Bien que toute notre attention soit aujourd’hui portée sur le conflit en Ukraine – et en particulier sur un usage potentiel de l’arme nucléaire, ainsi que l’a mentionné Dmitri Medvedev aux journalistes lors d’une visite au Vietnam (« Si Kiev reçoit des armes nucléaires de l’Occident, la Russie devra lancer une frappe préventive ») – l’on oublie que d’autres foyers de tensions se développent de façon préoccupante. Il ne s’agit pas seulement de Taïwan et des menaces de plus en plus sévères de la Chine à l’encontre des Etats-Unis, mais aussi des Balkans, avec la confrontation armée qui semble se préciser entre la Serbie et le Kosovo. Le Caucase-Sud fait également l’objet de crises répétitives, notamment entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. On a le sentiment que, globalement, une large partie du monde « danse sur un volcan ». Comprendre où peut mener cette situation implique d’analyser le jeu des puissances régionales, et Ritmeurasia nous en donne l’opportunité avec la question du « néo-ottomanisme » dans la région.
Dans la seconde quinzaine d’avril, le Premier ministre arménien N. Pashinyan a fait une déclaration historique, reconnaissant de fait le Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Il a proposé la reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, sur la base de la date de l’effondrement de l’URSS. Autrement dit : le Haut-Karabakh fait désormais partie de l’Azerbaïdjan.
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Pour Pashinyan la mission semble a priori simple : comment pacifier le conflit du Karabagh, compte tenu du fait que l’Arménie n’a pas de protecteur fiable et qu’elle est en infériorité militaire…
Il me semble que la position adoptée est raisonnable.
Elle est comparable à celle adoptée en 1962 par Charles De Gaulle confronté au boulet des colonies en général et de l’Algérie en particulier qui entravaient le développement de la France et son insertion dans les nations de tête. Mais le grand Charles, dont aujourd’hui tout le monde se réclame, en larguant l’Algérie, avait sacrifié un million de pieds noirs et 200 000 harkis. La méthode Pashinyan est plus élégante et plus humaine car elle comprend des garanties sur le sort de la minorité arménienne en Azerbaïdjan.
Évidemment cela ne règle pas tout, l’Arménie étant confrontée à l’appétit insatiable des néo-Ottomans. Il faut donc absolument
1. ramener la paix pour pouvoir développer le pays et renforcer le potentiel militaire,
2. trouver un protecteur fiable, mais comme l’Occident (qui est le premier choix de la population) ne montre aucun intérêt pour le pays, il ne lui reste qu’à se tourner à reculons vers la Russie…