Grâce au soutien de la technostructure et des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’UE, les dirigeants ukrainiens construisent une sorte de copie numérique de l’État ukrainien. L’Ukraine se décrit comme le premier pays à disposer d’une carte d’identité numérique, valable partout dans le pays et déjà utilisé par quelque 22 millions d’utilisateurs. Selon cette logique, la caractéristique constitutive du territoire de l’État serait secondaire si le peuple de l’État (les « utilisateurs ») acceptait le « pouvoir d’État » exercé via l’application numérique. Il en résulterait un « État numérique », hybride entre le sujet de droit international et la technostructure. Ce modèle doit-il être transposé à d’autres États ?
Lorsqu’il s’agissait de devenir président, Volodymyr Zelenskij aurait promis de « mettre l’État dans un smartphone ». C’était en 2019. Aujourd’hui, quatre ans plus tard, l’Ukraine se décrit comme le premier pays à disposer d’une carte d’identité numérique, valable partout dans le pays et déjà utilisé par quelque 22 millions d’utilisateurs, soit la moitié d’habitants. L’application Diia, selon la volonté politique, doit rendre plus de 70 services publics disponibles en ligne et permettre l’accès à 14 documents numériques.
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Question posée intéressante dans cet article d’Ulrike Reisner.
Pour les amateurs de la période médiévale, ça peut donner le couple suivant :
– le haut moyen-âge a actualisé l’esclavage, sous le nom de servage, en l’attachant à la terre, et non plus, comme dans l’antiquité, au propriétaire de la terre : c’est tout à fait le concept des CDBC (inflation et monnaie temporaire, pas d’épargne possible, pas de propriété, dépendance vis-a-vis des produits imposés par les entreprises possédées par les dirigeants), combiné à celui de la ville de proximité bientôt sur tous nos écrans (enfermement physique dans un rayon de proximité autour de son domicile, et autorisation nécessaire pour en sortir : voir le prototype d’Oxford, pour ceux qui suivent, et le test fait lors des confinements) ;
– simultanément, l’identité numérique élargie (en fait, le contrôle a priori et instantané de toutes les activités, interactions et pensées exprimées d’une personne), de son côté, établit un lien de soumission, mais aussi une condition d’appartenance à la société et d’organisation hiérarchisée de celle-ci, vis-a-vis d’une entité qui n’est plus nécessairement territoriale, mais qui est juste une structure d’autorité immatérielle (celle-ci était personnelle au Moyen-Age, c’est le fondement même de la féodalité, et elle serait désormais simplement déplacée vers une entité de pouvoir collectif, impersonnelle et technocratique. On peut l’appeler l’oligarchie, mais elle n’a plus de support spatial et identitaire nécessaire).
On reviendrait à une organisation assez familière finalement : le retour au servage, combiné avec des liens de dépendance féodale permettant l’organisation hiérarchisée de la société.
La différence centrale avec le Moyen Âge, c’est que la Chrétienté y offrait un maillage de règles supra sociales contraignantes sur le respect de l’intégrité de la personne humaine, dont les progrès du matérialisme nous ont affranchis (ou plutôt ont affranchi les seigneurs à la tête du système).
Heureusement qu’on est en démocratie et qu’on n’est plus plongé dans l’obscurantisme et la barbarie du Moyen Âge. J’ai hâte de voir cela.
Bon, commençons donc par l’état d’urgence.