certainement pas eu besoin de sanctions pour stopper la livraison aux USA (qui continue) de combustibles non-sanctionnés et de minerais utilisables par l’industrie d’armement.
(je pourrais continuer cette liste assez longtemps – si bien qu’il serait plus simple de VOUS inviter à réviser vos définitions: qu’est-ce qu’une guerre, et – en fonction de la réponse – qu’est-ce que vous permet de penser (à part le bruit médiatique) qu’il y en a une en cours entre ces deux puissances nucléaires?)
Bonsoir,
Pour utiliser un raccourci, est-ce à dire que VP, en faisant durer le plaisir serait au service du great reset de davos? Tant faire durer permet d’ installer les éléments de destruction des économies mondiales et particulièrement celle européenne en conformité avec le plan davosien.
Certains pensent, serait-ce à tort, que cette guerre dirigée par l’ état profond us contre les valeurs russes, essentiellement celles véhiculées par l’ orthodoxie, permet de détruire en même temps et de façon bienvenue, un nationalisme ukrainien vivace comme celui serbe dérangeait déjà le mondialisme occidental d’ où l’ intervention destructrice de l’ état profond/otan sur le pays?
Faut-il y voir selon vous une entreprise quasi symétrique?
Vous n’avez pas tort, mais c’est à mon sens une perspective trop psychologisante. On ne peut pas tout rapporter à la personnalité de V. Poutine (dont on surestime à mon avis à la fois le rôle décisionnel et l’intelligence). En fait, on peut très bien imaginer que Poutine, après avoir “joué le jeu” de Davos, a été piégé en Ukraine (par les apparences savemment entretenues d’une victoire facile – que l’armée russe espérait visiblement au cours des premières semaines de l’opération, et qui n’a pas eu lieu). L’essentiel, c’est de voir que le Kremlin sait parfaitement où se trouvent les limites du jeu, et qu’elles n’incluent pas la possibilité d’une guerre ouverte contre l’OTAN – mais qu’en revanche, personne (à part l’Europe, qui politiquement n’est plus représentée en tant que telle) ne verra d’un mauvais oeil un conflit traînant en longueur. Or comme le Kremlin ne peut désormais plus l’abréger sans perdre la face…
Et bien entendu, personne (ni à Davos, ni à Moscou) ne déplorera non plus l’anéantissement de cette jeunesse ukrainienne nationaliste, voire raciste.
Le reste (orthodoxie, “valeurs” etc.), c’est juste du bla-bla.
Peut-être parce que votre définition de la guerre est un peu trop restrictive. L’affrontement directe à mort entre 2 puissances n’en est que la forme la plus extrême. Je suppose que vous connaissez le concept de “guerre hybride”. Et puis ne pas oublier la définition de Clausewitz: “la guerre n’est que la continuation de la relation politique par d’autres moyens”.
Ce n’est donc pas parce que russes et américains partageraient une même vision “Davosienne” du monde qu’ils ne s’affronteraient pas pour avoir la meilleure place possible au sein de ce système. Le fait que les seigneurs du moyen-âge avaient le même corpus de valeurs ne les empêchaient pas de se faire la guerre.
Je pense qu’elle n’est ni trop “restrictive”, ni trop large: elle est simplement différente de celle que vous avez probablement en vue (et qui domine d’ailleurs le discours actuel: et pour cause, étant donné que la guerre telle que je la définis a pratiquement disparu du monde industrialisé depuis des décennies, voire plus).
Et, en l’occurrence, je ne vois d’ailleurs pas de raison de pratiquer un réalisme du concept: on peut très bien définir et formuler comme vous le faites. Simplement, il faut être conscient des conséquences: dans ce cas, il n’y a pas de “guerre de civilisations” (juste des bla-bla d’accompagnement pour motiver les derniers naïfs disposés à aller se faire trouer la peau pour un salaire inférieur à celui de Wagner), et le sort de ces armes ne nous concerne pas davantage que l’issue des guerres féodales ne concernait mon serf d’aïeul…
La guerre est dirigée contre l’Europe, pas contre la Russie.
Pendant la guerre du Péloponnèse, ce sont les “alliés” d’Athènes qui ont le plus morflé.
Tout à fait. Parce que l’Europe est le maillon faible de la chaîne mondiale.
La seule chose que j’ai l’impression de comprendre, malgré le tas de documents que j’ingurgite, c’est que la routourne a tourné (pas mieux que Ribéry) et qu’elle tourne à 360° (pas mieux que Baerbock).
Voici le plus clair des commentaires.