Hugo décrypte… le canal de la propagande normy pour avachir la jeunesse

Hugo décrypte… le canal de la propagande normy pour avachir la jeunesse


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Tout le monde connaît le formidable succès d’Hugo Travers, alias Hugo décrypte, qui a inventé un format d’actualités pour « les jeunes », diffusé sur les réseaux sociaux. Ce format cultive volontairement la pauvreté intellectuelle et participe glorieusement et méticuleusement à l’abêtissement et à l’endoctrinement de toute une génération. Avec l’affaire Brigitte, Hugo décrypte montre l’enjeu de son engagement : soutenir le pouvoir en place et normifier méthodiquement toute une génération décérébrée par la destruction de l’Education Nationale.

@hugodecrypte

En France, 2 femmes ont été condamnées en 2024 par la justice pour avoir relayé une théorie transphobe autour de Brigitte Macron.  ♬ Beat – beaty

Dans le monde d’Hugo décrypte, les réseaux sociaux ne servent pas à informer, mais à endoctriner, en mode Union Soviétique quelques années avant la perestroika. On fait semblant de vivre au paradis du socialisme et maintient le mythe que le monde extérieur est une menace et un vieil appareil électroménager au bord de l’implosion. Alors que le jeune Hugo, qui a tout de même fait Sciences Po, pourrait utiliser les réseaux sociaux pour éveiller les consciences de sa génération, sa profession sert à l’inverse : il éteint les lumières avec une efficacité proche de l’horlogerie helvétique.

Hugo utilise avec talent l’impatience de ses contemporains pour leur servir un prêt à répéter extrêmement efficace : il dispose de quelques minutes, voire de quelques secondes, pour délivrer les mots clefs à retenir sur n’importe quel sujet d’actualité. Et en regardant sa capsule sur Candace Owens, dont nous parlons régulièrement dans un souci d’éclairer le public, on comprend que ces mots clefs sont en fait les éléments de langage fournis par directement par l’Elysée.

Pourquoi se fatiguer à informer quand on peut obéir au Président ?

Donc, Candace Owens est une menteuse pro-Trump, qui propage des rumeurs transphobes sur Brigitte Macron (mais on ne dira pas lesquelles, le mot-clé est placé, pas besoin d’argumenter ni d’étayer ses dires), mais aussi s’oppose au mouvement Black Lives Matter (donc, quoique noire, elle doit être raciste), elle critique le droit à l’avortement (dont elle est anti-féministe), et MeToo aussi. Elle est climatosceptique et pense que les Américains ne sont pas allés sur la lune. La cliente parfaite pour Conspiracy Watch ! tout cela est asséné en 41 secondes.

Pas mal, le boulot de propagande !

Pendant une minute, on a ensuite droit aux éléments de langage de l’Elysée sur Brigitte : Candace Owens est une complotiste transphobe (pour ceux qui avaient manqué la première édition), dont la chaîne Hugo décrypte affirme qu’elle n’a aucun argument solide. Il paraît même que Candace Owens s’expose à des poursuites judiciaires, comme deux femmes déjà condamnées pour avoir fait courir des rumeurs transphobes.

On aurait aimé que Hugo nous explique en quoi ces condamnations portait sur des rumeurs transphobes. Mais qu’importent les nuances : on a les éléments de langage qu’on peut répéter sans vérifier. Tel est le brillant journalisme moderne.


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