Gemini, l’outil d’intelligence artificielle de Google, a fait perdre 90 milliards de valeur boursière à son entreprise-mère pour avoir exagérément appliqué la politique de cancel culture – la culture de l’effacement, historique aussi bien que sociétal – et plus généralement le wokisme en vogue aux Etats-Unis, qui d’ailleurs a gagné l’Europe, puisque l’Europe est depuis longtemps réduite à un rôle de marche de l’Empire.
Comment cette perte a-t-elle été rendue possible ? Gemini fonctionne sur un principe proche du chat GPT. Dans un premier temps, la première version avait fait rire tout le monde. Avec des amis, nous nous étions amusés à lancer le logiciel sur une question en principe connue de tous les érudits : les origines de la guerre de Cent Ans. Le chat GPT fonctionne comme un mouvement brownien, une réponse en appelant une autre, dans un déroulement A-B-C etc., mais sans qu’il y ait de cohérence entre A et C, seulement entre A et B, puis B et C. Ainsi, rapidement, la dissertation automatique s’est égarée dans les guerres de religion, sautant donc de la période 1337-1453 au XVIe siècle, sans s’en rendre compte. Oui, mais ça, c’était la première version, et il semble que les suivantes se soient améliorées. Pourtant, dès l’arrivée de cet outil, on pouvait s’inquiéter de ce que les entreprises du chat GPT, dans le contexte tendu de pré-guerre civile américaine, permettent à l’idéologie de s’en emparer, ce qui réduirait à rien l’intérêt présenté par le progrès technique. Eh bien, c’est exactement ce qui est arrivé, de sorte que ce progrès tourne au cauchemar intellectuel, où l’on voit nos jeunes gens infectés par le virus, se transformant les uns après les autres en rhinocéros comme dans le théâtre de Ionesco.
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