En apparence, le rapport sur la compétitivité européenne de Mario Draghi est une oeuvre technique et indigeste, forte de ses 400 pages. La réalité est inverse : ce rapport constitue un puissant pavé dans la mare souverainiste, dans la mesure où il propose de défendre l’industrie européenne par des interventions publiques qui supposent un dépassement des Etats-nations et des avancées vers une fédération européenne. Jusqu’ici, l’Europe obéissait à une forme d’intégrisme néo-libéral. Désormais, elle pourrait devenir « gaullienne »… mais en se débarrassant peu à peu des échelons nationaux qui le composent… et la bloquent, diront certains.
↪ Mario Draghi dévoilait hier son rapport de 400 pages sur la compétitivité de l'industrie européenne
↪ Ce texte préconise le déploiement d'une politique industrielle de l'Union, notamment pour affronter l'Inflation Reduction Act américain
↪ Draghi en profite pour plaider discrètement en faveur d'une fédération européenne qui piloterait cette politique
Incontestablement, voilà un texte roboratif, rébarbatif et provocateur. Il s’agit du rapport de 400 pages rédigé par Mario Draghi pour plaider en faveur de la compétitivité de l’industrie européenne face aux concurrences chinoises et américaines. C’est un texte très attendu, d’importance, même s’il est, par nature, élitiste. Tout citoyen européen aurait toutefois intérêt à s’y intéresser, car il contient nombre de propositions qui risquent, dans les années à venir, de hanter le débat public et même de guider nombre de décisions politiques stratégiques.
Voici ce rapport en anglais :
Que contient ce rapport en substance ?
- d’abord l’idée que, si l’Europe ne s’occupe pas de la compétitivité de ses entreprises industrielles, elle décrochera irrémédiablement face à ses concurrents chinois et américain… On retrouve ici l’impact de l’Inflation Reduction Act promulgué par Joe Biden, qui produit une véritable hémorragie dans le tissu industriel européen. Nombre de nos entreprises courent en effet aux Etats-Unis pour bénéficier d’aides à la décarbonation quand l’Europe pratique volontiers l’écologie punitive
- ensuite, la conséquence naturelle de la première idée : l’Europe doit pratiquer une politique industrielle volontariste, avec un apport en capital pour financer la décarbonation et maintenir son tissu industriel
- enfin, Draghi propose de lancer un emprunt européen, de réformer le marché de l’électricité en isolant les énergies renouvelables, et de réformer la gouvernance européenne pour améliorer la prise de décisions et son efficacité…
On comprend « l’économie générale » de son rapport : en contrepartie d’un emprunt européen de 1.000 milliards qui financeraient la transition écologique, l’Union européenne franchirait quelques pas supplémentaires sur la voie du fédéralisme.
L’ensemble du texte est habile, dans la mesure où il comble d’aise à la fois ceux qui veulent une évolution fédérale de l’Europe et ceux qui veulent une politique industrielle volontariste. Il jette un pavé dans la mare de tous ceux qui, tournant le dos au « néo-libéralisme », prônent une action volontaire de l’Etat dans le domaine industrielle, voir un retour à la « planification ».
Au fond, Draghi jette les bases d’une Europe à la fois keynésienne et étatiste.
Reste à savoir quels seront les arguments techniques et politiques sur ce sujet. Le Courrier compte animer ce débat dans les semaines qui viennent.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
Que l’Union européenne arrête d’emmerder ses entreprises et ses citoyens avec ses réglements abscons qui s’insinuent partout et dont la complexité, l’inflation et l’instabilité sont les premiers freins au développement des entreprises.
Pas le souvenir que Draghi ait créé et fait prospérer au moins une entreprise (privée) ?
Soutenir les entreprises nationales, c’est mal. Aider les entreprises à vocation européenne, c’est bien. J’ai bon?
L’UE est en train de détruire l’industrie automobile a coups de réglementations débiles et d’amendes gigantesques pour les entreprises qui ne feraient pas assez de véhicules électriques. Ce sera ensuite au tour de l’aéronautique puisqu’il est proposé d’interdire aux gueux de voyager plus de trois ou quatre fois dans sa vie.
Certainement, ceux qui ont sabordé l’économie européenne vont la rendre plus compétitive… avec encore plus de dette et d’idéologie de sabotage. Géniaaal ! Pas besoin d’être super-clairvoyant pour comprendre que le seul objectif est de s’emparer du patrimoine des populations et de les laisser déambuler une main derrière et une main devant.