l’Amérique a une relation très spéciale avec la guerre, et qui n’a rien à voir avec la stratégie mais tout avec le marxisme culturel, rien avec Clausewitz mais tout avec Freud, Reich, Jung, Masters & Johnson. L’idée est ici d’en identifier les mécanismes pathologiques les plus frappants
Partie I - Impasse militaire et usure en Ukraine: comment l'Etat profond américain s'enrichit lorsque les guerres durent
Les Russes laissent pourrir le conflit,…
Il n’y a pas eu de course à la mer, mais comme en 14, le conflit ukrainien paraît bien tourner à la guerre d’usure, c’est à dire une sorte de blocage stratégique entre les deux protagonistes, et qui n’en sont plus alors qu’à « empiler » plus de capacités de combats que l’autre de part et d’autre d’une zone de confrontation globalement fixe. Pour autant et au delà des apparences, la situation n’est en fait nullement équilibrée entre eux et les causes de blocage complètement différentes.
Vu du terrain, en fait les Russes ont plutôt intérêt à laisser pourrir en poursuivant inexorablement la mort énergétique de l’autre, ce qui signera sa défaite ou son sacrifice vu l’état d’esprit qui règne à Kiev et à Washington. Globalement, l’infrastructure énergétique est à 50 % hors d’état de fonctionner avec une situation très variable selon la zone, mais à un tel stade, pas au point d’interdire le transport ferroviaire qu’il est crucial d’interdire.
Par ailleurs, chercher à occuper un tant soit peu le terrain adverse comme tendent à le suggérer certains tacticiens d’opérette ne serait qu’une vaste erreur au vu de l’ambiance du style « Allemagne 1945 » qui règne en Ukraine.
…les Ukrainiens cherchent en vain une issue…
Si les Russes en restent là, que peuvent faire les Ukrainiens ? En fait pas grand-chose sinon de protéger « au mieux » ce qui reste de l’infrastructure énergétique, ce qui signifie alors toujours plus de moyens anti-aériens à fournir par les Occidentaux en même temps que leur dispersion sur un territoire trop vaste, entraînant inéluctablement leur destruction certaine au fur et à mesure de leur déploiement d’une part, mais celle aussi des objectifs militaires vitaux devenus sans défense.
L’autre réaction est de poursuivre les actions terroristes dans la profondeur du territoire russe lui-même, ce qui à part alimenter une propagande déjà enragée n’a aucun impact stratégique sinon de souder l’opinion russe et de forcer un peu le renseignement/action russe à faire ( enfin ) son boulot le cas échéant … Donc l’usure ne joue objectivement que dans un seul sens, surtout si les Russes en profitent pour combler les lacunes techniques ou tactiques constatées dans leur dispositif.
…et les Américains font toujours la même chose!
Que peuvent alors faire les Américains dans cette situation ? En fait strictement rien sinon « toujours la même chose ».
Disons d’abord que sous cet aspect, il ne sera jamais question d’engager directement l’armée US et encore moins leurs supplétifs de l’Otan. Donc pas d’article V et pour tout un tas de raisons dont la moindre n’est pas le fait, qu’en l’état, l’armée américaine est aujourd’hui « confrontée aux pires conditions de recrutement jamais vues en termes de personnes physiquement et mentalement incapables de terminer la formation de base. Le Pentagone estime lui-même que 77% des jeunes Américains sont inaptes au recrutement sans dérogation pour obésité, consommation de drogue et problèmes de santé mentale. Cela signifie que la génération Z est si inapte physiquement et mentalement en cas de guerre que près de 80% d’entre eux seraient effacés de l’existence ».
Pire encore s’agissant de la jeunesse américaine. Tout d’abord, le mandat covid stupidement appliqué par le Pentagone a chassé de l’armée les volontaires patriotes les plus motivés, ce qui s’ajoute « à la propagation de l’idéologie de gauche parmi 63% des Américains âgés de 18 à 29 ans selon les sondages », laquelle « a créé un vide de survie, autrement dit une génération de faibles mentaux » Ce sont les Américains eux-mêmes qui le disent et il n’y a pas lieu de croire que la jeunesse européenne ne soit pas dans le même état.
Il faut comprendre que le niveau d’aguerrissement extrême atteint dans les combats en Ukraine n’est soutenable manifestement que pour les Russes et des Ukrainiens. Aucune unité occidentale ne peut revendiquer un tel niveau, ce qui signifie qu’en cas d’engagement elle serait immédiatement massacrée. Or le Pentagone ne supportera jamais une vraie défaite militaire surtout face à l’opinion mondiale. Par conséquent, il n’en prendra pas le risque. Son patron, le général Milley, l’a déjà fait comprendre à maintes reprises, en particulier en ramenant rapidement à la raison les quelques guignols égarés qui on cru pouvoir forcer un tel engagement avec une sombre histoire de missile « errant » et soit disant russe tombé en Pologne.
A première vue, les Américains vont plus parler de la guerre que la faire…
Première conclusion pas inintéressante, les « excités » sont parfaitement tenus par Washington qui ne veut pas se faire embarquer dans une aventure sans l’avoir voulue. Seconde conclusion : hormis du mercenaire et du terroriste, ce qui est plutôt le boulot de la CIA, il n’y aura pas de bottes américaines sur le terrain.
Les Américains sont donc forcés de faire autrement et, s’agissant d’option militaire, la seule théoriquement envisageable est … l’option nucléaire. Mais dans ce cas également, l’Amérique est plutôt « mal barrée». Tout d’abord, son armement nucléaire est pour une part non négligeable complètement obsolète avec des trajectoires de vol complètement « stupides » car totalement prévisibles. Pire, les US ont loupé le virage de l’hyper-vélocité ce qui rend leur attaque inapte à percer les défenses anti-missiles. Mais il y a pire avec la triade nucléaire russe « Sarmat – Yars – Zircon ». Si coutumièrement les US font les beaux devant l’armement nucléaire russe, ça ne trompe personne d’important sur le dossier que celui-ci les effraie réellement.
Par conséquent on pourrait à ce stade écarter l’option nucléaire des options stratégiques US. Sauf que l’Amérique est stratégiquement devenue un acteur fou, c’est à dire parfaitement imperméable à la raison. Comment cela se traduit-il ? On fera d’abord remarquer que l’état physique et mental du président américain amène forcément à s’interroger sur le fait de savoir s’il détient réellement les clés de l’arme nucléaire.
La réponse est évidemment non car sinon on l’aurait déjà « éliminé ». Mais l’autre raison qui justifie cette réponse est bien que les États-Unis, comme tous les pays occidentaux, ne sont absolument plus un État souverain, c’est à dire disposant de son autonomie de décision. Il est devenu comme on le sait même si les médias interdisent de le dire le cheval de Troie de son « Deep state ».
…mais personne ne maîtrise les interactions et rivalités entre composantes de “l’Etat profond”
Il n’est pas lieu ici de s’appesantir sur cet État profond, mais simplement de le décrire sommairement comme un agrégat de factions de nature capitalistique utilisant la politique étrangère US pour imposer leur hegemon au reste du monde, et a minima ne pas le laisser réduire par la montée en puissance justement de nations comme la Chine, la Russie et bien d’autres. Parmi ces factions il en est qui sont, de plus, animées par des idéologies très particulières dont l’une vise fanatiquement la désintégration totale de la Russie, comme celle-ci le déclare elle-même.
En toute ignorance de savoir qui détient les clés du nucléaire américain, la stratégie élémentaire impose dès lors de considérer comme une menace majeure le fait que ces clés soient possiblement détenues par une de ces factions dont il faut rappeler qu’elles sont incontrôlables, politiquement et juridiquement irresponsables, et que par ailleurs elles ont organisé avec succès jusqu’à présent le fait d’être inconnues du grand public, en particulier américain.
Conclusion, l’option nucléaire américaine reste sur la table et doit dont être traitée comme tel par les autres puissances nucléaires. Voilà qui alourdit significativement le dossier.
La culture de la “guerre perpétuelle”
Toutefois, le fait même qu’il existe plusieurs factions neutralise pour l’instant cette option. En effet, celles-ci ont d’autres objectifs que celui de jouer au docteur Folamour, et qui est tout simplement celui de s’enrichir toujours plus sur le dos du reste du monde. Et pour elles, il n’y a rien de mieux pour l’obtenir que la guerre éternelle à l’américaine.
Souvenons nous qu’en août 2021 l’Armée US quitte – piteusement – l’Afghanistan après 20 années de guerre et juste avant d’être officiellement vaincue. On estime que cette guerre a coûté au moins 2000 milliards aux contribuables américains de même qu’on est pas en mesure d’estimer combien de milliers de milliards de dollars elle a en plus généré sous forme de butin au profit de cet État profond et de ses affidés.
Depuis que l’Amérique s’est volontairement désindustrialisée pour se vautrer dans l’économie de service, la guerre est devenue le seul secteur marchand américain qui fonctionne encore. La guerre en Afghanistan ayant pris fin et sa manne avec, il devenait donc par conséquent urgent de relancer une nouvelle guerre, et ce fut l’Ukraine.
Simplement suffit-il pour s’en convaincre d’évoquer les sommes colossales que déjà elle a brassées :
Financement américain pour la guerre en Ukraine en 9 mois
Mars : 13,6 milliards de dollars Mai : 40 milliards de dollars Nov : 37,7 milliards de dollars : la nouvelle demande de Biden
Ces 91,3 milliards de dollars représentent 33 milliards de plus que les dépenses militaires totales de la Russie pour l’année, mais aussi le double des dépenses annuelles moyennes des États-Unis pour leur propre guerre en Afghanistan.
Mais ce n’est pas tout. À l’occasion du vote du nouveau budget militaire américain par le Congrès, il est prévu une allocation exceptionnelle de 45 milliards de $ pour l’Ukraine, ce qui pourtant n’a pas eu l’heur de plaire au président ukrainien qui manifestement veut beaucoup plus !
Une guerre bien “juteuse” pour le complexe militaro-financier américain
L’autre aspect de cette guerre est que les États-Unis ont forcé les pays de l’Union européenne à y participer au travers de contributions financières et d’armement, mais aussi en adoptant des sanctions contre la Russie.
Or le groupe financier américain Blomberg a estimé que cette guerre a déjà entraîné la perte de 1000 milliard de dollars futurs qui seront au moins d’une même ampleur pour les 27 pays européens, rien qu’à cause de l’embargo sur les seules exportations russes. Et ceci sans tenir compte des pertes
On constate donc d’abord que cette guerre promet d’être tout particulièrement juteuse pour l’État profond américain, qui de ce fait fera tout ce qui est en son pouvoir pour la faire durer.
On constate aussi le degré de mystification qu’elle suppose en direction des opinions avec des histoires d’Ukrainiens et de Russes que ne sont en fait que de l’ordre du prétextuel !
Elle comporte aussi un élément nouveau qui est l’implication forcée de l’Europe au point de mettre en danger son économie, ce qui nécessairement pose le problème du point de rupture des populations européennes.
Mais c’est surtout dans le choix de la Russie comme ennemi direct que l’Amérique vient bien de commettre l’erreur stratégique mortelle qui conduira inéluctablement à l’effacement de sa puissance, voire pire.
Lss americains ont la culture de la guerre…chez les autres.
C’est chez eux qu’il faut la déplacer.
Please, ne croyez pas que le peuple américain est demandeur et bénéficiaire de ces aventures de merdes, mais comme il est précisé dans le texte, l’état profond et le complexe militaro-industriel qui sont eux même infiltrés par on ne sait quoi et peu importe l’endroit ou se déroulera la guerre, considérez qu’il sera toujours bien à l’abri quelquepart on ne sait ou.
Comme toujours il convient d’être vigilant sur les mots afin de ne pas ajouter à la confusion et l’agravation de l’affaire déjà bien complexe.
Quel plaisir de retrouver Alexandre N !
“l’État profond américain, qui de ce fait fera tout ce qui est en son pouvoir pour la faire durer (la guerre)”
D’où une montée en puissance mesurée. La Russie mobilise ? On envoie un système Patriot (un seul) et toujours pas de chars Abrams ou de roquettes longue porté pour les Himars. L’escalade est sous contrôle.
Concernant le ridicule de n’envoyer qu’une seule batterie Patriot, il faut dire que le coût d’une seule pièce est de 1 milliard de dollars, oui, vous avez bien lu, 1 Mds$. Le coût des armements américains est si délirant que cela a un côté grotesque. Il faut voir aussi que le Patriot est critiqué par un certain nombre de gens qui pointent sa supposée (je ne suis pas expert en la matière) inefficacité et le fait qu’il s’agit d’un matériel qui date de la fin des années 70, tandis que de leur côté les Russes disposent de matériels du même type dernier cri.
Peut-être que les Américains ne veulent pas qu’un déploiement trop massif ne mette en lumière leur piètre qualité au moment où ils cherchent justement à en fourguer aux zéropéens. Avec un si faible nombre ils pourront toujours dire que le problème est quantitatif et non qualitatif.
Ce que vous dites sur l’enrichissement comme une cause de la prolongation de la guerre rejoint ce que dit François Martin, mais lui met l’accent sur l’enrichissement par corruption des élites ukrainiennes. L’argent est bien une des clés de ce conflit.
Dans la ventilation du paquet de 37 Mds $ j’avais retenu que seuls 8 Mds $ allaient servir à payer de l’armement pour l’Ukraine. Tout le reste était alloué aux entreprises d’armement US pour accompagner leur montée en puissance, au Congrès, aux différents ministères américains concernés, à divers intermédiaires, etc…
Avec une telle dispersion pas étonnant que la Russie, pourtant considéré comme un pays corrompu, arrive à faire face avec un budget militaire annuel de 58 Mds $…
“Le Pentagone estime lui-même que 77% des jeunes Américains sont inaptes au recrutement sans dérogation pour obésité, consommation de drogue et problèmes de santé mentale.”
Voilà résumé en une phrase la dégénérescence la déliquescence de cette idéologie mondialiste mortifaire et parasitaire avec en tête de Google les amerloques ! L’hégémonie us et ses caniches vont être engloutis dans les fosses de l’histoire ou d’un seul petit geste Poutine n’aura plus qu’à tirer la chasse. ????
Détrompez vous, l’Occident s’effondrera que le problème ne sera pas résolu pour autant. Le problème est bien plus profond qu’on ne le croit il aura, simplement comme un virus, effectué sa mutation.
Bravo pour cette clairvoyance. J’irai même un peu plus loin : le virus n’aura pas muté, il va simplement changer d’hôte(s).
Cet article paraît être une bonne réponse aux élucubrations de l’Institut Montaigne. Merci.
La situation ressemble à celle des années 1912 “art déco” excepté le fait que les décideurs avaient les visages de Georges 5 et Guillaume 2, cousins ennemis, au lieu de l’anonymat des états profonds.
Nous avons vu que d’un côté les USA ne veulent pas donner ou vendre de ‘Patriot’ aux Polonais.
Nous voyons qu’ils fournissent un Patriot aux kiéviens.
Cela devrait vous interpeller.
Il est possible que ce soit le Pentagone qui est pris cette décision au final.
En effet, la première préoccupation légitime et démonstrative russe va être de dégommer et d’exploser cette unique batterie. 1 milliard réduit en poussière par 100 drones à 20 000E pièce ou par un missile hypervéloce.
Une fois le meurtre du Patriot accompli, nous entrevoyons les réactions dans le monde. Victoire russe, journalistes russophobes éberlués, généraux de plateaux muets, le monde entier prend conscience de la faiblesse de l’armée américaine, les néoconservateurs ruminent, le Pentagone se retrouve en position de force et les Républicains sont convaincus que l’argent dépensé pour les kiéviens mène au gouffre et au ridicule. Les opinions publiques des nations divisées européennes se retournent contre leurs dirigeants naufrageurs. L’OTAN explose, l’intelligente Meloni reçoit du gaz russe via un acheminement possible, les Berlinois descendent dans la rue, et Macron sourit aux caméras.
Le Pentagone va mettre trois mois à acheminer l’objet phallique vers Kiev, le comique troupier va craindre pour sa peau et passera Pâques avec BoJo sur l’Île britannique.
Le Patriot à Kiev offre une avenue majestueuse au nom de Poutine à Moscou. Merci le Pentagone.
A propos du FSB, il ne se passe pas une semaine sans compte-rendu victorieux d’interception d’une équipe de saboteurs. Aujourd’hui sur le fil Telegram de Boris Karpov on peut voir les photos des six cadavres de saboteurs liquidés (c’est cash, sans floutage). Il semble que le contre espionnage du FSB soit efficace.
Ce que l’auteur critique est son service action (à l’étranger). Effectivement, il y a peu d’info sur des accidents inexpliqués en Ukraine ou en Occident…
De même, en dix mois d’opération spéciale, aucune info sur d’éventuelles actions de spetsnaz de l’armée…