Dans l’ordre des injonctions paradoxales (ce qu’on peut appeler les larmes de crocodile) et mythologiques de la caste, la question de la smicardisation de la France tient une place éminente. Et c’est bien vrai que, de coups de pouce en revalorisations, le SMIC a fini par rattraper la plupart des salaires français jusqu’à produire un sentiment de déclassement très répandu. Dans les faits, 40% des Français gagnent moins de 2.000€ nets par mois. Pratiquement 2 Français sur 3 gagnent moins de 2.500€ par mois nets. La caste adore faire croire que cet écrasement des Français par le bas lui fait horreur. Pourtant, caste de droite comme caste de gauche s’entendent pour continuer cette douloureuse torsion qui déprime le pays. La preuve : les amendements portés par le Sénat à la réforme des allègements de charge proposée par le gouvernement.
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Réglons d’abord un problème de sémantique. C’est par abus de langage qu’on parle d’allègement de charges… l’expression précise, s’agissant de la réforme proposée par le gouvernement en loi de financement de la sécurité sociale est « allègement de cotisations patronales ». C’est une invention très française, qui date des années 90 et de « l’incompressibilité » du chômage de masse.
Dans les faits, au fur et à mesure que les gouvernements ont empilé les nouvelles « protections » et les nouveaux « droits » depuis Giscard, et surtout sous Mitterrand, le poids des cotisations sociales est devenu écrasant. Il explique sans doute le décrochage progressif du salaire moyen en France par rapport aux autres pays industrialisés, et ce sentiment diffus d’une réduction du salariat à l’esclavage.
Personne n’a jamais osé dire aux salariés le vrai prix à payer pour cette conquête permanente de nouveaux droits et de nouvelles protections : elle provoque le chômage de longue durée en excluant progressivement les salariés les moins productifs et les moins qualifiés. Le renchérissement colossal du coût du travail a rendu les employeurs exigeants : ils en veulent pour leur argent, et ne se hasardent plus à recruter des salariés fragiles ou « risqués » qui pourraient leur coûter plus cher qu’ils ne rapportent.
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Merci Eric pour ces précisions qu’il n’est pas forcément facile de percevoir quand on n’a pas la connaissance fine de ces mécanismes salariaux.