Initiative politique d’ampleur : le Point se charge du fluffing, par Modeste Schwartz

Pour nous suggérer l’impression que nous nous languissons du cirque macronien, trop longtemps confiné à Brégançon, le Point nous montre quelques non-personnalités de la majorité (parfois rendues faussement intéressantes par l’anonymat), tout angoissées par le pshit prévisible de l’« initiative politique d’ampleur ».

Comme ces professionnelles (souvent des stars en perte de vitesse) employées au fluffing – c’est-à-dire chargées, sur les plateaux porno, d’entretenir l’érection des acteurs entre deux prises –, le Point tient à tout prix à nous parler de cette « initiative politique d’ampleur » que Macron annonce pour la rentrée, depuis des semaines.

C’est-à-dire qu’il tient à nous rappeler que – alors même que les évolutions de la température estivale sont de toute évidence la dernière « actualité politique » disponible – nous attendons ce non-événement avec ferveur et anxiété.

Comme il est bien évident, pour quiconque n’a pas vécu 2020 et 2021 dans un coma induit, que les gouvernements Macron ne dévieront jamais de la ligne fixée par Davos, « l’actualité politique » de la République française, c’est l’actualité des coups de com’ du placier en assurance Macron – chose que l’article du Point, citant un parlementaire macroniste anonyme, reconnaît d’ailleurs, en enrobant le constat dans une cuistrerie bien ronflante : la « parole performative » du Président.

Et là, c’est le drame : les coups de com’ à droite neutralisent les coups de com’ à gauche, la dissolution c’est délicat, Sarko et Hollande, vautours boucanés, planent au-dessus de la carcasse. Le en même temps devient une « aporie » (sic). Diantre !

On va avoir besoin d’une meilleure com’ pour vendre la com’

Le performatif, en linguistique, décrit les situations dans lesquelles dire, c’est faire. Par exemple : « Je déclare la séance ouverte. ». Naturellement limitée aux interactions entre sujets parlants partageant les mêmes codes culturels, son efficacité est bien entendu nulle face à la réalité matérielle du monde, des paquebots de migrants au prix du kilowatt d’électricité.

Libre aux naïfs de croire que le mari de Brigitte serait un incompétent dupe de ses propres bobards. L’expérience nous montre plutôt un cynique, qui ne croit pas le moins du monde à sa magie performative, mais l’exécute sur scène, à l’intention des jobards qui suivent ses gestes, fascinés, sous les encouragements du fluffing médiatique subventionné. Pendant qu’il leur fait les poches.

C’est ce qu’on appelle : la prestidigitation.