Je reviens du barrage de Carbonne, entre Toulouse et Pamiers, où la rumeur circulait : les “chefs” rencontraient secrètement Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture venu rendre hommage à une agricultrice décédée sur un barrage hier. En l’espèce, mais il faut aller sur place pour s’en rendre compte, le mouvement est relativement encadré par la FNSEA, qui a d’ores et déjà énuméré ses revendications pour une sortie de crise. Et les éléments de langage y sont assez carrés : défiscalisation du gaz non-routier, abolition des normes environnementales, fin de la concurrence déloyale, baisse des charges.
Sur l’autoroute de Pamiers, à trente minutes au sud de Toulouse, l’autoroute est soudain coupée par un mur de foin derrière lequel une armée de tracteurs dort sur le bitume. Il faut alors prendre une déviation si l’on veut continuer vers les Pyrénées. On peut aussi s’arrêter au rond-point à la sortie de l’autoroute et “rejoindre le mouvement”, comme disent ceux qui se garent sur un parking de terre à proximité. Il faut alors prendre la bretelle d’autoroute qui descend, fermée par la gendarmerie, et tout le monde se trouve sous le pont qui enjambe l’autoroute.
Là, une centaine d’agriculteurs, jeunes ou vieux, essentiellement des hommes, se retrouvent autour de braseros. L’ambiance est celle du village, ni spécialement bon enfant, ni hostile, ni révolutionnaire.
Je cherche des agriculteurs qui acceptent d’être interviewés. Dans la masse que j’entreprends, personne ne veut parler. Parfois, on répond en patois. Puis quelqu’un me prend par le bras et m’emmène devant les “chefs”. Il y a, ici, une discrète hiérarchie. Ceux qui parlent sont les plus gros exploitants. Ils se trouvent qu’ils sont plus ou moins ouvertement liés à la FNSEA : l’un est le Président départemental, l’autre est mandataire du syndicat chez Groupama et à la MSA locale.
Partout, le discours est le même : les normes environnementales ne sont plus tenables. Il faut rétablir la défiscalisation du gazole non routier. Il faut empêcher l’importation de produits agricoles moins chers, soumis à moins de normes environnementales qu’en France. Il faut abolir le plus de normes possibles. On évite soigneusement de critiquer le Crédit Agricole ou la Mutualité Sociale Agricole. Les seules charges qui gênent, ce sont les charges environnementales.
Nous attendons le “chef”. Il est à Pamiers. Le chef n’est pas à la FNSEA, mais les acolytes qui l’accompagnent sont militants. Ils sont discrètement reçus par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, pour trouver des pistes de sortie de crise. Il ne s’agit pas d’une négociation officielle, en bonne et due forme, mais d’un échange de vue.
On sait déjà, aujourd’hui, les concessions que la FNSEA réclame pour mettre fin au mouvement : abolir quelques normes gênantes, défiscaliser le gazole non routier. et ce sera reparti comme en 40.
Sauf si la FNSEA se laisse déborder par une grogne plus profonde : celle qu’elle ne représente, celle qui vient de la désespérance des petits propriétaires. Mais là encore, on ne sait pas au juste ce qui va se passer. En tout cas, pour l’instant, la situation est plutôt tenue par le gouvernement, et il semble peu probable qu’elle lui échappe dès lors que les quelques concessions demandées seront accordées.
Ne manquez pas, demain, les interviews que nous avons réalisées sur place, et qui sont d’ores et déjà consultables sur notre fil Telegram gratuit. Ne manquez pas non plus notre interview de l’adjoint au maire de Toulouse chargé de la question.
Excellente idée de se rendre sur place pour rencontrer les gens qui se battent pour survivre et assurer une souveraineté alimentaire à la France. Les règles environnementales sont le noeud coulant autour du cou de la France, le CO2 n’est pas un polluant c’est un élément essentiel pour la croissance des végétaux. Il faut abattre GIEC qui le KGB du terrorisme pseudo écologique. Oui il y a un réchauffement climatique mais ce n’est pas l’augmentation du CO2 qui est responsable du réchauffement, l’augmentation du CO2 est une conséquence du réchauffement. Il faut lire Christian Gerondeau ou François Gervais.
La FNSEA est à la manœuvre pour mettre fin à toutes les normes destinées à protéger la santé des consommateurs .L’objectif reste de produire plus et moins cher .La santé des consommateurs est accessoire pour ces productivistes qui ne cherchent qu’à accroitre la taille des exploitations et les profits de cette agriculture industrialisé à outrance.Le petit exploitant agricole qui veut produire de façon raisonnée et raisonnable est en voie de disparition.La FNSEA œuvre dans l’ombre avec le gouvernement et les instances européennes pour cette agriculture intensive délirante .
Cher Spertacus,
Ok, l’agriculture intensive moderne est productiviste et elle a bien des défauts, mais on mange des aliments relativement sains en France produits par cette même agriculture. On peut toujours faire mieux, mais les changements réels se font dans la durée.
Le consommateur français a un choix énorme dans les rayons des supermarchés. S’il ne va pas directement aux produits de l’agriculture raisonnée, c’est en raison, entre autres, de son pouvoir d’achat limité.
On ne peut pas manger avec le ministre et déposer du fumier le lendemain devant son bureau.
La FNSEA ne défend pas les paysans, elle est une courroie de transmission pour les contrôler. Les agriculteurs vont encore se faire avoir comme les gilets jaunes.
La fnsea comme tout syndicat representatif mange avec les puissants.
Il est bien connu que la FNSEA copine avec le gouvernement, donc le mouvement s’éteindra doucement et nos braves paysans subiront encore et encore les délirantes décisions environnementales des bureaucrates gauchos de l’ue.
Des CRS pour les gilets jaunes…
Des aides et des subventions pour les agriculteurs….
Rien ne vous choque???
La faillite et les dettes pour le petit commerce, l’artisanat et les petites entreprises…
Des aides et des subventions pour les agriculteurs…
Rien ne vous choque??
bonjour, si ce que vous écrivez est la vérité alors il faut le dénoncer haut et fort c’est très grave de poursuivre des négociations dans le dos des agriculteurs non syndiqués.
il faut que d’autres partout en France prennent connaissance de vos révélations et tiennent bon les barrages afin que la misère des agriculteurs qui dure depuis plus de 50 ans prenne fin aussi pour de bon. L’information c’est le pouvoir et merci d’être là pour la diffuser.
Voilà une interview très édifiante, merci à Sébastien et à Eric !