Quoi qu’on pense du projet de « réforme » des retraites et des grèves censées le faire dérailler, on peut trouver bizarre, dans le cadre d’une république laïque, que les sentiments des fils Halimi s’y transforment en arguments politiques.
A vrai dire, il y a belle lurette que ladite République n’était plus laïque, ayant choisi, à partir des lois mémorielles de l’ère Mitterrand, de se construire contre un certain nombre de « phobies » et de croyances hérétiques (comme le fameux révisionnisme), qui, jusque-là, n’avaient jamais été caractérisables dans le droit d’aucun État libéral.
Le machisme, par exemple, n’est plus une tournure d’esprit relevant du goût (libre ensuite à certaines femmes de le trouver attirant, à d’autres de le fuir), mais un crime de pensée, punissable comme tel.
On ne serait donc même plus surpris d’entendre Serge, le plus à gauche des fils de Sainte Gisèle Halimi (que le Féminisme bénisse son nom !) prendre position – en l’absence de tout mandat et de toute expertise, comme c’est désormais l’usage – à propos de la guerre en Ukraine, étant donné qu’il est désormais consensuellement admis que « l’agression russe » ne fait qu’exprimer la « culture du viol » russe.
Saint Serge Halimi : commémorer, c’est gouverner
En revanche, on a plus de mal à voir – à part une vague allusion à la « pénibilité » de certains métiers féminins – en quoi la sainteté (visiblement héréditaire) de l’apostolat féministe donne procuration à tel ou tel fils-de pour approuver ou désapprouver des grèves dont l’enjeu est une question de justice sociale – laquelle est encore, en principe, censée concerner à parts égales les deux sexes réellement existants…
La conclusion qui s’impose est donc que, via la féminisation du politique, la sainteté féministe a désormais acquis des prérogatives omnibus : « du moment que ma mère a passé plusieurs jours en GAV pour les droits des femmes il y a quelques décennies, je vais vous dire comment organiser vos régimes de retraite ».
Car – en l’absence, notamment, de tout débat politique réel – l’enjeu du moment, ce sont les commémorations de la mort de Sainte Gisèle : à défaut de projet (orienté vers l’avenir), la République a désormais surtout des devoirs rituels, issus d’un passé vénérable – qui se trouve être le passé jeuniste de mai 68, mais pour le blanc-bec Macron, même ça, c’est vieux…
Cofondateur de Médiapart le rejeton Halimi publie en l’an 2000, avec Dominique Vidal -un ami du FLN qui poursuit E. Husson de ses assiduités-, “L’opinion, ça se travaille”. Ils veulent expliquer comment les grands médias prennent position en faveur des guerres de l’OTAN, notamment celle du Kosovo. En bref c’est de la Gauche caviar qui se nourrit du système en caviardant souvent le réel.
Les socialistes progressistes sont parfaits. Des idoles de mère en fils !
Il y a environ 20 ans, j’ai eu affaire au tribunal de grande instance de Versailles pour une affaire de locataire indélicat. Avant notre passage devant la cour, j’ai eu le plaisir d’entendre l’avocat Halimi fils se défendre contre une plainte de sa mère pour défaut de droit de visite des grands-parents envers ses petits-enfants.