Malgré une semaine avec des événements médiatiques ronflants (venues de Charles III et du Pape), le Président a connu un mauvais dimanche. Devant des Français lassés par sa parole trop fréquente, notamment dans des journaux télévisés complaisants, il a reconnu notre défaite au Niger et son absence d’idées sur le pouvoir d’achat. Surtout, les sénatoriales confirment que, six ans après son accession au pouvoir, la mayonnaise de la Renaissance n’a pas pris dans l’opinion. Disons que, pour le Président, ces sénatoriales constituent une véritable Bérézina. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas.
Nous commençons à être habitués aux allocutions de prestidigitateur fatigué que tient régulièrement Emmanuel Macron à la télévision. Celle du 24 septembre 2023 n’a pas dérogé à la règle.
Peut-être même y a-t-il aggravation du “mal présidentiel” : le président n’a cessé de dire “on”. Certes, cela rime avec Macron. Mais de qui parle-t-il ? Ainsi quand il évoque son ambition écologique: “On a fait la moitié du chemin qu’on avait à faire, on l’a fait car ces cinq dernières années, on a réduit nos émissions de Co2 deux fois plus qu’on ne l’avait fait les cinq années précédentes. Désormais, on doit aller deux fois plus vite. On va investir 40 milliards d’euros sur cette transition l’année prochaine. On doit aussi sortir du charbon, c’est la plus polluante. D’ici à 2027, il nous reste deux centrales à charbon, on va totalement les convertir à la biomasse (…) On doit le faire en étant intelligent, en produisant chez nous les véhicules et les batteries. On est attachés à la bagnole, et moi je l’adore. Aujourd’hui, on produit entre 1 et 1,5 million de véhicules sur notre sol. Ces dernières années, on a relocalisé grâce à l’écologie.”
Le “on” présidentiel traduit parfaitement l’impuissance de l’actuel personnel gouvernemental français, à commencer par celle du premier fonctionnaire de France lui-même.
Réel et poudre aux yeux
A vrai dire, le réel a fait irruption une seule fois dans les propos d’Emmanuel Macron. Le président français a dû annoncer la piteuse sortie de la France du Niger: l’ambassadeur français va quitter le pays, tout comme le contingent français. Notre pays connaît une humiliation internationale majeure. C’est dit en passant dans un entretien où, par ailleurs, tout est fait pour escamoter la dure réalité que vivent les Français.
L’entretien avait commencé par une déclaration qui relève de la poudre aux yeux: «Je voudrais féliciter les Français, il y a peu de pays dans le monde qui peuvent relever des défis de cette nature», a déclaré le Président à propos de la tenue simultanée de la Coupe du Monde de rugby, de la visite du roi Charles et de celle du pape François. «On a mobilisé près de 100.000 policiers et gendarmes, tout ça arrive parce qu’il y a une capacité à être exemplaires dans l’accueil».
Et elle se termine comme telle: «On est au milieu d’immenses bouleversements, mais la France est au rendez-vous. Elle sera au rendez-vous de la géopolitique, de la réindustrialisation, de la santé, de l’école. Je vous le dis, je suis concentré à la tâche, avec le gouvernement, tous les élus.»
Sauf que le Président n’avait rien à dire sur tous ces sujets. Et sur le pouvoir d’achat des Français non plus.
Rien à dire aux Français sur le pouvoir d’achat
Mettez bout à bout tout ce qu’a déclaré le président français sur inflation, coût de lavie, pouvoir d’achat.Et vous constaterez que, là encore, il n’avait rien à dire. Comme le Président ne veut pas baisser les impôts et taxes (et sans doute ne le peut-il pas, vu comme la France est épiée par la Commission Européenne et les agences de notation), il sort de son chapeau une “conférence sociale” qui doit convaincre les industriels de réduire leurs marges (voire d’y renoncer dans le cas des fournisseurs de carburants)
“En même temps”, Emmanuel Macron ne renonce en rien à une “transition écologique” qui coûte cher aux Français. Il parle même de l’accélérer. Et il espère s’en sortir, là encore, par une formule creuse: «Je suis convaincu que nous avons un chemin de l’écologie à la française, qui est une écologie de progrès”.
Le discours sur l’immigration comme illusion suprême?
On est d’autant plus frappé de la légèreté avec laquelle le Président français, après s’être affiché – en espérant garder avec soi une partie de l’électorat “catholique” – auprès du souverain pontife ce samedi 23 septembre, écarte sans ménagement les considérations humanitaires du Pape sur les migrants: “on ne peut pas accueillir toute la misère du monde” est une formule pour le moins désinvolte.
On comprend bien, néanmoins comment le Président se raccroche au thème de la fermeté sur l’immigration dans l’espoir de le disputer aux LR et de neutraliser l’argumentation du Rassemblement National: “Il faut faire une loi pour se mettre au diapason de l’Europe. Le cœur de ce texte est d’accélérer nos procédures et d’avoir une politique efficace (…) pour renvoyer plus efficacement les personnes qui n’ont pas à être dans le pays. On doit aller beaucoup plus vite».
Les sénatoriales tournent au fiasco
Alors qu’Emmanuel Macron s’évertuait à présenter sous d’heureux auspices les mauvaises nouvelles qui s’enchaînent, les élections sénatoriales commençaient à livrer leur verdict et, pour la macronie, la situation devient dramatique. Le parti présidentiel s’est en effet pris une méchante déculottée au Palais du Luxembourg, qui fossoie tous les espoirs d’enracinement local du mouvement “Renaissance”.
Premier coup de tonnerre : la sous-ministre Sonia Backès s’est pris une veste en Nouvelle-Calédonie, face à un indépendantiste. Un kanak va donc siéger au Sénat après avoir battu la secrétaire d’Etat à la citoyenneté. On ne pouvait imaginer symbole plus clair, plus déchirant, plus dramatique, du rejet du macronisme sur l’ensemble du territoire.
A Paris, le parti présidentiel a perdu son sénateur Julien Bargeton, sèchement battu avec 6% des voix… Pendant ce temps, la gauche flirtait avec les 55%, et prenait 8 sièges sur 12. Rachida Dati en a finalement capté trois, et Agnès Evren, dissidente républicaine, a finalement sauvé son siège. Bref, c’est la déroute de LFI et de Renaissance dans la capitale.
Le RN rate aussi son entrée au Sénat
De son côté, le Rassemblement National ne peut pas complètement se plaindre de ces élections, puisqu’il remporte trois sièges. Mais il ne peut pas non plus complètement se réjouir. Son implantation locale reste modeste, et ne représente certainement pas son poids réel dans l’opinion.
Au fond, les deux grands partis “d’opinion” que sont le parti du Président et celui de sa challengeuse, souffrent du même mal : leur absence d’enracinement dans les institutions. D’où cet étrange attelage où le pouvoir parlementaire est distribué entre des partis profondément minoritaires, et où l’opinion vote en faveur de candidats aux partis débiles. La démocratie peut-elle durablement fonctionner dans ces conditions ? On peut penser que la représentativité est malade en France.
Le système représentatif n’est pas la démocratie laquelle est athénienne, ou grecque mais nous ne connaissons pas bien les autres démocraties grecques anciennes. Il n’y a jamais eu de démocratie dans l’Occident moderne comme l’a bien montré Christophe Pébarthe (“Athènes, l’autre démocratie”). D’ailleurs, Siéyès a expliqué en 1789 pour quelles raisons il fallait créer un système représentatif et non pas une démocratie. Quant à Mirabeau, il a prévenu dès 1789 aussi que le système représentatif mène tout droit à l’oligarchie. La crise que nous vivons est une crise du système représentatif qui ne satisfait plus du tout les Français, à l’exception de la classe politique et des militants libéraux et socialistes. Bizarrement, ces derniers y sont très attachés alors que ce système a été concocté par les libéraux, lesquels se sont toujours méfiés du peuple.
Je pense que la crise du système représentatif institué par la Ve république provient de 2 phénomènes : 1/de la surreprésentation de la caste des fonctionnaires au parlement, 2/ du fruit de la propagande gouvernementale associée la disparition de la liberté d’expression dans les médias propriétés d’oligarques et de plus subventionnés. Le résultat est l’effondrement du pays dans le fascisme gris hussonien.
Macron s en moque de prendre des coups et des revers,cest un pervers narcissique immature qui cherche cette situation et en trouve une certaine jouissance.De plus il a éte placé par le forum economique mon dial pour ça justement ,prendre les coups servir de putching ball à la place des vrais dirrigeants qui eux restent dans l ombre.
Quand la marionnette aura fini de jouer son role ils sen debarrasseront.Mais en attenda t le plan du great reset avance inexorablement sans opposition veritable puisquon ne s attaque pas aux veritables acteurs de cette tragedie.La manipulation des esprits bat son plein.
Trois fois oui !
Et pourtant il ne fera pas ses valises puisque personne n’est volontaire pour …« aller le chercher »!
J’aurais dû préciser qu’il n’y a pas de suffrage électoral valable sans médias libres.
Commentaire clair bien rédige avec la dose juste d humour sans occulter la gravité de la situation française. Reste le voyage en clair de Macron en corse. Il va les féliciter d être silencieux !!!!!!
ce Sénat français est un scandale absolu; et d’abord, depuis quand dans une démocratie fait-on élire les membres de la chambre haute par des grands électeurs; ce n’est pas démocratique du tout et cela renforce encore la mainmise totale des partis politiques sur le parlement; pauvres Français qui sont persuadés de vivre dans une démocratie; et ce président indéboulonnable, qui vit richement aux crochets des contribuables ployant toujours plus sous la charge de l’énorme fiscalité française; c’est juste inadmissible; de Gaulle avait raison quand il voulait supprimer le Sénat
Beaucoup de “on” dans votre texte. Qui font sans doute echo à ceux de Macr”on”.