Dans ce nouveau numéro de la chronique de la royauté avec Yves-Marie Adeline, nous évoquons la figure de Charles Maurras, qui fut plus nationaliste que royaliste. Adeline en profite pour souligner la distance entre le royalisme et le nationalisme, qui font référence à des conceptions très différentes du corps social.
Plusieurs points méritent ici d’être notés :
- Charles Maurras était un penseur et un intellectuel nationaliste, qui s’est au fond accoutumé à la République
- Maurras était un rationaliste qui n’était pas chrétien
- il fut condamné par l’Eglise
- ses relations avec les prétendants au trône furent à géométrie variable
- la conception du corps social selon Maurras ne peut se confondre avec la conception de la France dans la sphère légitimiste
Non, la nation ne naît pas avec la Révolution française. Dans le dictionnaire de Furetière (1690), la nation est définie comme une communauté installée sur un territoire, parlant une langue et dotée d’institutions politiques. Selon Furetière, la nation avait donc trois dimensions : géographique, culturelle et politique. Les révolutionnaires lui ont donné une autre signification, celle de Tiers-État voire même celle d’agrégat des partisans de leurs idées. Les nobles et les ecclésiastiques n’appartenaient pas, selon les révolutionnaires, à la nation française. La nation devint ainsi une entité de nature idéologique tandis que la “natio” des Romains était une communauté de naissance, c’est à dire une ethnie.
La république romaine était mixte comme l’ont souligné Cicéron, Tite Live et Polybe. Elle avait trois dimensions : monarchique (les consuls et surtout les dictateurs qui sont des monarques temporaires), aristocratique (sénat) et démocratique (comices et surtout tribunat de la plèbe). La Ve République a un air de ressemblance avec la république romaine.
A. Tardieu a eu bien plus d’importance sur De Gaulle que n’en eut MaurrasT et Tardieu était républicain bien que très critique à l’égard des institutions inspirées par la Révolution française laquelle a été fondamentalement non pas républicaine mais libérale c’est à dire individualiste. La confusion est totale, en France, sur ce sujet tandis que dans les pays anglo-saxons, l’opposition entre républicanisme et libéralisme est une évidence (cf. les ouvrages de la philo-star Michael Sandel qui enseigne la philosophie politique à Harvard et qui malmène les théories libérales auxquelles il oppose les idées républicaines. Son républicanisme n’a rien à voir avec le prétendu parti républicain qui est en fait un parti libéral et libertarien).
De Gaulle a dit : « je suis un monarchiste et la république n’est pas le régime qu’il faut à la France ». La Ve république n’a cessé de dépérir depuis 1969. Il y aurait une solution pour redresser notre pays mais j’observe que les forces hostiles sont présentes de partout.