Belgique : ce second tour d’élections n’est pas un exact copier-coller du scrutin national de juin

Par Isabelle Hock - En date du 10 juin, le Courrier publiait un article synthétisant le résultat du scrutin fédéral, régional du 9 juin 2024. Ce même jour se tenait également les élections fédérales.

Noir : Vlaams Belang ( extrême-droite identitaire ) - Jaune : NVA (parti nationaliste flamand) - Vert : Groen - Bleu : MR (droite libérale) - Turquoise : les Engagés (centre-droit socio-chrétiens) - Rouge : PS au sud, Vorruit au nord

La constitution belge prévoit que les élections municipales (dites communales en Belgique) de même que les élections provinciales (équivalent des Régions en France) se tiennent tous les 6 ans, en octobre.

Quels sont les enseignements à tirer de ces élections ?

Le premier est de taille. En Flandre, p our la première fois depuis l'introduction du suffrage universel plural en 1892, le vote au scrutin communal et provincial n’est plus obligatoire, un décret ayant été voté en 2021 pour dépénaliser la non-présentation au bureau de vote. D’aucuns l’ont dénoncé comme étant une régression démocratique . S’agit-il vraiment d’une régression, toujours est-il que la conséquence, c’est 30 % d’abstention.

Venons-en au fait. Le scrutin du mois de juin avait été marqué par les lignes de force suivante : au nord au pays, confirmation du parti séparatiste NVA dans sa position de premier parti de Flandre, effondrement du parti du premier ministre DE CROO, l’Open VLD (droite libérale), léger repli du Vlaams Belang.

Au sud du pays, soit en Wallonie, un séisme avait eu lieu : les libéraux francophones avaient réalisé, tant au niveau régional que fédéral, une montée spectaculaire (+ 6 sièges), ouvrant la voie à des majorités sans le parti socialiste, grâce à la « remontada » spectaculaire du parti centriste « les Engagés », ex-CDH (démocrates chrétiens). Par contre, le parti écologiste s’effondrait.

Le PS réalisa son plus mauvais score depuis la réforme de l’état de 1980 créant en Belgique les communautés linguistiques et les régions. Le parti des travailleurs belges (PTB, extrême gauche) se renforçait encore pour talonner le PS d’un siège au parlement fédéral.

Tendance globale : réplique de juin

Pas de grande infirmation des élections de juin : les progrès des partis de droite et centre droit - MR et les « Engagés » se confirment au Sud. Au nord, la N-VA à rester leader, et le parti socialiste flamand reprend un peu de couleur, davantage qu’au scrutin fédéral et régional.

Wallonie : le parti centriste progresse davantage que le MR

En comparaison avec le dernier scrutin communal de 2018, les libéraux wallons progressent fortement, mais les centristes ( « les Engagés ») progressent davantage que les libéraux, ouvrant la voie à de nouvelles majorités au niveau des conseils communaux, au détriment du PS.

Le PS résiste dans ses bastions, Ecolo chute moins fortement qu’en juin

Ce scrutin communal était forcément redouté craint par ces deux partis, ayant perdu les élections de juin. L’hémorragie chez Ecolo n’est pas stoppée, mais la perte semble moins prononcée.

Les socialistes résistent eux mieux qu’espéré, déjouant les prognostics fanfarons de la droite et du centre. Ce sauvetage semble s’expliquer par le fait que lePS peut compter sur des bastions forts à l’échelon des villes et des communes - il est en effet majoritaire dans nombre de villes wallonnes durement touchées par la désindustrialisation (Liège, Mons, Charleroi, et bon nombre de villes de taille moyenne où le chômage est très élevé). Cet état de fait a pour conséquence un phénomène de concentration du vote PS dans les grandes villes wallonnes.

« Le PS peut être soulagé. Il était confronté à l’excellente dynamique du MR et des Engagés, et à la concurrence du PTB. Il est probable que des pronostics plus pessimistes avaient été réalisés en interne .»

Toutefois, à Liège, le PS se situe à 29 % des voix, et perd donc un siège au conseil communal, tandis que le MR s’établit à 20 % et ne gagne qu’un siège, ce qui est largement inférieur à ses prétentions affichées. La montée profite au centre droit des Engagés (+3 sièges). L’extrême gauche conserve ses 9 sièges, ce qui est énorme pour un parti extrémiste.

Victoire très relative de l’extrême-gauche (PTB)

Alors que le PTB parle de victoire au soir du 13 octobre, celle-ci n’est valable que par rapport aux élections communales de 2018. En revanche, en comparaison avec les élections de juin, le parti des travailleurs ne parvient pas à rééditer son exploit, où il était passé devant le PS. Ils se disent, et c’est une première, qu’ils sont prêts à monter dans des coalitions.

Quelques surprises à Bruxelles

Globalement, on peut dire que les résultats de juin se confirment, mais ne s’amplifient pas.

La région de Bruxelles est constituée de la Ville de Bruxelles de même que de 19 communes.

Plusieurs communes bruxelloises faisaient l'objet de vives tergiversations. Parmi celles-ci, figurait la tristement célèbre Molenbeek où le PS jouait gros. Les socialistes menés par la bourgmestre Catherine Moureau ont finalement réussi à arriver en tête (23,1%), mais est suivie de près PTB (22,2%). A la troisième position, les libéraux ont réussi à décrocher 17,1% des votes.

A Watermael-Boisfort , un bastion d’ECOLO, la liste MR-Engagés tirée par le libéral David Leisterh a réussi à la majorité en place avec 38% des voix. La liste commune Ecolo-Groen n'atteint que 26,2% des votes et perdra donc le mayorat.

A Anderlecht aussi, bastion socialiste, les libéraux réussissent à s'imposer (27,3% et renvoient le PS (26,8%) à la seconde place.

Du côté de la ville de Bruxelles également, les libéraux ont réalisé une importante progression (+7,3%), même si les socialistes restent en tête (28,1%). Les libéraux sont à la deuxième place avec 21,2%. Derrière eux, le PTB/PVDA totalise 13,4% des voix. Le MR a déjà fait savoir qu'il prendrait la main sur les négociations., et cherche des coalitions tout azimut.

En Flandre, un séisme… limité à une ville

En Flandre, le principal choc est venu de Ninove, petite ville de Flandre orientale où, avec 47,4 %, la liste « Forza Ninove » du Vlaams Belang obtient une majorité absolue de sièges : 18 sur 35, de quoi pouvoir s’emparer du maïorat sans partenaire. C’est une première pour l’extrême droite belge !

Il est à noter que le parquet de Flandre orientale a été informé d’une possible fraude électorale à Ninove et a décidé d’ouvrir une enquête.

A Anvers, le grand gagnant en Flandre du scrutin de juin, Bart De Wever, a gagné son pari : la N-VA (37,2 %) termine loin devant le PVDA, soit l’équivalent flamand du PTB, qui réalise une percée spectaculaire à 20,1 %.

Nombre d’électeurs ne se sont donc pas déplacés : le taux de participation devrait osciller entre 60 et 70 %.

Et après ?

La gauche wallonne prédit 5 ans de malheurs et de larmes aux wallons. La coalition de centre-droit MR-les Engagés a fort opportunément attendu que se passe le scrutin de ce 13 octobre avant de dévoiler son programme détaillé et chiffré.

A l’échelon fédéral, une coalition « Arizona » se dessine, soit NVA, et PS (Vorruit) au nord, accompagnée au sud du cartel « MR-Engagés ». Le formateur du gouvernement nommé par le roi est l’homme fort flamand Bart de Wever. Arrivera-t-il à concilier les positions du MR et des socialistes flamands sur les questions fiscales (notamment, la taxe sur les plus-values boursières) auquel le MR s’oppose farouchement…. Rien n’est moins sûr. On notera que la « note De Wever » prévoit une réduction drastique des dépenses. Quoi qu’il se passe, on sait déjà que les mouvements sociaux seront de grande ampleur…

La Flandre est quoi qu’il en soit déterminée à entamer une 7 ième réforme de l’état belge.

https://www.youtube.com/watch?v=g1WgB-i1Fck

https://player.ausha.co/?showId=00EzrckND7lx&color=%23751CBF&playlist=true&v=3&playerId=ausha-1K6W

Belgique : ce second tour d’élections n’est pas un exact copier-coller du scrutin national de juin

Au Michigan, un Conseil municipal destitué après son soutien à une usine chinoise « liée au PCC »

La gestion politique de l’Allemagne ruine son économie, par Yves-Marie Adeline

Rédaction

La gestion politique de l’Allemagne ruine son économie, par Yves-Marie Adeline

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Articles recommandés

Interdire aux fonctionnaires suspendus de travailler ailleurs est absolument illégal. Voici pourquoi !

Les délires budgétaires macronistes que vous avez manqués cet été

Articles populaires

Ukraine: le Pentagone et le Kremlin se sont-ils mis d’accord sur la cible des missiles ATACMS?

Comment la caste nous manipule pour nous avachir… et comment réagir ?

Merci Macron! La France est désormais officiellement une cible des missiles hypersoniques russes!

Les indices sur une fraude hyper-massive de Biden en 2020 deviennent écrasants

Macron peut-t-il recourir à l’article 16 en cas de censure du gouvernement la semaine prochaine ?

Boutique

Besoin d’aide ?

Informations

Bienvenue !

Créer un compte

Mot de passe oublié

Are you sure want to unlock this post?

Êtes-vous sûr de vouloir annuler votre abonnement ?

Belgique : ce second tour d’élections n’est pas un exact copier-coller du scrutin national de juin

Par Isabelle Hock – En date du 10 juin, le Courrier publiait un article synthétisant le résultat du scrutin fédéral, régional du 9 juin 2024. Ce même jour se tenait également les élections fédérales.

Ce contenu est réservé aux abonnés

S'abonner

Acheter l'article

Au Michigan, un Conseil municipal destitué après son soutien à une usine chinoise « liée au PCC »

La gestion politique de l’Allemagne ruine son économie, par Yves-Marie Adeline

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Articles recommandés

Articles populaires

Boutique

Besoin d’aide ?

Informations

Bienvenue !

Créer un compte

Mot de passe oublié

Are you sure want to unlock this post?

Êtes-vous sûr de vouloir annuler votre abonnement ?