A notre époque où le démocratisme est désormais une religion de croyants non-pratiquants, les observateurs sont en droit de s’interroger sur le fait de savoir s’il est encore utile de faire appel au vote des citoyens. Nous choisirons deux exemples, la France et les Etats-Unis.
A tout seigneur (historique), tout honneur, commençons par la situation de la France après les dernières élections législatives, en prenant soin d’arrondir les chiffres des votes par commodité de lecture et de compréhension. Le RN associé au LR officiela obtenu 10 millions de voix, le NFP 7 millions, Macron 6,5 millions, et les LR dissidents 2,5 millions.
Résultats des dernières élections législatives
Compte tenu du mode de scrutin, permettant aux partis en lice qualifiés pour le second tour de concevoir des combinaisons électorales, le RN-LR officiel, de loin première force en nombre de voix, se retrouve rétrogradé en troisième position en nombre de sièges : toutes les autres formations rivales ayant passé des accords de désistement réciproque, un grand nombre de triangulaires sont devenues pour le RN des murailles électorales cimentées par une entente allant des communistes à la droite sarkozyste. Mieux encore, quand les députés nouvellement élus ont voté l’attribution des présidences des commissions au sein de l’Assemblée, aucune n’a été attribuée au RN. C’est ainsi que la majorité relative des électeurs, soit dix millions de citoyens, ont voté… pour rien, comme si, en définitive, les élections n’avaient pas eu lieu, puisque le résultat n’a entraîné aucun changement dans la répartition des responsabilités politiques. On parle de hold-up électoral, mais ce qui s’est passé est parfaitement légal, au sens où les combinaisons du second tour, l’alliance entre les communistes et les sarkozystes passant par les macronistes, n’est nullement interdite par la Constitution et la loi électorale actuelle. C’est légal et démocratiquement légitime, car après tout, ces responsables qui ont maintenu de fameux « plafond de verre » – dont beaucoup croyaient qu’il n’existait plus – ont bel et bien été élus par leurs compatriotes, de même que M. Macron a été réélu démocratiquement en 2022.
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