Dans un précédent article, nous avons montré comment les élections législatives constituaient, d’un point de vue sociologique, le point d’orgue d’une lutte de castes, avec un bloc bourgeois rassemblés autour de la macronie et du Front Populaire, et un bloc prolétaire qui soutient le Rassemblement National. Cet antagonisme ne se nourrit pas seulement de mythologie. Je montre aujourd’hui comment le programme du Front Populaire apporte des avantages et des bénéfices importants au grand capital dont Macron constitue aujourd’hui le meilleur représentant.
D’une manière générale, le programme du Front Populaire, y compris dans ses excès mélenchonistes, mais pas seulement, peut être rassemblé autour de quelques idées forces :
- le salariat doit constituer la forme « normale » de travail (cette idée était écrite dans le programme de la France Insoumise de 2022)
- la France doit se distinguer par des standards sociaux élevés, bénéficiant à ses salariés
- parmi ces standards sociaux, on trouve notamment des augmentations de salaire fortes et imposées sans distinction à toutes les entreprises
Je ne discute pas ici le bien-fondé de ces dispositions en soi. Je veux seulement montrer comment elles s’insèrent dans un contexte qui favorise les grandes entreprises transnationales et comment elles défavorisent les entreprises naissantes ou de petite taille. En ce sens, le programme du Front Populaire vise bien à installer des avantages concurrentiels en faveur des entreprises mondialisées et capitalisées, et en défaveur des petites entreprises prisonnières du marché national et mal capitalisées.
- l’instauration de standards sociaux élevés a un coût élevé pour les employeurs
- ce coût est difficilement supportable pour les jeunes entreprises qui sont en phase de conquête de marché
- ce coût est insurmontable pour les entreprises peu capitalisées, aux marges faibles et aux parts de marché limitées
- seules les grandes entreprises matûres pour les assumer
- cette prise en compte est encore moins douloureuse pour les entreprises transnationales capables de faire jouer la concurrence socio-fiscale, et disposant de parts de marché qui leur garantissent une rentabilité et une trésorerie solide
Concrètement, un jeune entrepreneur qui décide de recruter peut difficilement endosser la charge d’un standard social élevé sans mettre en péril la trésorerie de son entreprise.
Mécaniquement, l’élévation collective et imposée des standards sociaux pénalise donc le développement des jeunes entreprises, à moins qu’elles n’aient levées d’importants fonds sur le marché des capitaux, grâce auxquels elles peuvent assumer le risque de pertes salariales. Cette mécanique défavorise les entreprises en noms propres dotées de capitaux limités.
Donc, le programme du Front Populaire est létal pour les petites entreprises auto-financées, et, dans la durée, constitue une barrière protectionniste qui favorise les grandes entreprises capitalisées.
On comprend la logique « sociale » qui sous-tend sa philosophie : l’essentiel n’est plus de lutter contre l’aliénation du travailleur en le rendant propriétaire des moyens de productin (concrètement en lui permettant de devenir entrepreneur). L’essentiel est de rendre l’exploitation supportable en améliorant le sort des exploités. Que, pour ce faire, le gouvernement combatte les petites entreprises et favorise les plus grandes d’entre elles n’est pas un problème, dans la mesure où le salariat devient la forme normale de travail, et où la création d’entreprise devient à la fois impossible et « immorale » car productrice de standards sociaux moins élevés.
Bref, Marx avait voulu désaliéner les travailleurs, il avait imaginé les libérer. Le Front Populaire, Mélenchon en tête, ont renoncé à cet objectif. Ils préfèrent prendre acte de l’aliénation et la rendre plus supportable, tout en rendant impossible toute libération par la création d’entreprises.
Les grandes entreprises mettent aussi en place, avec la complicité du gouvernement tout un tas de barrières à l entrée pour ceux qui souhaiteraient investir avec ce festival de normes et de décrets.
« Il y a plus de 400 000 normes, 23 000 pages, 18 000 formulaires, 313 commissions » qui paralysent et asphyxient le pays, constate l’Institut de Recherches Économiques et Fiscales (IREF) – un think tank libéral européen (24 mai).
J ai investi en Afrique. Là j ai 2 salariés payés 500 € par moi, soit 3 fois le salaire minimum et si ils n ont pas la productivité d un français, ça ne me gêne pas. En attendant, l administration n est pas trop compliquée et la gestion de l entreprise est simple. Allez Ciao bye bye !
Travailler n’est pas une aliénation. Le salarié a un patron, la PME a plusieurs patrons (ses clients)
La grande entreprise préfère capitaliser plutôt que produire, et licencie pour préserver son seuil de rentabilité qui dépend du nombre d’actionnaires et non du nombre de travailleurs. Réduire la production si besoin l’externaliser pour capitaliser au maximum, c’est leur fonctionnement, elles n’ont pas besoin du programme du nouveau front populaire pou poursuivre leurs oeuvres seulement de leurs actionnaires qui par defaut et pour preserver leur « rente » voteront le programme neo-liberal, anti service public etc du RN.
Quant à Macron depuis qu’il est au pouvoir c’est 100 milliards de recettes fiscales en moins. Les depenses en matieres de retraite n’ont pas augmenté ce sont les recettes fiscales qui ont diminué, de plus Macron constitue une menace pour le proprietaire et lactionnaire moyen, et il me semble que « le vote sanction RN » vient essentiellement de ceux là, ils ont le sentiment que leur patrimoine ne sera pas menacé avec le RN neo liberal, sécuritaire avec en prime la preference nationale pour ceux qui n’ont rien, ils auront la nationalité pour capital…ça ne choque personne ?
Les retraites financées par des recettes fiscales qui auraient baissé de 100 milliards. A une époque, les militants de gauche faisaient un effort pour se former. Maintenant, il récite des conneries ahurissantes comme dans une secte.
Le déficit public c’est bien question de balance entre les dépenses et les recettes publiques, qu’y a t-il de si ahurissant de dire qu’une baisse des recettes fiscales de 100 milliards depuis l’arrivée de Macron au pouvoir a plus contribué au déficit public, tandis que les dépenses du systèmes des retraites sont stables et n’ont pas augmentées (selon le COR).
C’est vous qui avez écrit et compris « Les retraites financées par des recettes fiscale qui auraient baissé de 100 milliards »
Ben non, je reprends vos propos qui relèvent du délire et même de la bêtise. Les recettes fiscales ont augmenté en France. Les retraites ne sont pas financées par l’impôt. Répétons-le : il y a deux catégories d’ignorants. Ceux qui savent qui le sont et qui ont envie d’apprendre. Et ceux qui pensent savoir, comme vous. Ceux-là infligent aux autres avec prétention et mépris une série d’affirmations débiles en lesquelles ils croient mordicus.
La libération marxienne par la création d’entreprise, voilà un raccourci un peu saisissant.
Belle démonstration ! Merci Eric 🙂
C’est la description du capitalisme de connivence.
Le salariat (comme le fonctionnariat) est une forme d’aliénation et d’esclavage. Au sortir de la 2ème GM, les français étaient majoritairement travailleurs indépendants et géraient donc leur liberté.
Il faudrait rappeler que les « salariés » d’Uber sont couverts par Axa pour la maladie et que donc le monopole de la Sécu est imposé a tous au mépris des lois européennes sur les assurances sociales.
Ce soit disant monopole permet a la caste de piller les travailleurs qu’ils soient salariés, chefs d’entreprises ou agriculteurs.
Cherchez qui financent les passeurs de migrants ou les écolos, vous comprendrez pour quoi les forces de l’argent comptent sur la gauche pour maintenir leurs rentes.
De 1958 a 1981, la bourse a stagné et sous Mitterrand ses records explosaient d’année en année. Jacques Marseille avait expliqué pourquoi le grand capital espérait des gouvernements de gauche qui acheteraient la paix sociale dans les entreprises.