Est-ce en Allemagne que la gouvernance mondiale va imploser?

Est-ce en Allemagne que la gouvernance mondiale va imploser?


Partager cet article

Jusqu’à récemment, l’Allemagne passait pour le roc indestructible de l’organisation occidentale en Europe. Après les élections du 1er septembre, on peut se demander si, à l’inverse, ce n’est pas par l’Allemagne, que la gouvernance mondialiste va devoir lâcher prise. Jamais un gouvernement allemand en exercice n’avait connu une telle déroute à des élections régionales depuis la fondation de la République fédérale en 1949. Bien entendu, les Länder concernés par les élections du 1er septembre sont situés dans l’ancienne Allemagne de l’Est. Les partis de la coalition gouvernementale (sociaux-démocrates, Verts et libéraux) y sont faibles depuis le milieu des années 1990. Néanmoins, on aurait tort de sous-estimer le contraste croissant entre deux Allemagnes de moins en moins réunifiées!

Voici les pourcentages obtenus par les différents partis allemands lors des élections régionales en Saxe et en Thuringe. On remarque une stabilité des chrétiens-démocrates (CDU); une érosion du parti du Chancelier Scholz (SPD, sociaux-démocrates); une chute des Verts, deuxième partie de la coalition; une disparition des Libéraux, troisième partenaire de la coalition. Une grande volatilité de la Gauche (die Linke)

Les deux partis qui sortent vainqueurs, l’AfD (Alternative für Deutschland) et le BSW (Bündnis Sahra Wagenknecht)  sont qualifiées de popiulistes par les commentateurs. La première est un parti qui s’est installée à la droite de la CDU et est caractérisée comme « d’extrême droite » par le système effarouché. La seconde est un parti de gauche authentiquement social-démocrate, créée par une femme politique qui a longtemps appartenu à Die Linke mais a quitté ce parti, entre autres, par refus du soutien militaire de l’Allemagne à l’Ukraine.

Mise en cause de l’OTAN?

L’AfD aussi s’oppose à la participation de l’Allemagne à une guerre contre la Russie. Dans un vote, et non plus dans un sondage, on constate que 40 à 50% des électeurs mettent, dans deux Länder, en tête, des partis qui s’opposent à la guerre d’Ukraine. Actuellement, les sondages indiquent, qu’entre l’est et l’ouest de l’Allemagne, ce sont environ un tiers des Allemands qui voteraient, globalement pour ces deux partis.

C’est le moment de se rappeler que l’Allemagne est le pays au monde qui accueille le plus de bases militaires américaines. Ce simple fait, fréquemment oublié, explique que l’Allemagne soit aujourd’hui le pays qui apporte le plus fort soutien, militaire et financier, à l’Ukraine, après les Etats-Unis.

Evidemment, la question qui se pose est celle du contraste croissant entre une Allemagne de l’Est refusant la logique occidentale de la militarisation de la société, de l’écologie punitive et du multiculturalisme conjugués, et une Allemagne de l’Ouest dans laquelle les bases américaines sont dans des Länder majoritairement acquis aux chrétiens-démocrates (au sud) mais sans que les Länder du nord (traditionnellement plus proches du SPD remettent en cause l’engagement atlantiste radical du pays.

A grands traits, on constate aujourd’hui que le dernier garant de l’engagement atlantiste de l’Allemagne se trouve à la CDU. C’est elle qui gagnera, sauf imprévu, les prochaines élections législatives en septembre 2025. Sans garantie, cependant, de pouvoir constituer une majorité sans alliance avec l’AfD. Or une telle alliance est impossible puisqu’elle reviendrait, pour la CDU, à remettre en cause l’engagement pro-américain des gouvernements allemands successifs.

L’Allemagne devient-elle carrément ingouvernable? Est-elle désormais le maillon faible de l’édifice euro-atlantiste après en avoir été longtemps l’élève modèle?


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Pourquoi Lecornu est une vraie poule mouillée

Pourquoi Lecornu est une vraie poule mouillée

Entre Noël et le Nouvel An, le Courrier entame un "parcours" d'éclairage auprès des lecteurs pour mieux comprendre comment se posent, avec un peu de recul, les problèmes de notre société. Voici une première explication sur l'effondrement de notre système, où il est question de "poulet mouillé", de "prisonnier" et de "passager clandestin". Mes chers amis, pour comprendre pourquoi le "Léviathan" français s’est pris les pieds dans le tapis du budget 2026, il faut cesser de regarder les hommes et c


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Noël, étrennes : comment, en pratique, donner de l’argent à ses proches ?

Noël, étrennes : comment, en pratique, donner de l’argent à ses proches ?

En cette période de fêtes, la générosité est de mise. Mais attention : entre le chèque glissé sous le sapin et le virement « coup de pouce », la frontière pour le fisc est parfois poreuse. Dès le 1er janvier 2026, les règlesse durcissent en effet avec une obligation de déclaration en ligne. Il est temps de mettre les points sur les "i" pour donner… sans se faire épingler. Pour tout abonnement d’un an au Courrier des Stratèges souscrit entre le vendredi 19 décembre 18h et le lundi 22 décembre 1


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Tech française : le grand enfermement fiscal de 2026, par Vincent Clairmont

Tech française : le grand enfermement fiscal de 2026, par Vincent Clairmont

On nous avait promis la « Start-up Nation », l’eldorado des licornes et le rayonnement de la French Tech. Mais en cette fin d'année 2025, le réveil est brutal pour les fondateurs. Derrière les paillettes des salons Vivatech de jadis, la réalité comptable s'impose : la souricière fiscale française vient de se refermer. Pour l’entrepreneur qui envisageait de prendre le large, la question n’est plus de savoir où partir, mais si l’État lui en laissera véritablement le droit sans le dépouiller au pa


Rédaction

Rédaction

Entrepreneurs, où s’expatrier en 2026 ? par Vincent Clairmont

Entrepreneurs, où s’expatrier en 2026 ? par Vincent Clairmont

En 2026, la France reste un champion incontesté… de la pression fiscale. Avec un taux marginal d’imposition à 45 %, des prélèvements sociaux à 17,2 %, et une complexité administrative qui ferait pâlir un inspecteur des finances, les entrepreneurs tricolores sont de plus en plus tentés par l’expatriation. Mais attention : quitter le navire ne s’improvise pas. Entre les pièges de l’exit tax (voir mon article du jour sur le sujet), les conventions fiscales internationales et la nécessité de "subst


Rédaction

Rédaction