Par Isabelle HOCK – L’échéance du 5 novembre approchant, le Courier ne pouvait faire l’économie d’un portrait de Scott BESSENT, qui est l’homme qui monte dans l’entourage de TRUMP. Il est même cité comme possible secrétaire au Trésor américain si ce dernier devait remporter l’élection. Or Bessent vient de chez Soros. Trump s’est-il rallié au mondialisme, bernant ses électeurs? Ou bien est-ce un signe qu’une partie de l’élite américaine se rallie au président populiste?
La curiosité ne fait que grandir lorsque l’on sait que ce brillant financier a été un proche de Georges SOROS pendant près de 15 ans, et a été le stratège derrière certains de ses coups les plus fumants.
Son parcours professionnel
Scott BESSENT, 62 ans, a fait ses débuts dans le secteur financier dans les années 1980. Il est particulièrement connu pour avoir été le directeur des investissements chez SOROS FUND MANAGEMENT, le fonds spéculatif de George Soros, qui l’a recruté en 1984.
Durant son temps avec Soros, BESSENT a aidé à gérer des investissements de plusieurs milliards de dollars et a contribué à façonner des stratégies d’investissement de grande envergure. Il a notamment occupé ce poste clé durant une période de temps cruciale, après le crash financier de 2001, et ses décisions d’investissement ont eu un impact significatif sur la performance du fond.
En 2015, il quitte SOROS gratifié d’une prime de $ 2 milliards pour fonder son propre fonds spéculatif, appelé KEY SQUARE CAPITAL MANAGEMENT. Le lancement de ce fonds a été l’un des plus remarqués de cette période, avec plus de4,5 milliards de dollarsde capitaux sous gestion dès le départ.
Le fonds est réputé pour son approche macroéconomique, prenant en compte des tendances économiques mondiales afin de prendre des positions d’investissement dans divers marchés et actifs. Il se concentre sur des classes d’actifs diversifiées, allant des actions et obligations aux devises et matières premières.
Son style d’investissement est influencé par les méthodologies et perspectives acquises chez SOROS FUND MANAGEMENT, mais avec une touche personnelle axée sur l’anticipation des évolutions économiques globales. Il demeure cependant assez peu connu du grand public.
BESSENT, un allié à priori improbable de TRUMP
« L’un des hommes les plus brillants de Wall Street. », « Respecté par tout le monde»
C’est ainsi que l’ancien président Donald Trump a récemment décrit Scott BESSENT, lors d’un meeting en Caroline du Nord, au cours duquel TRUMP n’a pas hésité à le qualifier en tant qu’« un des meilleurs analystes de Wall Street ».
BESSENT a attiré l’attention de l’ancien président en 2023 lorsqu’il a publiquement soutenu M. Trump alors que nombre de ses pairs du monde de la finance étaient encore en train de se rallier à Nikki Haley.
Il semble que BESSENT ait décidé de se lancer à corps perdu lorsqu’il a constaté que les procès intentés à M. Trump renforçaient sa cote de popularité, au lieu de lui nuire. Il a expliqué que ce phénomène lui faisait penser à une action qui monte malgré les mauvaises nouvelles, un signe haussier pour certains investisseurs.
Depuis le début de la campagne, Scott BESSENT est le conseiller économique attitré de M. TRUMP. Il transmet aux responsables de la campagne des cartes contenant des données économiques et des messages auxquels M. Trump fait référence lors de ses interventions.
Il a rendu visite à TRUMP au début de l’année dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, où ils ont discuté de la manière dont M. Trump pourrait transformer ses idées en politiques.
BESSENT est également ami avec le sénateur JD Vance (Républicain, Ohio) et a été l’un des rares à Wall Street à plaider pour que Trump choisisse Vance comme colistier.
Du Sud à Soros : une success-story à l’américaine
M. BESSENT a grandi dans une petite ville de Caroline du Sud. Son père fit faillite à cause de mauvais investissements immobiliers. L’échec de son père, comme le raconte BESSENTdans ses discours publics, a ébranlé la famille et l’a contraint à trouver son premier emploi d’été à l’âge de 9 ans.
BESSENT, qui est homosexuel, a un temps envisagé d’entrer à l’Académie navale des États-Unis, mais n’a pas voulu mentir sur sa sexualité. Au lieu de cela, il s’est fait admettre à l’université de Yale et s’est lancé dans l’investissement après avoir rencontré James ROGERS, le premier associé de Soros, avec qui il a travaillé.
En 1991, il rejoint le SOROS FUND MANAGEMENT. Il a été l’une des chevilles ouvrières de l’énorme pari du Fonds sur l’effondrement de la livre sterling, après avoir repéré une faiblesse marquée du marché immobilier britannique. Ce pari a rapporté à la société plus d’un milliard de dollars en 1992.
Scott BESSENT a été directeur des investissements de SOROS de 2011 à 2015 et a dirigé la société pendant un certain temps. Il s’est à nouveau distingué, en 2013, en réussissant un pari contre le yen japonais.
En 2015, il quitte donc son poste pour lancer KEY SQUARE INVESTMENT, qui se spécialise dans le macro-investissement, c’est-à-dire la prévision des mouvements du marché à grande échelle à l’aide d’informations économiques et géopolitiques.
Comment s’est-il rapproché de TRUMP ?
SiScott BESSENT est très respecté à Wall Street, il n’a pas la notoriété de poids lourds de la finance tels que le président-directeur général de JPMorgan, Jamie DIMON, ce qui semble rassurerTRUMP, qui craint que ses collaborateurs ne lui volent la vedette.
Scott BESSENT « reprend les objectifs du président Trump et aide à les traduire en politique publique », a déclaré Jason MILLER, conseiller principal de la campagne de TRUMP. M. Miller a ajouté que le financier avait également aidé la campagne à collecter des fonds.
Paradoxalement, l’association passée de BESSENT avec SOROS est positive pour Trump, qui est impressionné par les milliards que SOROS a gagné sur les marchés financiers et demande parfois comment c’était de travailler pour SOROS. Il se dit qu’il n’a plus parlé avec SOROS depuis de nombreuses années.
BESSENT n’était pas d’accord avec une grande partie du travail effectué par l’organisation à but non lucratif de SOROS, l’Open Society Foundation, mais il ne voyait pas de conflit à travailler pour lui. En 2014, cependant, lorsque certaines personnes de la fondation ont voulu empêcher le fonds d’investir dans des entreprises faisant des affaires en Israël, BESSENT est allé voir Soros et l’a menacé de démissionner. L’idée a été rapidement abandonnée.
Au fil des ans, Scott BESSENT a surtout soutenu des candidats républicains, faisant don de plus de 15 millions de dollars, mais il a également aidé certains démocrates. Il a organisé une collecte de fonds pour la campagne présidentielle d’Al GORE en 2000 mais fit cette année-là également un don au sénateur républicain de l’Arizona John McCain.
En 2016, BESSENT n’a pas hésité à partager son opinion selon laquelle les chances de Trump étaient sous-estimées. Après la victoire de Trump, BESSENT a gagné gros en pariant sur un rallye boursier, et a ensuite donné un million de dollars au comité d’investiture de Trump.
Si TRUMP est fan de lui, c’est en partie parce que BESSENT n’a pas hésité à faire des prédictions publiques sur la façon dont l’économie américaine se porterait si TRUMP gagnait. Faisant référence aux « cygnes noirs » qui font bouger les marchés de manière inattendue, il a qualifié Trump de « cygne orange ».
Il n’a pas hésité non plus à dire à quel point il pensait que les conséquences seraient désastreuses si la vice-présidente Kamala HARRIS remportait l’élection.
« Kamala HARRIS commencera par un krach boursier »
a averti M. BESSENT lorsqu’il est monté sur scène lors du rassemblement de TRUMP en Caroline du Nord. « Ensuite, ce sera le krach de Kamala dans l’économie. ».
Scott BESSENT s’est montré désireux de défendre les politiques économiques proposées par TRUMP, même dans des environnements potentiellement hostiles. Au début du mois, lors d’une conférence organisée par la publication financière Grant’s, il a plaidé en faveur de droits de douane et d’interventions « soigneusement calibrées » pour « réorienter le système économique international afin qu’il réponde mieux aux besoins » des Américains.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
Des paris sur le yen, sur la livre sterling, des investissements en Israel. Donations tant aux républicains qu’aux démocrates… 😏
Un requin finalement , qui construit sa fortune sur la misère des autres, le tout enveloppé hypocritement sous le terme “la vision macro des tendances économiques globales” . Pas d’illusions à se faire du côté du peuple.