Cette question, je suis sûr que, comme moi, vous vous l’êtes posée (et je la poserai à Edouard Husson dans notre émission de lundi “Chaos Global” que vous pourrez retrouver à 18h, ce 7 octobre sur la chaîne Youtube gratuite du Courrier des Stratèges).
Ce lundi 7 octobre, tout le monde aura en tête le massacre de 1.200 innocents israéliens l’an dernier, acte immanquablement terroriste qui suscite forcément notre compassion. Depuis cette date, le gouvernement Netanyahou n’a pas hésité à massacrer à tour de bras des dizaines de milliers d’autres innocents, principalement des femmes et des enfants. Il n’a pas non plus hésité à condamner les autres habitants de Gaza au pire : des enfants opérés en masse sans anesthésie, des souffrances abominables pour les enfants, les femmes, les civils, des bombardements incessants, des exactions, une population en permanence soumise à des ordres d’évacuation qui rend la vie intenable dans cette prison à ciel ouvert.
Selon une propagande bien huilée, la souffrance des civils palestiniens est un mal nécessaire, qui ne compte pour rien, ou pour pas grand chose, et une conséquence naturelle de l’attaque du 7 octobre.
Ce deux poids deux mesures très occidental, très ethnocentré, très partial, est au coeur des publireportages que la presse subventionnée diffuse quotidiennement pour nous enjoindre de donner un chèque en blanc aux extrémistes du gouvernement israélien dans leur projet de recomposition du Moyen-Orient par voie militaire. Incidemment, cette propagande raciste nous explique implicitement que les Palestiniens étant arabes, et que les Arabes étant par nature de fourbes terroristes islamistes, tout Palestinien désarmé tué par un sniper de l’armée israélienne a bien mérité son sort, et sa mort nous évite un attentat meurtrier sur les Champs-Elysées.
Contrarier cette propagande suprémaciste serait de l’antisémitisme.
Depuis un an, le Courrier des Stratèges fait entendre une autre voix. Il dénonce l’instrumentalisation de la Shoah, mise au service d’une idéologie extrémiste qui n’a aucune légitimité à invoquer, pour se justifier, les souffrances monstrueuses infligées aux Juifs par les Allemands et quelques-uns de leurs alliés entre 1933 et 1945.
Nous défendons l’égalité entre les peuples, entre les personnes, qu’il s’agisse d’Israéliens juifs ou de Musulmans ou de Chrétiens palestiniens, massacrés en nombre aujourd’hui par l’armée israélienne dans le silence coupable d’une France traditionnellement protectrice des Lieux Saints. Cette position humaniste nous vaut de nombreuses pressions et insultes.
Au demeurant, nous rencontrons ici, si l’on en croit les sondages officiels, une ligne partagée par une majorité de Français ordinaires sur qui la propagande israélienne n’a plus d’effet.
Qui veut mourir pour le projet de Netanyahou ?
Pour ma part, je viens d’une famille ouvrière qui a caché des Juifs pendant la guerre.
Ma famille vivait sous administration militaire allemande, puisqu’elle habitait Liège. Le régime d’occupation y était sensiblement plus raide et brutal que dans la France occupée. Pourtant, cacher des Juifs, c’était résister et sauver des innocents. Risquer sa vie pour eux était une question de dignité et coulait de source.
N’oublions jamais que, durant l’Occupation, ceux qui résistaient aux Allemands et aux Autrichiens étaient appelés terroristes.
Je viens donc d’une famille de terroristes, qui m’a initié à la langue allemande, parce qu’au fur et à mesure des perquisitions, mes tantes, mon oncle apprenaient cette langue et souvent répétaient devant moi, bien des années plus tard, avec angoisse, de façon quasi automatique, les paroles des soldats de la Wehrmacht qui débarquaient à la maison à la recherche d’autres terroristes.
Après le 7 octobre, je n’ai eu aucun état d’âme à considérer que le terrorisme du Hamas était monstrueux. Mais j’ai aussi condamné les massacres de civils à Gaza, et j’en suis fier. Je trouve immondes les agents de la vassalisation aux Etats-Unis et à Israël qui m’ont traité d’antisémite, simplement parce que l’aide que nous avons apportée aux Juifs pendant la guerre ne doit pas être souillée par des meurtres barbares décidés par un gouvernement d’irresponsables.
Redisons-le, répétons-le inlassablement : le gouvernement israélien consacre plusieurs millions d’euros pour déverser sa propagande un peu partout en Europe, et particulièrement en France, qui accueille la deuxième diaspora juive dans le monde. Cette propagande ne fait pas dans la dentelle : soit tu soutiens l’hécatombe à Gaza, soit tu es antisémite.
De fil en aiguille, la destruction massive de Gaza se mue en destruction massive du Liban et en recomposition sans état d’âme du Moyen-Orient. Pour y parvenir, Benjamin Netanyahou profite de l’apathie d’un Joe Biden affaibli, et joue délibérément aux docteurs Folamour avec son arsenal nucléaire.
Les frappes israéliennes tous azimuts peuvent tout à fait nous entraîner dans un conflit sans limite. Ce que les Anglo-Saxons appellent une “All-out war”. Dans ce cas de figure, l’engagement militaire français ne se limitera pas à des images télévisées où chacun commentera une actualité “extérieure”. Rien n’exclut que notre sol ne soit frappé par le conflit, et que nos enfants ne doivent être engagés dans des combats au sol.
Benjamin Netanyahou n’a jamais eu un mot de sympathie pour les goyim qui le soutiennent dans ses délires. Au contraire, il se contente de les menacer, de les intimider dès qu’ils osent la moindre nuance. Il ne semble pas sensible à la culpabilité que nous exprimons vis-à-vis de la Shoah, sauf pour en jouer à son profit. Sa réaction aux déclarations d’Emmanuel Macron ce week-end l’a rappelé : les pays chrétiens, pour Nétanyahou, sont un arsenal ambulant, et rien d’autre.
Êtes-vous prêts à accepter que vos enfants meurent pour son projet de recomposition du Moyen-Orient ?
Mobilisons-nous pour préserver nos libertés.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
J’ai aimé votre texte. Merci pour ces paroles fortes et bien senties, qui jettent de la lumière sur une vaste confusion, délibérément entretenue.
D’une manière générale, merci à vous et à Edouard Husson, qui font le Courrier des Stratèges dans le but de nous informer et nous requérir à penser (plutôt qu’à croire).
Bien à vous,
Hélène Bregani
Bravo !
Cher Éric,
Mille mercis pour ce texte ainsi que pour votre témoignage personnel !
Parmi les 1200 israéliens morts le 7 octobre 2023, au moins la moitié, voire les deux tiers ont été tués par Tsahal…
Merci pour ce texte qui est fidèle à ce que pense une majorité de français.
Ceux qui estiment qu’il y a trop de musulmans chez nous sont les mêmes qui soutiennent Netanyahou dans son entreprise visant à chasser des musulmans de leur terre.
Sauf à ce qu’ils admettent ouvertement être racistes, ils devraient donc se demander au prix de quelle manipulation mentale opérée par les médias ils en arrivent à une telle contradiction ?
1200 enfants Isrealiens oui terrible mais entre 35,000 et 40,000 Palestineins en grande majorite femmes et enfants me touchent enormement .Israerl ne fait que recolter ce qu’elle seme quoiqu’en dise ce pychopathe Nathayahoo ( nee Mileikowksy de Pologne) perorant dans l’enceinte de l’ONU au 3/4 vide ,personne ne voulant ecouter ce genocidaire. Et Israel will be gone bien avant que le Hamas et le Hezbollah soient partis. Le bulldozer approche Isael a grands tours de tours dans l’indifference quasi totale. Hubris /Nemesis.
Culpabilité par rapport a la shoah? pas moi, pas mes parents et mes grands parents qui se sont battus contre les allemands pour des guerres organisees par la meme communauté dont vous parlez.Vous aussi vous vous servez de cette histoire reecrite par les vainqueurs.
Un petit billet a tsahal, vite, pour vous faire pardonner ces écarts et en plus c est déductible des impots
Je souscris et suis solidaire à 2000% avec ce point de vue et les arguments développés, qui quoi qu’en disent les trolls et autres propagandistes sionistes, dont la mauvaise foi ou les arguments avancés visent uniquement à détourner l’attention du factuel. Ces gens souillent pour ne pas dire crachent sur la mémoire des victimes de la shoah qui doivent les haïr là ou ils sont!!!
Entièrement d’accord avec votre point de vue là-dessus, Eric.
Je suis tout-à-fait d’accord avec votre article. Les civils palestiniens n’ont pas à payer le massacre du 7 octobre
Devrons nous vraiment mourir pour Kiev? Pourquoi devrions-nous raisonner différemment dans le cas d’Israel (l’agressé) et de l’Ukraine (l’autre agressé)?
Merci Éric! Votre article est juste et représente ce que pensent une large majorité de Français dont nous faisons partie. Les Israéliens ne connaissent que la menace et le bâton mais les événements politiques au Moyen Orient semblent s’inverser. Tant qu’il s’agit de massacrer des civils avec les bombes et sous le parapluie américain Tsahal paraît invincible mais quand il faut se fritter avec le Hezbollah ou l’Iran c’est une autre histoire, d’autant que les Russes depuis leur base navale en Syrie semblent depuis hier bien décidés a intervenir.
Wait and see!
En 1963, ean Ferrat chantait dans “Nuit et brouillard” ” ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha, Samuel/ Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou/ D’autres ne priaient pas mais qu’importe le ciel /ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux.” Cette chanson, rappelons-le a fait l’objet d’une censure de l’ORTF à l’époque. 60 ans plus tard on ergote dans le cadre imposé par le narratif politico-médiatique sur la nature de l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023. Mais la seule question qui vaille ne serait-elle pas de se demander si les Palestiniens ont vraiment le choix entre vivre à genoux ou mourir debout ?