Dernier contenu pédagogique de cette trêve hivernale : une explication sur la sécurité sociale et sa logique à destination des débutants. La sécurité sociale fait partie des grands fantasmes contemporains d’une France avachie et gavée d’aides publiques. Mais à quel besoin social correspond-elle réellement ? Celui d’une protection efficace contre les risques de la vie, ou celui d’un contrôle vertical de la société ?
Pour comprendre la sécurité sociale, il faut avoir en tête plusieurs éléments.
- la sécurité sociale est la forme “germanisée”, dite bismarckienne, c’est-à-dire contrôlante, de la protection sociale
- la forme mutualiste, typique de la France du XIXè siècle, reposait sur l’ordre spontané et le libre choix des assurés
- l’importation du modèle bismarckien fut promue dans les années 30 par le Conseil d’Etat
- les conseillers d’Etat (en particulier Parodi et Laroque) ont posé les premiers jalons de la sécurité sociale dès 1940, avec la mise sur pied de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Travailleurs Salariés, qui a lancé la retraite par répartition à 65 ans
- en 1946, les ministres communistes limitent les dégâts en exonérant les grands bataillons de la CGT de l’obligation de rejoindre la sécurité sociale
- après le traité de Maastricht, la France fait le choix d’intégrer les comptes de la Sécurité Sociale aux comptes publics, là où nos voisins européens disposant d’un modèle bismarckien feront le choix d’une ouverture à la concurrence pour éviter la nationalisation du système
en contrôlant la santé et la retraite, l’Etat contrôle la vie des citoyens.
Un indice de bonne santé d’un pays est le taux de mortalité infantile selon Emmanuel Todd : Chine et USA 6 décès pour 1000 naissances, Russie 4,1 pour 1000, UK et France 4 pour 1000, Italie 2,1 pour 1000, Suède 2 pour 1000.
La Sécurité sociale sera bien gérée lorsqu’elle arrêtera de déresponsabiliser les gens. Est-il judicieux, par exemple, de ne plus avoir à se préoccuper de ce que l’on coute au système? Ne plus avancer d’argent provoque l’impression pernicieuse de gratuité et ne pousse pas du tout à une économie individuelle et civique. Est-ce aussi raisonnable de gaver littéralement de pognon facile des spécialistes qui abattent, à minima, un client a 60 ou 100 euros toutes les 10 minutes alors que dans le même temps on agonise, interminablement, sur des brancards, dans les couloirs bondés des hostos encore ouverts? Est-ce raisonnable d’accepter au régime général des régimes en faillite qui naguère, au fait de leur abondance, ont toujours refusé de partager? (agriculteurs, prêtrise, et bien d’autres).