L’Australie est devenue le premier pays à adopter une loi interdisant l’accès des adolescents aux réseaux sociaux sans vérification de leur âge. Prévue pour entrer en vigueur à la fin de 2025, cette législation impose aux plateformes comme Instagram, TikTok, X (anciennement Twitter), et Snapchat de mettre en place des mesures pour limiter l’accès des moins de 16 ans. Toutefois, son application soulève de nombreux défis technologiques, éthiques et pratiques. Un essai pilote impliquant 1 200 Australiens, mené par l’entreprise KJR sous la supervision de la société britannique Age Check, testera différentes technologies de vérification de l’âge pour recommander des solutions d’ici la mi-2025. Les réseaux sociaux et les algorithmes de recommandation influencent énormément ce que les jeunes consomment en ligne. Cela peut amplifier certains discours tout en en occultant d’autres. De nouveau, les plateformes Big Tech et les médias subventionnés pourront orienter (délibérément ?) le discours officiel.
L’Australie vient d’adopter la première loi nationale interdisant l’accès des adolescents aux médias sociaux. Le gouvernement du pays a recruté des testeurs de logiciels afin de trouver les moyens de la faire respecter. Ayant travaillé sur des contrats de défense et d’élections, ils doivent désormais utiliser leur expérience pour guider une étude sur la technologie de vérification de l’âge.
Une étude sur la technologie de vérification de l’âge
L’Australie a récemment adopté la loi qui interdit l’utilisation des médias sociaux par les adolescents. Elle devrait désormais trouver les moyens de l’appliquer. Le gouvernement australien a alors décidé de lancer une étude sur la technologie de vérification de l’âge. Elle permettra aux législateurs et aux plateformes technologiques du monde entier de trouver la solution pour restreindre l’âge d’accès aux réseaux sociaux.
Pour mener à bien cette étude, le gouvernement australien a fait appel à des testeurs de logiciels. Notons que c’est l’un des plus grands essais jamais réalisés dans le monde. Il se déroule au moment où l’inquiétude sur la santé mentale des jeunes et la collecte de données s’intensifie.
Environ 1.200 Australiens, sélectionnés au hasard entre janvier et mars vont prendre part à l’étude. Elle sera dirigée par le directeur général de l’entreprise technologique KJR, Andrew Hammond. « Nous sommes tous parents d’enfants d’âges différents et nous sommes conscients de tous les petits trucs que font les enfants », a-t-il déclaré. Mr Hammond a ajouté que « les enfants sont très débrouillards, nous garderont les yeux et les oreilles ouverts ». Notons que la dernière mission de son entreprise était de vérifier les logiciels de déploiement des troupes australiennes en Afghanistan.
12 entreprises technologiques vont prendre part à cet essai lancé en Australie. L’Age Check Certification Scheme, un cabinet de conseil britannique, va assurer la supervision des travaux. Les testeurs de logiciels ont demandé à certains participants à l’étude d’utiliser les filtres d’ajustement de l’apparence afin de tromper la technologie et de tester son efficacité.
Des solutions technologiques en cours d’évaluation
Les options envisagées pour vérifier l’âge incluent :
- Analyse biométrique des selfies vidéo, suivie de leur suppression immédiate ;
- Vérification d’identifiants officiels via un fournisseur tiers qui envoie un jeton anonyme aux plateformes ;
- Recoupement d’adresses e-mail avec d’autres comptes.
Cependant, ces solutions doivent respecter des critères stricts d’exactitude, de confidentialité. Des technologies comme celle de Yoti, partenaire de Meta, utilisent la reconnaissance faciale pour estimer l’âge des utilisateurs. Si cette méthode affiche une précision impressionnante, elle reste controversée, notamment pour les jeunes sans documents officiels tels que permis de conduire ou carte d’identité.
Les exigences mentionnées dans la nouvelle loi australienne
Selon la nouvelle législation, les plateformes de médias sociaux incluant Facebook, Instagram, Tik Tok, Snapchat et le X d’Elon Musk doivent montrer qu’ils adoptent des mesures raisonnables pour bloquer les utilisateurs de moins de 16 ans à compter de fin 2025. Dans le cas contraire, elles devront payer une amende, dont le montant peut atteindre 49,5 millions de dollars australiens, soit environ 32 millions de dollars américains. Notons que cette règle ne concerne pas Google et You Tube. Ces plateformes sont devenues des outils incontournables des salles de classe.
La loi australienne ne donne pas des précisions sur les mesures raisonnables attendues. En réalité, tout dépend de l’essai réalisé par les 12 entreprises technologiques recrutées. Notons que l’Age Check Certification Scheme devrait donner des recommandations vers la mi-2025. Mais il y a différentes options possibles. On cite entre autres l’estimation de l’âge via l’analyse biométrique du selfie vidéo de l’utilisateur, la vérification de l’âge par les documents d’identification que l’utilisateur télécharge auprès d’un fournisseur tiers qui envoie un « jeton » de confirmation anonyme à la plateforme et l’interférence de l’âge par la vérification de l’adresse e-mail de l’utilisateur avec d’autres comptes.
Ce projet australien est scruté par le monde entier. Les législateurs espèrent que son succès inspirera d’autres pays à renforcer les contrôles d’âge sur Internet. Julie Dawson, responsable de la politique et de la réglementation chez la société de vérification de l’âge Yoti a indiqué que « cette approche adoptée par le gouvernement australien pourrait influencer la manière dont d’autres pays abordent les vérifications d’âge en ligne pour le contenu des médias sociaux ».
Risques pour la vie privée et la liberté numérique
Toutefois, cette initiative suscite des critiques. Certains dénoncent une possible dérive vers la collecte massive de données personnelles. Elon Musk, propriétaire de X, a qualifié cette loi de « voie vers un contrôle généralisé de l’accès à Internet. »
Seems like a backdoor way to control access to the Internet by all Australians https://t.co/694yCzWOaB
— Elon Musk (@elonmusk) November 21, 2024
Notons en effet que plusieurs pays européens et Etats américains ont voulu limiter l’âge minimum pour les réseaux sociaux, mais ils n’ont élaboré aucun régime d’application. En France, Emmanuel Macron s’est déjà positionné en faveur de l’instauration de restrictions similaires pour les mineurs . Mais les problèmes juridiques liés à la liberté d’expression et à la préservation de la vie privée constituaient un blocage majeur. Un digital ID imposé à l’ensemble des utilisateurs en ligne soulève des questions cruciales :
- Comment garantir la protection des données collectées ?
- Quels seront les mécanismes de contrôle pour éviter les abus gouvernementaux ou privés ?
- Quelles garanties offrir contre la surveillance de masse ?
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