La nouvelle est tombée en début de soirée : l’hôpital (tenu par des chrétiens baptistes) Ahli Arab au centre-ville de Gaza a été bombardé. La destruction a fait plusieurs centaines de morts. Une féroce bataille de communication a lieu entre Hamas et Israël, chacun des deux belligérants attribuant à l’autre la responsabilité de la frappe. Même dans le cas où le tir ne serait pas venu de Tsahal, Tel-Aviv doit bien constater que l’information a suscité un véritable embrasement des opinions publiques du Proche-Orient, contre Israël. Au moment où Joe Biden va arriver en Israël, le gouvernement Netanyahou est dans la plus mauvaise position possible pour négocier un soutien américain étendu.
Lorsque nous avons reçu l’information, au Courrier des Stratèges, en début de soirée, du bombardement de l’hôpital Ahli Arab, hôpital chrétien du centre de Gaza, nous avons suspendu notre jugement.
Un hôpital est bombardé à Gaza. Beaucoup porte à penser, d’emblée, que ce sont les Israéliens. Mais en temps de guerre, il faut être particulièrement prudent. De même que nous avons fait la part des choses concernant les crimes attribués au Hamas au début de la guerre, de même, il faut être prudent concernant l’origine du tir de ce soir.
En attendant de disposer de suffisamment d’analyses des vidéos pour identifier l’origine et la nature du tir, nous ferons remarquer, avec toute la prudence qui s’impose, que, du côté israélien, on avait d’abord revendiqué le tir, en le justifiant par la présence de terroristes.
A 20h23 en Israël, donc à 19h23 en France, Hananya Naftali, ancien membre de l’équipe de communication du Premier ministre Netanyahou, parlait encore d’une frappe israélienne, qu’il justifiait par la nécessité de tuer des terroristes réfugiés dans l’hôpital.
Ce tweet a été effacé par son auteur et remplacé par la version officielle de l’armée israélienne, reprise mot pour mot par le compte X du Premier ministre israélien :
TSAHAL : Une analyse des systèmes opérationnels des FDI indique qu’un barrage de roquettes a été tiré par des terroristes à Gaza, passant à proximité de l’hôpital Al Ahli à Gaza au moment où il a été touché.
Les renseignements provenant de multiples sources dont nous disposons indiquent que le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté qui a touché l’hôpital à Gaza.
Traduction du tweet publié en anglais ci-dessous
IDF: An analysis of IDF operational systems indicates that a barrage of rockets was fired by terrorists in Gaza, passing in close proximity to the Al Ahli hospital in Gaza at the time it was hit.
Intelligence from multiple sources we have in our hands indicates that Islamic…
— Hananya Naftali (@HananyaNaftali) October 17, 2023
L’armée israélienne n’apporte aucune preuve. Elle reconnaît qu’il y a eu un duel balistique entre les deux belligérants et suppose que c’est plutôt un projectile du Hamas qui est responsable de la déflagration et de la mort de plusieurs centaines de personnes.
Le Proche-Orient s’embrase
A vrai dire, s’il s’agissait d’un tir raté du Hamas plutôt que d’un tir volontaire des Israéliens, cela ne ferait que rendre d’autant plus visible qu’Israël a perdu la bataille de la communication. Certes, les médias occidentaux du système se sont mis en ordre de marche :
Cependant, les réactions au Proche-Orient sont toutes différentes :
Le président turc Erdogan est catégorique dans son affirmation de la responsabilité israélienne et dans son appel à faire pression sur Tel-Aviv.
Le président iranien et le Hezbollah sont encore plus virulents :
La Jordanie a annulé sa rencontre prévue avec le Président Biden demain 18 octobre ; et il en est de même de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne.
L’Arabie Saoudite a exprimé officiellement sa colère au point de ne plus laisser de doute quant à l’impossibilité de reprendre des négociations avec Israël sous impulsion américaine.
Il faut dire que les manifestations se multiplient : en Cisjordanie, en Égypte, en Tunisie, en Jordanie, en Turquie, en Syrie, au Liban, au Yémen, en Iran….. En Jordanie, au Liban, en Turquie, les manifestants se sont dirigés vers les ambassades ou consulats d’Israël. A Amman, ils ont tenté d’y mettre le feu. A Istanbul, ils sont rentrés dans le périmètre du consulat. On entend les manifestants scander des appels à punir Israël, au besoin par la guerre.
La France ciblée par des manifestants pour son soutien à la coalition occidentale.
L’onde de choc du bombardement de l’hôpital baptiste de Gaza nous concerne aussi, nous Français.
Des manifestants tunisiens se sont rassemblés devant l’ambassade de France à Tunis pour protester contre le soutien français et américain à Israël.
A Beyrouth, les manifestants ont jeté des pierres contre l’ambassade de France !
Le Janus américain
Comment les Américains vont-ils réagir ? Avant le bombardement de l’hôpital, on avait affaire à un gouvernement américain démonstratif dans son soutien à Israël. Les médias américains se faisaient l’écho de la nouvelle tentative de Joe Biden pour faire passer un “paquet” de financement de cent milliards de dollars théoriquement destinés à la fois à l’Ukraine, à Taïwan et à Israël.
On avait appris aussi, dans l’après-midi que le 26è corps expéditionnaire des Marines était parti en direction des côtes israéliennes. Comme on apprend en même temps que la Force d’Interposition de l’ONU au Sud-Liban se repliait plus au nord, le sentiment se répand que l’on va non seulement vers une confrontation entre Israël et Hezbollah mais aussi entre Etats-Unis et Iran.
Pour autant, plusieurs questions se posent. Le Pentagone a fait savoir que son assistance à Israël en termes de “‘systèmes de sécurité” n’était pas synonymes de “tuer des civils innocents”. Le Ministère de la Défense américain a même appelé Israël à “respecter les lois de la guerre“. Une indéniable prise de distance.
En réalité, les États-Unis perçoivent l’étendue de leur isolement. Le diplomate indien Bhadrakumar parle même d’une défaite géopolitique majeure des Etats-Unis vu le ballet diplomatique auquel ont participé la semaine dernière la Turquie, la Syrie, le Liban, l’Iran, la Russie, les monarchies du Golfe, la Chine.
Malgré l’échec d’une résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU (la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis se sont abstenue) appelant à un cessez-le-feu, présentée avec la Chine le 16 octobre), la Russie a demandé, en compagnie des Emirats Arabes-Unis, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité suite au bombardement de l’hôpital.
La raison peut-elle venir aux États-Unis au vu de leur isolement diplomatique ? Ou bien la logique suicidaire des néoconservateurs va-t-elle l’emporter ?
Il est probable que beaucoup dépendra aussi de l’attitude des milieux dirigeants israéliens. Auront-ils l’intelligence et le courage de pousser Benjamin Netanyahou à la démission ?
Il s’agirait d’une bombe d’une tonne larguée par l’armée de l’air israélienne. Les dégâts ont été amplifiés par l’explosion des bouteille d’oxygène à l’intérieur de l’hôpital. Bilan provisoire de 900 morts et 1200 blessés et de nombreux disparus sur les 5000 personnes présentes.
Une bombe particulièrement puissante est effectivement la plus probable des possibilités. Des hôpitaux ont déjà été bombardés mais peut être qu’Israël a voulu passer “à la vitesse (de massacre d’Arabes) supérieure”.
Quoiqu’il en soit, les groupes armés Palestiniens ( Hamas, Jihad Islamique ou autre) n’ont jamais démontré une telle puissance de feu.
Pas un expert militaire. Toutefois, une vidéo d’ un téléphone Palestinien montre que l’ hôpital a été frappé par un projectile ( on entend le missile arriver). Il ne s’agit donc pas d’un attentat à la bombe.
Par ailleurs, la puissance del’explosion pointe vers une origine israélienne. A ma connaissance, aucun missile lancé par le Hamas au cours de l’ensemble de son histoire n’a montré de puissance pouvant s’approcher de celle démontrée par l’explosion de l’hôpital. En revanche, les jours précédents, de nombreux raids israéliens ont montré que les frappes israéliennes pouvaient faire s’effondrer des immeubles entiers avec une seule frappe.
Autre point: sans même parler de la revendication initiale du bombardement par les Israéliens, la rhétorique des dirigeants israéliens est de tenir responsable le peuple Palestinien dans son ensemble ( cf. Herzog, Gallant). Les Israéliens ont de plus ordonné aux Palestiniens de quitter un grand nombre d’hôpitaux. Enfin, Israël a plusieurs fois bombardé des mosquées, des hôpitaux et des écoles.
Enfin, plusieurs experts militaires (dont Scott Ritter) ont indiqué qu’une invasion terrestre de Gaza est vouée à l’échec avec une guerillla et de nombreux morts à attendre du côté d’Israël. Faisant face à cette perspective, les dirigeants israéliens ont ils décidé de compenser leur impuissance par une intensification des bombardements et des pertes civiles palestinienne? Si tel est le cas, le calcul est mauvais comme le démontre les réactions officiels diplomatiques et l’annulation du sommet jordaniens.
La démission de Netanyahou serait le premier signe d’apaisement du conflit, après tout, il était prévenu et il a sciemment laissé entrer les commandos du Hamas pour commettre des pogroms, oeil pour œil et dent pour dent, les palestiniens ont payé chèrement leur peur et soumission au Hamas. Le Qatar devrait expulser le chef du Hamas qu’il héberge, sinon la mairie de Paris préemptera le PSG.