L’autorité italienne de régulation de l’assurance-vie a décidé de placer Eurovita en redressement judiciaire. L’assureur-vie a, en conséquence, invoqué l’équivalent italien de notre loi Sapin II (j’en parle longuement ici) pour interrompre immédiatement et, dans un premier temps, jusqu’à la fin du mois de mars, les rachats anticipés de ses polices d’assurance et autres fonds en euros : ce sont ainsi plus de 350 000 clients qui se retrouvent empêchés de retirer leur épargne, pour un montant total d’environ 15 Mds € ! Quand on vous dit qu’avec un contrat, ou même un livret d’épargne réglementé en banque, votre argent ne vous appartient plus et que vous n’en êtes plus que le créancier !
Pire, le blocage de vos fonds a été rendu possible grâce à une directive européenne, transcrite dans le droit de tous les pays de l’UE (en France dès 2016). Si l’assureur Eurovita, investi en obligations d’État, essentiellement françaises et allemandes d’ailleurs, devait faire faillite, on tiendrait là le premier investisseur institutionnel à faire directement les frais du resserrement monétaire de la BCE, c’est-à-dire de la brusque remontée de son principal taux directeur, lequel, comme nous avons souvent l’occasion de l’expliquer dans notre mensuel Finance & Tic, fait évoluer en sens inverse la valeur des obligations qui constituent encore une part trop importante de nombreux contrats d’assurance-vie. Retrouvez nos analyses de ce produit potentiellement toxique dans notre dossier N°11.
Le chiffre de la semaine
+15%, la hausse du prix du quota de CO2 depuis le début de l’année
Ô miracle ! Les mécanismes de marché sont efficaces pour allouer les ressources rares ! On redécouvre la roue !
Il y a maintenant plus d’un an, la Russie a envahi l’Ukraine et les prix de l’énergie se sont envolés, tandis que celui du quota de CO2 sur le marché européen du carbone perdait plus d’un tiers de sa valeur. Certains ont alors cru que le système n’allait pas résister à la flambée des prix énergétiques. Un an après, le prix du quota s’en est remis et il se porte bien. Depuis janvier dernier, il a gagné plus de 15 %. Début mars, le prix du contrat à terme à échéance d’un an a même atteint la barre symbolique des 100€ la tonne. Le prix spot, réglé, lui, au comptant, a aussi atteint un pic, non moins historique, de 97€ la tonne.
Cette forte remontée du prix du quota fait écho à la baisse du prix du charbon qui s’est fait sentir dès que les risques de rupture d’approvisionnement sur le système électrique, élevés à l’approche de l’hiver, se sont dissipés. Forte et rapide, du fait des stocks de précaution que l’industrie du nord de l’Europe s’était constitués et qui n’ont finalement guère été utilisés, cette hausse du prix de la tonne de CO2 constitue au final une véritable arme anti-charbon, de nature cependant – paraphrasons Bruno, notre génie national – à mettre l’économie européenne à genoux. Comme cette dernière rampait déjà, peut-on en déduire que cela va la relever ? Je vous en laisse seuls juges.
La déclaration de la semaine
« C’est compliqué parce que les grands distributeurs ne sont pas forcément d’accord sur le panier. » Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture
Le panier anti-inflation, finalement, ce sera non.
L’idée, qui avait été lancée en décembre 2022 par la ministre déléguée au commerce, Olivia Grégoire, a avorté : prenant peut-être modèle sur le récent comportement du Garde des Sots Sceaux au Palais Bourbon, les grands distributeurs ont en effet fait un beau bras d’honneur – et même deux – à cette mesure, qui devait pourtant garantir des prix bas sur une sélection de produits de grande consommation et ainsi protéger les plus vulnérables de nos concitoyens de la flambée des prix à la consommation, supérieure, on le rappelle, à 14 % en glissement annuel.
Selon Marc Fesneau, notre transparent ministre de l’agriculture, cette mesure était « trop compliquée », car les grandes enseignes se sont opposées au concept même d’un panier au contenu décidé par l’Etat. A la place, #Brunoestungenie a lancé sa campagne de propagande pour faire oublier le ratage complet dudit panier : il promet à présent, tel un Brejnev gaulois, un « trimestre anti-inflation », rendant aux enseignes (privées, on le rappelle à tout hasard) toute liberté de constituer (ou pas) un tel panier. Michel-Edouard Leclerc, notre acharné de l’aiguille et du pass, a d’ores et déjà rejeté, pour sa part, la responsabilité de la hausse des prix des produits alimentaires sur les industriels. Pas folle la guêpe.
Hélas, comme à chaque sketch gouvernemental, les victimes seront les mêmes : les foyers les plus fragiles. La rumeur dit qu’au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré on aurait rétorqué : « Qu’ils mangent de la brioche. » Confinez Varennes.
L’actif de la semaine
La gestion en bon père de famille
Même si cette expression a disparu du code civil en 2014 sous la pression de députés écologistes la jugeant trop sexiste, la notion de « bonus pater familias » avait le mérite de la clarté, puisqu’elle désignait – je cite l’encyclopédie arrosée par ce bon vieux G Soros, j’ai nommé Wikipédia – le « comportement qu’aurait un individu abstrait dans une situation donnée, servant de norme générale pour mesurer l’adéquation de la conduite d’un individu concret placé dans la même situation afin de déterminer l’existence ou la mesure d’une éventuelle faute ».
Appliqué à la gestion d’un patrimoine, ce concept se révèle assez fécond, puisqu’il devient une sûre boussole de ce qu’un ménage, quelle que soit sa composition, doit envisager le plus tôt possible, s’il est soucieux de se créer un patrimoine, de le faire croître au fil du temps et de le transmettre dans des conditions fiscales favorables. Nous aborderons donc sereinement le sujet de l’optimisation successorale en bon père de famille dans le dossier N°18 à paraître le 19/3.
Tous nos dossiers bimensuels de sécession patrimoniale sont à retrouver en cliquant sur « Dossiers téléchargeables » :
- le N°1 sur les différentes classes d’actifs anti-stagflation ;
- le N°2 sur l’or-investissement ;
- le N°3 sur les métaux blancs ;
- le N°4 sur les matières premières ;
- le N°5 sur l’art-investissement ;
- le N°6 sur le non coté (PME-PMI) ;
- le N°7 sur les devises étrangères ;
- le N°8 sur les actions françaises ;
- le N°9 sur les cryptoactifs ;
- le N°10 sur les obligations souveraines étrangères ;
- le N°11 sur l’assurance-vie ;
- le N°12 sur l’entreposage physique de l’or ;
- le N°13 sur la nature-investissement (vignoble, forêt, bétail) ;
- un hors-série faisant la rétrospective des dossiers 2022 ;
- le N°14 sur les SCPI.
- le N°15 sur la pierre et l’immobilier alternatif ;
- le N°16 sur la défiscalisation immobilière ;
- le N°17 sur la débancarisation en cryptos.
Le dossier N°18, à paraître le 19/3, traitera de la gestion en bon père de famille de son patrimoine et de l’optimisation successorale.
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La défiscalisation immobilière9,90 €
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La pierre et l’immobilier alternatif9,90 €
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Investir en SCPI9,90 €
Le marché du CO2 aussi artificiel que la théorie du réchauffement anthropique. Mais la planète finance sait s’enrichir sur l’artificiel tout en sabordant les richesses réelles. Pour combien de temps encore?
Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire multiplié par 3 en 10 ans.
Qui était à l’Elysée en 2013 et en 2017 ?
Concernant les titres d’action en portefeuille “libre” (hors PEA), que deviennent-ils en cas de difficultés ou de faillite de l’établissement bancaire qui nous les garde ?
Si pas de fraude ou pas de prêt de titres, vous êtes propriétaire donc en théorie cela vous appartient et ne fait pas partie des fonds propres de votre partenaire financier
Cas du PEA
Dans l’assurance vie c’est différent car vous avez acheté des parts à l’assureur et non les titres directement