L’affaire est un peu passée inaperçue, mais le petit colloque que l’Institut Iliade voulait organiser pour commémorer le suicide de l’historien Dominique Venner à la cathédrale Notre-Dame – colloque qui devait se tenir au pavillon Wagram – a fait l’objet d’une interdiction totalement liberticide de la part du ministère de l’Intérieur et du préfet de Police. Pire : l’interdiction a fait l’objet d’une notification rocambolesque qui a empêché, de fait, toute possibilité de recours contre la décision. Or, depuis 1944, le droit au recours contre tout acte administratif est en principe garanti par le Conseil d’État. Ce fut l’un des grands points “anti-vichystes” de la jurisprudence de cette époque. Claude Chollet, secrétaire d’Iliade, nous explique pourquoi l’institut dépose une plainte pénale contre le Préfet de Police dans ce dossier…
Sous le couvert bien entendu démagogique de lutter contre l’extrême-droite, le Préfet de police de Paris a donc interdit un événement privé destiné à célébrer une philosophie de l’histoire. Précisons que cet événement privé consistait en des rencontres intellectuelles autour du souvenir du fondateur de la Nouvelle Revue d’Histoire, dont on peut contester l’esprit, mais qui n’a jamais fait l’objet de la moindre interdiction ni de la moindre polémique attentant à l’ordre public.
Plus choquant, l’interdiction de cet événement s’est déroulée dans une parfaite violation de l’état de droit, puisque les organisateurs n’en ont pas été avisés, et qu’ils se sont trouvés dans l’impossibilité de contester la décision administrative. Voilà un sacré retour en arrière par rapport à la jurisprudence administrative posée par le Conseil d’État lui-même en 1944, au sortir de l’oppression vichyssoise.
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Sur Telegram vous écrivez : l’entomologiste antifasciste Darmanin ne vous laissera plus rien ignorer de l’extrême-droite la plus groupusculaire. On dirait du Edwin Plenel. Illiade est loin, très loin d’être groupusculaire et d’extrême-droite. Je suis abonné au courrier des stratèges et je NOUS souhaite autant de succès. Je suis aussi un des donateurs d’alliage.
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Interdire de manière arbitraire un colloque qui ne présentait pas de risques en matière de troubles à l’ordre public n’est certainement pas conforme à l’esprit républicain. Ceci dit, les républicains ont le devoir de combattre les idées non-républicaines et la Nouvelle Droite diffuse de telles idées. Fondamentalement et depuis toujours la ND promeut une philosophie politique aristocratique et une telle philosophie s’oppose à la philosophie républicaine. La philosophie de la ND s’oppose, bien sûr, à l’idéologie de la Révolution française et à la philosophie libérale mais aussi à la philosophie républicaine ancienne. La ND n’a jamais rien publié sur la philosophie républicaine (celle de Cicéron et de Machiavel) et, bien sûr, elle ne l’a jamais revendiquée et pour cause ! La philosophie de la ND est une philosophie organiciste c’est à dire une philosophie aristocratique d’où l’attachement viscéral des néo-droitistes à ce que Dumézil a appelé l’idéologie trifonctionnelle des Indo-Européens qui est une idéologie aristocratique et donc non-républicaine. Ce constat suffit à situer la ND dans le camp des ennemis du républicanisme. Mais il n’y a pas que cela. La ND est un surgeon de la Révolution conservatrice allemande dont elle se réclame depuis 50 ans et dont elle publie les principaux ouvrages. Notons que celui qui a donné son nom à cette mouvance intellectuelle des années 1920-1930, Armin Mohler, avait quitté son pays, la Suisse, pour s’engager dans la Waffen SS. Il a été un des principaux inspirateurs de la ND. Un autre inspirateur de la ND, Italien celui-là, Giorgio Locchi, a écrit, dans “Essenza del fascismo”, que le mouvement de la Révolution conservatrice allemande était inséparable du nazisme, ce qui ne le gênait manifestement pas; deux livres consacrés aux idées de Locchi viennent d’être publiés par la ND. En cherchant un peu on trouve d’anciens Waffen SS, ou SS tout court, à tous les étages de la ND, notamment dans le comité de patronage de Nouvelle École, la revue d’Alain de Benoit. Ainsi, Sigrid Hundke qui fut membre de l’AhnenErbe du regretté Heinrich Himmler laquelle a eu droit à des articles élogieux dans la revue Éléments. Dans un autre registre, la théoricienne néo-nazie ukrainienne Olena Semenyaka qui fut la secrétaire du bataillon Azov revendique sa filiation avec la ND. Semenyaka est l’organisatrice du colloque annuel PanEuropa qui a lieu à Kiev et auquel ont participé de nombreux néo-droitistes. Très éclectique, elle s’est affichée aussi avec le chef des Zouaves de Paris qui se disent fascistes et qui se sont illustrés au meeting zemmourien de Villepinte. La liste des personnages liés de près au régime nazi, aux partis de la Collaboration et aux mouvements ou cénacles racistes d’aujourd’hui qui sont cités positivement par les gens de la ND est extrêmement longue. Une telle longueur exclu le “dérapage” ou la faute d’inattention.
Votre commentaire est intéressant car il met en exergue ce qui pose problème dans le républicanisme : son intolérance crasse vis à vis de toute pensée contestataire, comme le républicanisme était l’alpha et l’oméga du système politique. C’est en fait un système dictatorial, qui comme toutes les dictatures en ce bas monde n’a de cesse d’éliminer ses opposants. Ô, certes elle le fait de façon douce -bien que ce ne fut pas le cas lors de la révolution – mis elle le fait bel et bien. Il sera intéressant, lorsque l’Islam sera devenu la religion la plus pratiquée en France – de façon officielle car elle l’est déjà dans les faits – de voir comment le républicanisme s’accommodera avec cette religion totalement organique qui ne reconnait comme seule Loi, que la Loi du Divin. Je me souviens de cette phrase du grand recteur de la mosquée de Paris dans les années 90 : ” Tant que nous sommes minoritaires, nous respecterons les lois de la république “. La question est quand et ce jour approche.
Je suis un peu surpris de trouver dans le Courrier des Stratèges un tel réquisitoire contre la Nouvelle Droite. On s’attendrait plutôt à lire cela dans Libération !
Essayer de faire croire, par un choix d’exemples bien choisis et amalgamés, que la ND serait une résurgence du nazisme, est une plaisanterie. Avec le même type de raisonnement, on pourrait assurer que toute la construction européenne depuis la fin de la guerre est une reconstruction national-socialiste. Le président de la première Commission européenne, Walter Hallstein, n’était il pas une personnalité du régime nazi, membre entre autres de la Fédération des juristes nationaux-socialistes, de la Ligue nationale-socialiste des professeurs, et du corps des Nationalsozialistischen Fürungsoffiziers ?
Soyons sérieux, la Nouvelle Droite a eu une contribution éminente et irremplaçable au débat intellectuel au sein de la droite française. Sans elle, on ne voit pas ce que serait aujourd’hui la droite des idées dans notre pays: peut-être réduite à un face à face entre national-catholicisme maurassien et libéralisme atlantiste à la Raymond Aron. La Nouvelle Droite a ouvert le champ des réflexions dès la fin des années 60 dans une ambiance où l’école et l’université était sous le joug de la pensée marxistes. Je suis lecteur et abonné de la revue Eléments depuis mes années étudiantes, c’est à dire depuis 50 ans. Comme beaucoup d’autres, la Nouvelle Droite m’a permis de découvrir qu’il y a d’autres choses dans la philosophie et les sciences humaines que Karl Marx et les penseurs chrétiens (ce qui n’est pas rien, mais reste quand même un peu court), les seuls dont un lycéen de terminale était abreuvé via son prof de philo communiste et l’aumônier catholique.
Bien le fauteuil jaune. Clin d’œil à la mise en scène lancée par Livre nouar mais en mieux: siège baquet plus sportif avec dossier haut et grandes oreilles.
Ah j’oubliais: mediapark ment, mediapark est allemand.