Que la lutte des castes sévisse dans le débat politique ne fait plus guère de doute. Nous l’évoquions ce matin : les élus sont prêts à imposer tous les sacrifices possibles aux électeurs et aux contribuables pour éviter toute forme d’effort significatif à la bureaucratie qui leur sert à gouverner. Mais la situation est-elle plus saine dans les organisations syndicales, supposées représenter les salariés dans la défense de leurs conditions de travail ? On peut avoir quelques doutes… Les conflits en cours dans l’agriculture et dans l’industrie en donnent chaque jour de nouvelles preuves : entre la base et le sommet, des galaxies séparent les uns et les autres.
La grande force du gaullisme, en son temps, nous l’avons trop oublié, fut de zombifier le syndicalisme à force d’institutions corporatistes nourries au lait de cette fameuse présomption irréfragable de représentativité, qui permettait à un syndicat représentant quelques pourcents de salariés de signer des accords obligatoires au nez et à la barde des majoritaires. Si cette présomption irréfragable fut (imparfaitement) supprimée en 2008, le ver est resté dans le fruit : les syndicats continuent à fonctionner avec des distances intersidérales entre la base, préoccupée par la défense de ses intérêts immédiats, et le sommet, obsédé par la défense de « l’appareil » envers et contre tout.
Lutte des castes dans l’agriculture
J’ai déjà eu l’occasion d’ironiser à propos de la « grogne » paysanne organisée par la FNSEA en parfaite entente avec le gouvernement pour protester contre le MERCOSUR. Au premier semestre, nous avions déjà rappelé que la FNSEA était une grande machine bureaucratique, largement subventionnée par l’État et chargée de co-gérer l’agriculture avec les grandes coopératives et le gouvernement.
Dans cet univers corporatiste à l’ancienne, il n’y a évidemment pas de place pour le petit producteur indépendant, supposé obéir sans broncher. Les puissants décident, les petits courbent l’échine.
La réforme de 2008 sur la représentativité syndicale a évidemment rendu plus compliqué l’exercice autoritaire à l’ancienne. Le fait que la représentativité syndicale soit désormais mesurée à partir d’élections érode les vieux appareils verticaux comme la FNSEA, même si la loi accorde encore à ces organisations des privilèges à l’ancienne qui leur permettent de durer artificiellement.
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« largement subventionnée par l’État », voilà le problème principal…
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