En faisant éclater un scandale de favoritisme – qui éclabousse deux de ses plus proches collaborateurs de longue date (Kohler et Borne) – dans la négociation de concessions autoroutières, l’association Anticor, ulcérée par sa récente perte d’agrément, renvoie à Macron la monnaie de sa pièce. Une histoire banale, mais qui en dit long sur les fragilités des pseudo-démocraties ploutocratiques.
Car, quand on parle de « totalitarisme » à propos des régimes de l’Occident actuel, c’est sûrement vrai d’un point de vue culturel (en matière d’idéologie, de rapport à la concurrence, à l’adversité etc.) ; en termes organisationnels, néanmoins, c’est une simplification. Issu de l’antifascisme – plus exactement, de la branche de l’antifascisme qui a étendu l’anathème aux régimes totalitaires de type soviétique –, le pouvoir oligarchique occidental (dont la Macronie est la succursale hexagonale) en a retenu les leçons.
Au lieu de réprimer la contestation façon Staline, via des ministères et des corps de police, le soft power oligarchique s’impose à la société via des gouvernements substituables (alternance du pareil et du même), et par l’intermédiaire d’un monde associatif dûment subventionné : c’est le modèle de gouvernance qu’illustre l’empire international de G. Soros.
En France, néanmoins, ce mécanisme, encore fonctionnel il y a 10 ans, semble s’être grippé.
Mais qui va garder les chiens de garde enragés ?
D’une part, l’alternance gouvernementale ne fonctionne plus : l’institution du grand gouvernement central macronien réduit « la droite » (RN) et « la gauche » (NUPES) au rang d’épouvantails, chargés de caler le système sur ses marges – mais le carrousel démocratique ne tourne plus.
Quant au monde des ONG – bien illustré par la vertueuse association Anticor –, il est peuplé d’idiots utiles, qui servent le système à prix sacrifié du fait d’un crédo idéologique (en l’occurrence, puritain : « lutte contre la corruption », etc.). Comment leur faire comprendre que la comédie a pris fin ?
Ce monde associatif se retourne donc contre le système qui l’a engendré : hier les allumés du Soulèvement de la Terre (interdit par Darmanin), aujourd’hui, les dames patronnesses d’Anticor. Privés de leurs agréments, subventions et autres hochets, les idiots utiles se tournent, via la presse, vers l’opinion publique. Il va donc falloir faire taire soit celle-ci, soit ceux-là, soit les deux. En bon français : exercer la censure et l’intimidation. Renoncer au soft power, c’est tentant – mais c’est cher.