Plus l’introduction de la monnaie numérique se rapproche, plus les politiciens et les banquiers veulent dissiper nos inquiétudes avec des arguments simples. Nous reprenons quatre de ces arguments et les complétons avec des faits et des aspects supplémentaires. Dans la première partie, nous avons examiné d’un peu plus près le thème de l’argent liquide. Aujourd’hui, nous allons nous demander si l’euro numérique convient réellement comme placement refuge – après tout, il ne doit pas être un bien d’investissement ni être rémunéré.
Dans la première partie de notre mini-série[1], nous avons parlé du fait que la valeur de l’argent liquide est liée à la confiance dans ce moyen de paiement. Si le public a des doutes sur la solvabilité des banques, il cherchera à récupérer ses dépôts le plus rapidement possible. Dans les cas extrêmes, on assiste à une ruée vers les banques.
Les lobbyistes aiment souligner, que l’euro numérique- contrairement à l’argent liquide – offre de plus grandes garanties et pourrait donc particulièrement bien convenir comme placement refuge. À ce stade, nous reprenons le fil et nous nous tournons vers un autre argument du lobby de l’euro numérique : l’euro numérique ne produira aucun intérêt, ni positif ni négatif. Il sera un moyen de paiement, pas un actif immobilisé !
Qui gagne, qui perd ?
Denis Beau, premier sous-gouverneur de la Banque de France, a récemment déclaré à ce sujet :
« Avec le passage des économies à la numérisation, l’argent liquide est de moins en moins utilisé à des fins de paiement. Toutefois, l’argent liquide possède des caractéristiques uniques qui ne sont pas présentes dans l’espace numérique. C’est pourquoi nous imaginons l’euro numérique avant tout comme un “billet numérique”, qui permet de conserver les caractéristiques de l’argent liquide dans l’espace numérique ».
Complétons à nouveau par quelques faits : d’un point de vue purement économique, un avantage de l’argent liquide est qu’il nous protège d’une mainmise de l’État, par exemple par une imposition excessive ou par des taux d’intérêt négatifs.
Cet avantage est en même temps un inconvénient : la banque centrale ne peut pas rémunérer l’argent liquide sous forme de billets de banque. Celui qui stocke de l’argent liquide sous son matelas (ou ailleurs) ne perçoit pas d’intérêts. Il n’est toutefois pas protégé contre l’inflation.
Si l’euro numérique doit donc être un « billet de banque ayant les caractéristiques d’une monnaie fiduciaire », nous ne recevons pas d’intérêts pour nos stocks, mais nous ne pouvons pas non plus les étendre à volonté. Cela est également complété par un argument de la BCE que nous devrions toujours garder à l’esprit :
« La BCE réduira au minimum toute menace potentielle qu’un euro numérique pourrait faire peser sur le système financier. Ainsi, le montant d’euros numériques que les utilisateurs pourraient détenir sur leurs comptes serait limité pour éviter les sorties de dépôts bancaires, même en période de crise. »
Nous nous rapprochons un peu plus du cœur du problème : nous savons que la quantité de monnaie centrale doit être augmentée en cas d’une ruée bancaire. Nous savons que les banques centrales – et la BCE est une banque centrale – ne peuvent pas se retrouver en situation d’illiquidité ou faire faillite (parce qu’elles ont le monopole de la création monétaire et peuvent imprimer de la monnaie).
Mais si les banques centrales sont surendettées (et les billets émis sont comptabilisés comme des dettes), elles perdent leur capacité d’action en matière de politique monétaire et la confiance dans la monnaie disparaît. En effet, le rachat de « dettes » sous forme de « monnaie » doit être couvert par des actifs des banques centrales. Or, ces actifs sont souvent insuffisants.
Si l’euro numérique est détenu par la banque centrale, il n’est plus nécessaire de racheter des dettes sous forme d’argent, ce qui signifie qu’il n’est plus nécessaire de les couvrir par des actifs de la banque centrale.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la déclaration actuelle du président de la Banque nationale de l’Allemagne :
« Si on m’avait demandé il y a 20 ans si le modèle économique de la banque centrale était destructible ou non, j’aurais dit non. Aujourd’hui, je n’en suis plus si sûr – nous devons travailler sur notre modèle commercial ».
Résumons :
– L’euro numérique en tant que forme de monnaie de banque centrale semblable à l’argent liquide doit avant tout servir à stabiliser les systèmes financiers politiques.
– Il doit empêcher les sorties importantes de dépôts bancaires en temps de crise, ce qui est utile à l’État et au système bancaire.
– Il doit garantir le rôle central des banques centrales, qui voient leur monopole menacé, notamment par l’essor considérable des crypto-monnaies.
La BCE argumente que l’euro numérique facilite la vie, qu’il est sans risque, largement disponible et convivial. Ne laissons-nous pas aveugler par de tels arguments. En effet, la composante technologique d’une monnaie numérique de banque centrale comporte des risques que nous n’avons définitivement pas avec l’argent liquide physique. Ce point sera abordé dans la troisième partie de notre mini-série.
Macron a volontairement surendetté la France pour nous faire accepter le passage à l’Euro numérique, c’est la stratégie du pompier pyromane, il met le feu et il vous sauve en vous mettant le collier au cou.
Oui, exactement.
Par contre, Macron est plutôt un pyromane faussement pompier, non ?