Lors de sa conférence de presse en début de semaine, Emmanuel Macron a enchaîné les phrases lyriques et plutôt vides de sens. Le lendemain, à Davos, il livrait un programme clé en main dont nous analysons la première partie : aide aux copains dans des domaines comme l’Intelligence Artificielle, simplifications en tous genres et réforme probable du contrat de travail et surtout de la réglementation en matière du temps de travail, qui devraient aller vers plus de flexibilité : telles sont les mamelles en préparation, qui seront probablement dévoilées lors du discours de politique générale de Gabriel Attal, le 30 janvier.
Dans ce discours, que nous rappelons ci-dessous, plusieurs éléments sont à retenir :
- conformément à l’esprit du Great Reset, Macron considère que la révolution numérique s’est accélérée et que des politiques volontaristes se doivent d’y répondre
- il insiste sur les éléments d’une stratégie industrielle publique : Intelligence Artificielle, Internet quantique, industrie verte, qu’il veut encadrer par des interventions de l’Etat
- il propose de réduire les frictions bureaucratiques dues aux réglementations en matière de délais de contrôle et d’autorisation (industrielle, agricole, immobilière, urbaine)
- il projette une nouvelle réforme du marché du travail qui serait fondée sur une nouvelle déconcentration des négociations vers les entreprises, et vers une plus grande flexibilité du contrat de travail, de l’organisation du temps de travail
- un nouveau durcissement de l’assurance chômage est prévu
Dans l’ensemble, ces visions sont très théoriques et on peine à saisir leur “gouvernance”. Elles participent de cette logique d’ajustement technique qui repose sur l’idée que les problèmes se règlent en ajustant le serrage de tel ou tel boulon. On a donc un doute.
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merci d’avoir pris le temps d’écouter et de décortiquer.
Maintenant, cela ne dit pas vraiment ce qui va se passer. Depuis 7 ans, c’est surtout chaotique, mais la caste ne largue aucun de ses privilèges, mais continue bien d’entraver le pays…
Est-ce que l’IA et la révolution verte, dont on perçoit les objectifs inavoués, sont capables de mobiliser les Français? Derrière cette question, le profond fossé entre les élites et le peuple…
De plus il va falloir faire avec ce qu’on a, c’est-à-dire le résultat catastrophique des politiques éducatives. Concrètement… (vu sur X)
Quelque chose de terrifiant est en train de se produire. Un ami, professeur de droit dans l’enseignement supérieur, m’a fait part de son effarement face à l’effondrement cognitif des étudiants de première année. Des questions d’examen, qui paraissaient compréhensibles pour notre génération née entre 1960 et 1980, ne sont tout simplement pas comprises par les étudiants d’aujourd’hui.
Ils reçoivent la matière, peuvent peut-être l’apprendre par cœur, mais ne la comprennent pas, ne sachant pas articuler les concepts pour les appliquer dans des cas réels. C’est comme s’ils étudiaient l’alphabet d’une langue phonétique, mais étaient ensuite incapables d’agencer les lettres pour former des mots. Et que dire de la conjugaison ou de la syntaxe! Il cite aussi la ponctuation: «Rares sont les étudiants sachant quand utiliser la virgule ou le double point. C’est effarant! Quand je leur montre comment une phrase change complètement de sens avec ou sans virgule, je dois leur expliquer des principes élémentaires de l’école primaire, et c’est seulement après plusieurs minutes qu’ils saisissent les deux sens.
«Nous mangeons les enfants!»
«Nous mangeons, les enfants!» […]
On n’est pas dans une école professionnelle pour apprendre la couture à des adolescents en décrochage, nous sommes dans une faculté de droit avec des textes relativement chargés en syntaxe et qui nécessitent une interprétation contextuelle mais aussi juridique!
Le corps professoral s’inquiète de cet effondrement progressif observé ces 10-15 dernières années. On ne peut pas décerner un diplôme de droit à des gens incapables de résumer, de comprendre et de développer un raisonnement. Imaginez des juristes ou des avocats ne maîtrisant pas le langage ni les subtilités juridiques. Cela me rappelle cette anecdote récente d’un chef d’entreprise qui avait engagé un élément brillant d’une école de commerce (trois ans d’étude). La jeune recrue ne savait pas comment calculer un pourcentage pour une estimation financière. […]
Quelque chose de terrifiant est en train de se produire, et je pense que sans une révolution majeure — philosophique, culturelle, sociale — nous nous dirigeons vers une société de veaux consommateurs passifs, dirigée par une élite. La fameuse «génération de crétins».
Éric, je vous trouve terriblement parisien. Je rencontre dans le Morbihan beaucoup plus de travailleurs pauvres que de fainéants abonnés à l’argent public. Nous faisons beaucoup dans le domaine associatif pour les aider à se nourrir et à se vêtir. Et ils ne vont pas en vacances dans les îles. C’est le cœur des gilets jaunes, les vrais. Je suis de bonne composition et j’ai quand même du mal à entendre vos références incessantes à la fainéantise des français, à leur incapacité à se mobiliser quand nécessaire. Aimez-vous les français, Éric? Savez vous combien coute à un morbihannais le déplacement à Paris, l’hébergement pour une nuit, plus les frais engendrés par une arrestation arbitraire et l’amende qui s’en suit? Oui, je sais bien que ça coute très cher à l’employeur, mais que croyez-vous que puisse faire mon épouse avec un contrat de 24h à 760€ par mois? une second emploi similaire? à 64 ans, on jette l’éponge. et je suis certainement privilégié avec une retraite de 2500€. Mais franchement, vos diatribes sont dures à accepter.
La question n’est pas une affaire de sentiment. La question est une affaire de réalité… Je passe sur les arguments sous le ceinture du type “Parisien qui ne connaît pas la France”. Je vais vous emmener à 150 mètres de chez moi, en Seine-Saint-Denis, et vous allez voir si le Morbihan est véritablement sinistré. C’est assez agaçant ce mythe des campagnes pauvres par rapport aux banlieues pauvres surpeuplées, comme si la vraie France, c’était votre campagne à vous. Ce discours misérabiliste, c’et bof bof. Et je vais vous emmener dans certains appartements parisiens, de 6 ou 7m² à 800€ par mois, et vous allez voir que vos pauvres du Morbihan ne sont pas si mal traités. Il se trouve que je connais, comme beaucoup de Parisiens, le Morbihan que vous présentez de façon (excusez-moi, de façon grotesque), comme une terre de grande misère. Quand j’entends parler du prix du mètre carré à Vannes, quand je vais dans le baie, je vois quand même un niveau de vie beaucoup plus correct que dans pas mal d’endroits du monde. Je propose donc d’arrêter les simagrées malhonnêtes sur la misère généralisée dans nos campagnes, qui sont fausses. Des pauvres dans les campagnes, il y en a, j’en compte dans ma famille proche. Je les connais très bien, et si j’avais fait les mêmes choix qu’eux en étant enfant, je serais aussi dans la misère. C’est une minorité de la population, qui ne diminuera certainement pas avec votre charité à la catho de gauche. Je vais moi-même souvent en Picardie, où le nombre de bénéficiaires du RSA est colossal. Il se trouve que, dans la sous-préfecture où je vais, les magasins ferment le lundi, et tous les midis. Ils ferment également cinq ou six semaines par an pour congés annuels. Et quand les commerçants cherchent à recruter, ils ne trouvent aucun candidat du cru. Alors on rentre les mouchoirs, on arrête la pleurniche, on se relève les manches et on va bosser.
J’ai beaucoup apprécié votre échange acéré. Deux visions de notre société totalement à l’opposé l’une de l’autre d’un point de vue sociologique et politique associée. Très intéressant de voir comment la sensibilité sociale et politique peut influencer des vues diamétralement opposées. Merci à tous les deux !
Merci pour cette vision synthétique qui donne des repères, comme toujours.
J’entends dire cependant que EMacron est loin d’être le dernier des imbéciles et qu’il défend la France dans l’Europe face aux USA et à la Chine. Mais j’avais cru comprendre que l’Europe servait désormais de marchepied aux USA et d’autre part, l’intégration en matière de IA et de physique quantique, est-ce vraiment le projet de civilisation que nous appelons de nos voeux ?
De ce point de vue, la liberté d’un Milei ou d’autres, suffira-t-elle ? Quel cap pour la civilisation face au rouleau compresseur du numérique à part le retour au programme amish ?